(BFM Bourse) - La Russie étant le 2e exportateur mondial d'or noir, l'explosivité de la situation en Ukraine suscite des craintes quant à de possibles perturbations d'approvisionnement, dans un marché déjà structurellement déficitaire. Plus rien ne semble désormais pouvoir empêcher le baril de brut d'atteindre les 100 dollars.
Tendanciellement haussiers depuis bientôt deux ans, les cours des principales références mondiales d'or noir ont -encore- atteint de nouveaux sommets depuis 2014 ce mardi matin, après la décision de Vladimir Poutine de proclamer unilatéralement l'indépendance des territoires séparatistes ukrainiens. Le baril de Brent pour livraison en mai, qui a dépassé les 96 dollars dans la matinée, s'échange à 94,5 dollars vers 14h45, en hausse de 1,6% par rapport à la veille. La même référence, pour livraison en avril, a même grimpé jusqu'à 99,5 dollars dans les échanges asiatiques. Le baril de WTI pour livraison en avril prend lui 3% à 92,9 dollars.
"L'intensification de la crise entre la Russie et l'Ukraine suscite des inquiétudes quant aux perturbations de l'approvisionnement qui en découleraient, car les sanctions risquent de paralyser la Russie", deuxième exportateur mondial de pétrole et premier exportateur mondial de gaz naturel, commente Victoria Scholar, analyste pour Interactive Investor. "Il s'agit de la pire escalade depuis la guerre froide", estime Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.
À quoi faut-il dès lors s'attendre pour les mois à venir? "À moins que les États-Unis et l'Europe ne jettent l'Ukraine sous le bus politique et n'apaisent complètement Poutine, il semble inévitable que le baril de Brent atteigne 100 dollars tôt ou tard" avance Jeffrey Halley, analyste senior chez Oanda. "En cas d'invasion russe à grande échelle, il devrait atteindre au moins 130 dollars, entraînant le WTI avec lui" ajoute-t-il.
Et il sera "difficile", selon lui, "de voir le Brent repasser sous la barre des 90 dollars le baril, l'Opep+ étant limitée dans sa capacité à pomper davantage" rappelle-t-il. "Non seulement les tensions géopolitiques soutiennent la tendance haussière, mais les fondamentaux d'une demande forte post-pandémie couplée à une offre contrainte" sont en effet structurellement constructifs pour les cours, corrobore Victoria Scholar.
Alors que la demande mondiale d'or noir est vivement repartie depuis des mois et devrait atteindre, en 2022, un nouveau pic historique supérieur à 2019, l'offre peine toujours à suivre la cadence, de nombreux producteurs (Venezuela, Kazakhstan, Libye ou Irak) subissant actuellement des perturbations d'approvisionnements. Même les deux poids lourds de l'alliance élargie baptisée Opep+ que sont l'Arabie Saoudite et la Russie ne parviennent pas à atteindre leurs quotas de production prévus dans le cadre de l'accord conclu en juillet dernier.