(BFM Bourse) - Le baril de Brent revient au-dessus des 50 dollars en réaction à une explosion d'origine indéterminée ayant touché un pétrolier au large de la ville saoudienne de Jeddah. Celle-ci s'inscrit vraisemblablement dans le cadre d'une série d'attaques menées par les rebelles yéménites Houthis.
Une explosion d'origine indéterminée a touché un pétrolier au large de la ville saoudienne de Jeddah lundi, a indiqué l'armateur singapourien du navire, dans ce qui semble être l'une des dernières attaques en date contre les infrastructures énergétiques du royaume. Pour rappel, l'une d'entre elles contre un site de production de Saudi Aramco (paralysant 50% de la production du pays) avait provoqué une flambée historique des cours pétroliers en septembre 2019, ceux-ci ayant décollé de plus de 10% en une séance. Ces derniers mois, les rebelles Houthis au Yémen voisin ont intensifié les attaques contre l'Arabie saoudite en représailles à la campagne militaire que mène ce pays en soutien au gouvernement yéménite.
Le pétrolier "BW Rhine a été touché par une source extérieure pendant qu'il déchargeait à Jeddah", dans l'ouest du royaume, a indiqué l'armateur singapourien Hafnia dans un communiqué. Il n'a pas explicité ce qu'est cette "source extérieure". "L'équipage a maîtrisé l'incendie avec l'aide de pompiers et aucun des 22 marins n'a été blessé", selon la même source.
Les autorités saoudiennes n'ont pas confirmé dans l'immédiat l'explosion au large de Jeddah, port clé sur la mer Rouge et centre de distribution pour le géant pétrolier saoudien Aramco. Hafnia a rapporté des "dommages à la coque" liés à l'explosion survenue avant l'aube, et n'a pas écarté la possibilité d'une fuite de pétrole. "Il est possible que du pétrole se soit échappé du bateau, mais cela n'a pas encore été confirmé", a précisé l'armateur dans un communiqué.
Dryad Global, une société de surveillance des mers basée à Londres, a fait état de l'explosion frappant un pétrolier "au principal point de mouillage" du port, mais a identifié un pétrolier dominicain ou un navire saoudien comme cibles possibles. "Nous avons identifié le navire en nous basant sur les coordonnées indiquées. Il s'agit d'un navire-citerne de ravitaillement qui alimente d'autres navires" avaient également indiqué dans un premier temps les spécialistes de Tanker Trackers, qui suivent les expéditions et le stockage de brut à travers le monde grâce à l'imagerie satellite. "Il s'avère que les coordonnées déclarées étaient trompeuses (...) Le navire qui aurait maintenant explosé est un pétrolier Panamax" ont-ils rectifié plusieurs heures plus tard.
Le Bureau des opérations commerciales maritimes du Royaume-Uni (UKMTO) a dit avoir eu connaissance de l'explosion et a pressé les navires présents dans la zone de faire preuve d'une "extrême vigilance".
Série d'attaques
Plusieurs attaques visant des sites énergétiques saoudiens ont récemment été rapportées, soulignant la vulnérabilité de l'infrastructure pétrolière du royaume. Le mois dernier, les rebelles yéménites Houthis ont affirmé avoir frappé d'un missile une usine exploitée par Aramco à Jeddah. Aramco a alors indiqué que la frappe avait percé un réservoir de pétrole, déclenchant une explosion et un incendie.Quelques jours plus tard, une explosion a touché un pétrolier battant pavillon maltais au port saoudien d'Al-Shuqaiq (sud), une attaque attribuée par l'Arabie saoudite aux Houthis. Les deux attaques n'ont pas fait de victime. L'Arabie saoudite a été visée par des dizaines d'attaques de missiles balistiques et de drones lancées par les Houthis depuis début 2019 mais affirme avoir intercepté la plupart d'entre eux.
Premier exportateur de brut au monde, le royaume est à la tête d'une coalition militaire depuis 2015 pour soutenir le gouvernement du Yémen en guerre contre les rebelles, soutenus par l'Iran, principal rival du royaume saoudien. Les Houthis ont pris la capitale Sanaa en 2014 et contrôlent désormais une grande partie du nord du Yémen. Ryad a accusé à plusieurs reprises Téhéran de fournir des armes sophistiquées aux Houthis, ce que l'Iran nie.
La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts, en majorité des civils, selon des ONG et a provoqué d'après les Nations unies la pire crise humanitaire en cours dans le monde.
Les cours au plus haut depuis 9 mois
Après avoir franchi le seuil des 50 dollars au cours de la semaine écoulée pour la première fois depuis début mars dernier, porté par l'espoir né des premières campagnes de vaccination, le baril de Brent se renchérit encore en réaction à l'annonce de cette "explosion". À 10h10, la référence européenne de brut prend ainsi 1,06% à 50,50 dollars, après avoir atteint 50,75 dollars peu après 9h. Dans le même temps, le baril de WTI texan s'échange à 47,05 dollars, en hausse de 1,03% par rapport à la clôture de vendredi.(avec AFP)