(BFM Bourse) - Après avoir obtenu temporairement le titre de première capitalisation boursière, le spécialiste des processeurs graphiques a accusé trois séances de net repli, perdant près de 13% et effaçant 430 milliards de dollars de capitalisation. Les analystes estiment qu'il s'agit d'une respiration de marché logique, compte tenu de la vitesse de la progression de l'action.

Au vu de l'ascension boursière fulgurante qu'a connue Nvidia, des prises de bénéfices, potentiellement violentes, n'étaient pas à exclure. C'est ce qui se produit depuis maintenant trois séances. Peu après avoir obtenu la couronne de première capitalisation mondiale, mardi dernier, Nvidia a reculé de 3,6% jeudi, 3,2% vendredi et surtout 6,7% lundi. Dans les échanges de préouverture de ce mardi, l'action prend 2,2%.

Au total, sur les trois dernières séances cumulées, le spécialiste des processeurs graphiques dont les résultats et l'activité ont été dopés par l'essor de l'intelligence artificielle (IA) générative a effacé 430 milliards de dollars de capitalisation boursière (la valeur de la totalité des actions), selon Bloomberg. Il s'agit de la plus forte baisse de l'histoire en valeur sur trois séances pour une société cotée.

Selon companiesmarketcap.com, Nvidia est redescendue à la troisième place des plus importantes capitalisations boursières (2.905 milliards de dollars) devancé par Apple (3.191 milliards) et Microsoft (3.327 milliards).

La baisse récente de l'action n'est a priori pas due à une annonce particulière. Le Financial Times remarque que le repli s'est produit à la suite de l'annonce de la vente par Jensen Huang, cofondateur et directeur général de l'entreprise, d'environ 95 millions de dollars d'actions.

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Une "pause"?

Mais ces ventes d'actions par les dirigeants de la société interviennent régulièrement et la chute de l'action semble plutôt traduire un mouvement de marché plus technique. Rappelons que le titre reste en hausse de près de 140% depuis le début de l'année. Et l'action est montée très vite.

Deutsche Bank remarquait lundi, dans une infographie, qu'il n'avait fallu que 30 jours à Nvidia pour passer d'une capitalisation boursière de 2.000 milliards à 3.000 milliards de dollars. En comparaison, Berkshire Hathaway, société d'investissement de Warren Buffett qui a plus de cent années d'histoire, n'a toujours pas atteint les 1.000 milliards de dollars, alors qu'il s'agit d'une des entreprises les plus importantes en Bourse au monde.

La récente chute de Nvidia marque-t-elle une respiration après ce parcours boursier époustouflant ou un changement plus large de paradigme?

Les spécialistes de marché pointent clairement vers la première hypothèse. Les analystes de Deutsche Bank évoquent une "pause" du marché après un positionnement prononcé sur l'IA et la tech américaine qui a conduit à "certains signes d'exubérance", et ce avant la période de "black out" des entreprises américaines. Cette période se situe avant la publication des résultats et durant ce laps de temps, les sociétés ne communiquent plus d'informations sensibles au marché. Elles n'effectuent pas non plus de rachats d'actions.

"À court terme, il est plausible que les investisseurs commencent à souffrir de la fatigue de l'IA ou qu'ils s'inquiètent plus généralement de la concentration des indices", a, de son coté, déclaré à Bloomberg Neville Javeri, gestionnaire de portefeuille et responsable de l'équipe Empiric LT Equity chez Allspring Global Investments.

Un processus "naturel"

Nvidia, Apple et Microsoft pèsent à eux trois pas loin de 20% du S&P 500 remarquait la semaine dernière, John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud. Comme nous l'avons écrit dans un précédent article, cette concentration n'est pas forcément un mal en soi. Mais elle peut faire sourciller certains investisseurs.

Interrogé par CNBC, Dan Chung, directeur général de la société de gestion Alger, estime que la correction essuyée par Nvidia relève "d'un processus entièrement naturel", qui survient sur les actions montant fortement.

Le spécialiste souligne que l'action a, par le passé, connue déjà plusieurs corrections et que d'autres sont probablement à venir. Ce qui n'enlève pas l'attrait d'un titre pas si cher en termes de multiples boursiers, puisque ses perspectives de bénéfices se sont largement améliorées. Et que l'entreprise possède une importante "domination" dans son secteur, argumente-t-il. "Vous ne pouvez pas faire d'IA sans Nvidia à l'instant présent", conclut Dan Chung.