(BFM Bourse) - Le groupe français de recyclage des métaux est incapable de faire face à sa dette faute d'offres suffisantes sur les sites qu'il espérait vendre pour se renflouer. Recylex, créé à partir des actifs de Metaleurop subsistant après la liquidation en 2003 de la fonderie de Noyelles-Godault, demande l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire.
Etranglée par les procédures liées à son ancienne filiale Metaleurop Nord S.A.S. (celle-ci exploitait la fonderie de zinc de Noyelles-Godault près de Lens, dont la fermeture en 2003 avait laissé 830 personnes sur le carreau sans indemnités à la suite de son lâchage par Glencore), par une amende prononcée pour entente par les services de l'Union européenne, par une condamnation au profit de SNCF Réseau pour la remise en état du domaine public ferroviaire dans le secteur de l'Estaque, et par ses propres difficultés opérationnelles, Recylex a fait part vendredi de l'échec de ses démarches pour réaménager sa dette, amenant l'entreprise à se placer en redressement judiciaire.
En Bourse, le titre Recylex était déjà suspendu depuis la mise en place des procédures d’insolvabilité pour ses entités allemandes (déconsolidées entretemps) il y a près de deux ans. La société avait prévenu que ses capacités de génération de trésorerie n'étaient pas à la hauteur des échéances de sa dette financière et s'était mise en quête de repreneurs pour ses activités de recyclage des batteries au plomb-acide usagées et/ou du polypropylène, notamment, en précisant qu'au-delà des éventuelles cessions son avenir dépendrait de la volonté des créanciers à consentir des abandons de créance "significatifs" sur les dettes restantes. La direction ne cachait pas que la société devrait se déclarer en cessation de paiement faute d'accord substantiel.
Une dette bien supérieure aux prix des actifs
Désormais, Recylex ne peut que constater que les offres reçues dans le cadre du processus de cession d’actifs lancé en mai 2021 qu’elle ne disposera pas de ressources financières suffisantes pour permettre une restructuration amiable, et qu’il sera impossible de mettre en œuvre le programme de cession d’actifs envisagé dans un cadre "in bonis", c'est-à-dire que les actifs sont gagés pour un montant supérieur au prix qu'il serait possible d'en tirer actuellement.
En effet à ce stade la firme a reçu une offre valorisant les sites industriels d’Escaudoeuvres et de Villefranche-sur-Saône ainsi que les titres de la filiale C2P S.A.S à un montant inférieur à 2,5 millions d’euros, deux offres valorisant la participation de 50% dans Recytech à hauteur de 40 millions d’euros (cette participation étant nantie au profit de Glencore) et des offres valorisant le site arrêté de l’Estaque à un montant inférieur à 0,5 millions d’euros (avec la reprise des obligations de réhabilitation environnementales par l’acquéreur potentiel).
Ces montants sont à comparer avec un endettement net global de 52,2 millions d’euros auquel s’ajoutent des provisions pour risques et pour passifs environnementaux de 16,2 millions d’euros, soit un total de 68,4 millions d’euros. Au vu des diligences importantes entreprises pour la recherche de potentiels repreneurs, d'autres offres ne sont pas à attendre.
Le processus de cession d’actifs lancé à l'initiative de l'entreprise dans le cadre d’une procédure de prévention amiable a donc prix fin le 15 avril, sans qu’un plan de restructuration de la dette ait pu être agréé. De plus, une très grande partie de la dette deviendra également exigible après le 15 avril.
Perspectives d'un plan de redressement "incertaines"
Par conséquent en cessation des paiements, Recylex va solliciter l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire devant le Tribunal de Commerce de Paris.
La firme note que l'offre portant sur les deux sites industriels (y compris sa filiale C2P S.A.S. localisée sur le site de Villefranche-sur-Saône), émanant de la société anversoise Campine NV (majoritairement détenue par Hempel Legierungsmetall) pourrait permettre de maintenir les activités de ces sites et les emplois associés, mais que la levée des conditions suspensives reste incertaine. En effet, l'offre de Campine reste soumise à un accord avec les services de l’Etat français sur les montants des garanties financières que le repreneur devrait mettre en place en cas de reprise de l’exploitation sachant que les deux sites sont classés "Seveso".
Si le Tribunal fait droit à la demande d’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire, cette procédure permettra l’examen de l’offre reçue de la société Campine NV et l’étude d’une solution judiciaire de restructuration de la dette.
Cette offre étant la seule offre portant sur les sites industriels, Recylex sollicitera du Tribunal de Commerce de Paris qu'elle soit examinée selon les modalités du prépack cession impliquant, en particulier, un calendrier accéléré, afin de limiter les conséquences sur l’activité et les salariés.
"Le processus de cession d’actifs porté par la Société depuis mai 2021, en parallèle du processus de restructuration de sa dette, est ainsi remis entre les mains du Tribunal de Commerce de Paris. Dans l’hypothèse de l’ouverture d’un redressement judiciaire, il est cependant à noter que, compte tenu de l’importance des dettes et des autres passifs, et de la faible valeur des actifs ressortant des offres reçues, les perspectives d’adoption d’un plan de redressement, en parallèle de la prépack cession envisagée, demeurent incertaines", conclut la firme, héritière de la société minière et métallurgique de Peñarroya devenue Metaleurop en 1970 puis Recylex en 2007.
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