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Marché : Un marché américain concentré sur une poignée de valeurs, est-ce si inquiétant?

samedi 20 avril 2024 à 07h00
Le marché américain a connu historiquement plusieurs phases d'hyperconcentration

(BFM Bourse) - Selon une récente analyse de Goldman Sachs, les dix plus importantes valeurs du S&P 500 concentraient 33% de la capitalisation totale de l'indice. Mais la banque américaine nuance les risques associés à cette concentration.

Ce n'est pas un phénomène nouveau, mais il s'est amplifié ces derniers mois. Le marché américain dépend en grande partie d'une poignée de valeurs, notamment des "Sept magnifiques".

Pour rappel, ce terme renvoie à sept groupes, à savoir Alphabet, Tesla, Apple, Microsoft, Meta, Amazon et Nvidia, des "big techs" qui ont porté à elles seules ou presque la hausse du S&P 500 l'an passé.

"L’engouement autour des Sept magnifiques se justifie par l‘adoption rapide de l’intelligence artificielle, améliorant la productivité dans la plupart des secteurs de l’économie américaine. Cela a naturellement soutenu les actions technologiques, dont le fabricant de semiconducteurs Nvidia, l’équivalent moderne d’un vendeur de pelles de l’époque de la ruée vers l’or", expliquait en février Ostrum Asset Management.

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Des précédentes périodes de concentration historique

Même si Apple (-14%*) et Tesla (-40%) souffrent depuis le début de l'année, les bonnes performances des autres groupes de ce club font que le phénomène de concentration du S&P 500 ne s'est guère atténué.

Selon une récente étude de Goldman Sachs, publiée fin mars, les 10 plus importantes actions du S&P 500 pesaient pour un tiers (33%) de la capitalisation boursière de l'ensemble de l'indice américain, un pourcentage supérieur à celui de la bulle internet des années 2000 (27% au pic). Autre chiffre: les dix plus importantes capitalisations du S&P 500 ont représenté le tiers de la création de valeur générée par l'indice américain (16% par an en moyenne sur les cinq dernières années).

Pour autant cette concentration doit-elle inquiéter les investisseurs? "Les excès de valorisation des Sept magnifiques pourraient être source d’instabilité financière", jugeait en février Ostrum Asset Management.

Goldman Sachs de son côté relativise grandement ce risque et se montre même plutôt rassurante. En combinant les données de ses analystes avec une étude d'enseignants de l'Université de Chicago, Eugene Fama et Kenneth French, la banque remarque que sept épisodes historiques d'hyper concentration sur dix valeurs depuis les années 20 ont marqué l'histoire du S&P 500.

Des locomotives pas si chères en Bourse

Sur cette base, ses analystes ont observé qu'une forte concentration des indices n'est pas synonyme d'un signal baissier à venir sur les marchés. "Le S&P 500 a augmenté plus souvent qu'il n'a baissé au cours des douze mois qui ont suivi les épisodes passés de concentration maximale", écrit la banque.

"Dans la plupart de ces périodes, les actions ont continué à se redresser après avoir atteint un pic de concentration. Les épisodes les plus récents, en 2009 et 2020, ont coïncidé avec une nette amélioration des perspectives macroéconomiques. En 1932, le pic de concentration a marqué le creux d'une récession économique majeure, et le S&P 500 a fortement progressé dans les mois qui ont suivi", développe-t-elle.

Il faut toutefois noter qu'en 1973 et 2000 le pic de concentration avait été suivi par la fin d'un marché haussier, avec une récession l'année suivante. Mais en 1964, a contrario, le S&P 500 avait continué de monter et l'économie américaine s'était bien comportée sur une période prolongée alors même que la concentration de l'indice sur quelques valeurs s'estompait.

Par ailleurs, Goldman Sachs nuance également la "survalorisation" des dix plus grandes valeurs du S&P 500. Sur la base des bénéfices attendus, la valorisation de ces dix actions extériorise une prime de 35% à fin mars par rapport aux quelque 490 autres valeurs, contre 80% au milieu de 2023 et surtout 100% durant les années 2000.

"S'il est vrai que le degré de concentration de la capitalisation boursière est plus élevé aujourd'hui que le pic atteint en 2000, les valeurs les plus importantes affichent des multiples beaucoup plus faibles que pendant la bulle technologique", développe Goldman Sachs.

Des marchés européens moins concentrées

Rappelons par prudence que les performances passées ne présagent pas de celles à venir. Mais l'étude de Goldman Sachs a le mérite de recontextualiser les phénomènes d'hyperconcentration.

Dans BFM Bourse la semaine dernière, Pierre Barral de Natixis IM, avait également relativisé le caractère exceptionnel et les dangers liés à cette concentration très prononcée du marché américain.

"Cela fait beaucoup de bruit" mais "ce phénomène n'est pas exceptionnel", jugeait-il. "Selon une étude américaine, sur les trente années allant de 1990 à 2020, sur les 64.000 valeurs analysées, cinq ont créé 10% de la valeur", exposait-il. "La vraie question n'est pas de savoir s'il est dangereux d'être investi sur six-sept valeurs via le S&P 500 (par exemple via des fonds indiciels, des ETF, NDLR) mais si ces quelques valeurs ne sont pas sur-représentées pour de mauvaises raisons", poursuivait-il.

L'expert de marché considérait que cette concentration était justifiée. "Les entreprises ne sont pas valorisées sur des niveaux fous", considérait-il, citant l'exemple de Nvidia qui évolue, selon lui, sur un multiple de valorisation inférieur à celui de 2021. "Les prix sont extraordinaires mais c'est parce que les business model délivrent avec des résultats exceptionnels également", concluait-il.

Soulignons qu'en Europe, si le phénomène de concentration peut exister, il s'avère bien moindre qu'aux Etats-Unis. UBS notait récemment que si les "Sept magnifiques" pèsent pour 25% de la capitalisation boursière du S&P 500, pour arriver un tel pourcentage sur le Stoxx Europe 600 il fallait compter pas moins de….18 valeurs. Et dans des secteurs diversifiés (pharmacie, luxe, tech, industriel, agroalimentaire, semi-conducteurs, banques, pétrole…) alors que le S&P 500 reste concentré sur la tech.

*Les cours ont été arrêtés après la clôture européenne, vendredi soir.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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