(BFM Bourse) - Après une brève accalmie, les cours pétroliers repartent violemment à la hausse alors que l'administration Biden s'apprête à annoncer un embargo sur le pétrole russe, selon des informations de Bloomberg. Le Royaume-Uni devrait en faire de même.
Si l'Union européenne exclut toujours, à ce stade, de se passer du pétrole et du gaz russe, importations d’énergie fossile qualifiées lundi par le chancelier allemand Olaf Scholz d'essentielles pour la vie quotidienne des citoyens en Europe, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, moins dépendants, seraient eux sur le point d'annoncer un embargo.
Ces informations, relayées par l'agence économique et financière Bloomberg, font de nouveau trembler les marchés pétroliers mondiaux ce mercredi. Peu après 16h, le baril de Brent décolle de 7,6% à 132,5 dollars quand la référence nord-américaine, le WTI, s'échange à 128,6 dollars le baril, en hausse de 7,8% par rapport à la veille. En légère progression dans la matinée, ces deux références ont largement accru les gains en réaction aux rumeurs d'embargo de la part des américains et des britanniques.
Rompant pour la première fois l'unité du front occidental en matière de sanctions contre la Russie, Joe Biden doit annoncer mardi une interdiction des importations aux Etats-Unis de pétrole et de gaz russe. Le président américain, qui subissait une intense pression politique pour prendre cette décision, a bousculé son agenda et s'exprimera à 16h45 (heure de Paris) pour "annoncer des actions visant à sanctionner la Russie pour sa guerre injustifiée et non provoquée" contre l'Ukraine, a fait savoir la Maison-Blanche. Ce sera, selon plusieurs médias américains dont Bloomberg, pour annoncer une interdiction des importations d'hydrocarbures russes.
Cruciaux pour l'économie européenne (40% des besoins en gaz naturel et 30% environ de ses besoins en pétrole), les approvisionnements russes en hydrocarbures ne pèsent en revanche que 8% des importations américaines de brut et produits pétroliers. Les Etats-Unis n'importent par ailleurs aucun gaz en provenance de la Russie. "Les inquiétudes sur une telle annonce font monter les prix", commente Fiona Cincotta, analyste chez City Index, qui souligne que cela "alimente les craintes sur l'inflation". Deuxième exportateur mondial, "la Russie n'est pas un producteur dont les extractions peuvent être aisément compensées par d'autres", souligne Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.
La plupart des acheteurs évitaient toutefois déjà autant que possible de se fournir en pétrole russe: "Tous ont en mémoire les sanctions subies par les entreprises européennes qui avaient commercé avec l'Iran alors que ce pays était soumis à des sanctions", explique Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI Asset Management. Parmi les géants pétroliers, seul Shell s'est risqué à acheter du pétrole russe la semaine dernière... avant d'annoncer regretter cette décision ce lundi, ajoutant qu'on ne l'y reprendrait plus. Le "supermajor" britannico-néerlandais a depuis annoncé son retrait du pétrole et du gaz russes, ainsi que la fermeture de ses stations services et l'arrêt de ses activités de carburants pour l'aviation et lubrifiants en Russie.
Toujours selon des informations de presse, le Royaume-Uni devrait emboîter le pas des Etats-Unis et également prononcer un embargo sur les hydrocarbures russes ce mardi.
Du côté de Bruxelles, l'Union européenne a pour sa part présenté ce mardi des solutions pour amortir l'impact de la flambée actuelle des prix de l'énergie et réduire de deux-tiers les importations de gaz russe de l'UE dès cette année - avant un sommet jeudi et vendredi, où les Vingt-Sept qui se réuniront à Versailles, devraient s'engager à "sortir" de la dépendance aux hydrocarbures russes.