(BFM Bourse) - Malgré un premier semestre conforme aux attentes, Plastivaloire est sanctionné en Bourse après un abaissement de ses perspectives annuelles. En cause, le décalage de lancements de trois contrats majeurs pour sa division automobile.

Plastivaloire connaît un parcours boursier difficile en 2024. A la clôture de jeudi, l'équipementier automobile accusait un retard supérieur à 30%, les investisseurs ayant tourné le dos à un dossier assez endetté, ce qui est pénalisant dans un univers de taux élevés. Le manque de régularité de du groupe tourangeau dans ses communications au marché n'a pas non plus aidé à avoir les faveurs des investisseurs. Et ce n'est pas la publication du jour qui va enrayer cette tendance baissière.

A la Bourse de Paris, Plastivaloire chute actuellement de 17%, sanctionné après un abaissement de ses ambitions annuelles en raison du décalage de lancements de 3 contrats majeurs. Le titre accuse ainsi la plus forte baisse du marché parisien ce vendredi, et renoue avec des niveaux plus explorés depuis la fin de l'année 2013.

Cette révision à la baisse des perspectives intervient après des résultats semestriels globalement en ligne avec les attentes du marché. Le groupe a fait état d'un résultat brut d'exploitation (Ebitda), en recul de 2% à 32,7 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires déjà publié de 405 millions d'euros, en baisse de 3,1% en données comparables, au premier semestre de son exercice décalé 2023-2024.

Du retard dans 2 programmes

"L'activité s'est déroulée dans un environnement économique moins favorable pour la production automobile et industrielle, illustré par le retard pris dans le lancement de 2 nouveaux programmes, qui représente un manque de chiffre d'affaires de l'ordre de 4 millions d'euros sur le semestre", explique Plastivaloire dans son communiqué.

Pour TP ICAP Midcap, le plasturgiste et équipementier automobile a dévoilé une profitabilité "totalement en ligne" avec ses attentes qui étaient pour sa part logées à 32,6 millions d'euros.

En dépit d'une baisse de son activité, Plastivaloire est parvenu à faire progresser sa marge d'Ebitda à 8,1% à l'issue de son premier semestre de l’exercice 2023-2024, contre 7,9% un an plus tôt. Le plasturgiste explique avoir profité d'un détente sur le coût des matières premières et de renégociations tarifaires obtenues auprès de certains partenaires, ce qui a compensé la hausse des salaires.

Plastivaloire a aussi nettement réduit sa perte sur un an, la ramenant à 2 millions d'euros au premier semestre 2023-2024, contre 15 millions d'euros un an auparavant.

Le groupe a aussi généré un flux de trésorerie libre de 9,2 millions d'euros, "grâce à une bonne conversion de l’Ebitda et une maîtrise du besoin en fonds de roulement", précise le bureau d'études, ce qui a nettement participé au désendettement du groupe.

Un décalage qui pèse

Malgré ces résultats qualifiés de "solides" par Julien Thomas analyste chez TP ICAP Midcap, le groupe dit aborder le second semestre 2023-2024 "avec prudence". La direction de Plastivaloire cite le manque à gagner estimé à 30 millions d'euros sur le chiffre d'affaires, qui est lié au retard de lancement de quelques mois sur 3 programmes majeurs pour sa division automobile et "au climat économique morose qui a tendance à peser sur les cadences de production demandées par les clients".

Ainsi, le groupe a été contraint d'abaisser ses perspectives annuelles pourtant confirmées le mois dernier. Il table désormais sur un chiffre d'affaires aux alentours de 770 millions d'euros, alors qu'il visait des revenus "supérieurs à 800 millions d'euros" pour l'exercice 2023-2024 jusqu'à présent.

Le groupe anticipe aussi une dégradation de sa marge d'Ebitda, celle-ci étant attendue inférieure à celle de l'exercice 2022-2023, soit en dessous de 8,3%, là où le groupe attendait encore "une légère progression" sur un an.

Autre point qui glace le marché, Plastivaloire a indiqué qu'il pourrait solliciter le cas échéant un "waiver", c'est-à-dire un aménagement de ses engagements en matière de taux d'endettement envers ses banques. Le groupe est tenu de respecter un niveau d'Ebitda de 60 millions d'euros en 2023-2024.

Selon TP ICAP Midcap, ce cas de figure se présenterait si "le groupe enregistrait une marge d'Ebitda inférieure à 7,7%, ce qui impliquerait selon le bureau d'études, "une marge incrémentale supérieure 24% liée à ces 3 contrats retardés", un niveau qui lui semble "très élevé et qui impliquerait que le groupe envisage de subir d’autres vents contraires au niveau de sa profitabilité".

Des prises de commandes en baisse

Enfin, le groupe a enregistré un net recul de ses prises de commandes à 410,3 millions d'euros contre 535,5 millions d'euros un an auparavant. Plastivaloire attribue ce repli "au faible volume de commandes reçu pour un constructeur automobile français majeur" qui était de 10,9 millions d'euros contre 138,6 millions d'euros au premier semestre 2022-2023.

"Il s'agit d'un niveau correct dans l'absolu mais qui souffre de la comparaison avec l'exercice précédent qui fut excellent" relève TP ICAP Midcap qui prévoit de modifier ses attentes après avoir revu la présente publication avec la direction de Plastivaloire.

"Une dégradation de nos attentes conduirait à faire rerater (redonner du potentiel au titre, NDLR) le titre qui se traite déjà au niveau de sa moyenne 1 an et n’est donc pas particulièrement donné en relatif", avance Julien Thomas qui reste néanmoins acheteur du dossier avec un objectif de 3,6 euros. Ce qui accorde un potentiel de hausse de 63,6% par rapport au cours actuel.