(BFM Bourse) - Le célèbre fabricant de processeurs graphiques a dévoilé son nouveau produit lundi lors de sa conférence des développeurs. L'évènement était probablement trop attendu pour satisfaire pleinement le marché.
Star de la cote américaine, Nvidia est tellement devenue "LA" grande valeur de Wall Street que ses conférences constituent désormais un évènement à part entière pour le marché, comme les "keynote" d'Apple par le passé.
Le groupe a tenu lundi sa conférence des développeurs à San José, en Californie. L'analyste de Wedbush en charge de la tech, Dan Ives, avait même qualifié ce rendez-vous de "Woodstock de l'intelligence artificielle (IA)". "Pour Nvidia et Jensen (Huang, le directeur général du groupe, NDLR) tous les regards seront tournés vers les détails et le prix de la nouvelle puce et architecture Blackwell B100 AI, car cela représente un autre moment pionnier pour l'industrie de l'IA à l'avenir", prévenait-il.
Nvidia a, en effet, levé le voile lundi sur ce nouveau processeur graphique (GPU). Ce GPU fondé sur l'architecture Blackwell présente des caractéristiques supérieures au H100, le produit phare du groupe sorti en 2022.
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Plus gros, plus puissant
Nommé en hommage à David Blackwell, premier universitaire à être entré à l'Académie des sciences et spécialiste de la théorie des jeux et des statistiques, le processeur graphique serait, selon Jensen Huang cité par le Financial Times, deux fois plus puissant pour entraîner les modèles d'IA générative. Il serait également cinq fois plus performant dans l'"inférence", c'est-à-dire la vitesse à laquelle les modèles d'IA tels que ChatGPT peuvent répondre à des requêtes, poursuit le "FT". Ce GPU combine par ailleurs 208 milliards de transistors contre 80 milliards pour le H100, selon le quotidien britannique.
En clair, Blackwell donne beaucoup plus de puissance de calcul, ce qui est indispensable pour développer les grands modèles de langage avancé (LLM), socles de l'IA générative. Blackwell servira de base à la création de la "superpuce GB200" de Nvidia qui combinera deux GPU Blackwell avec l'unité centrale "Grace" de la société.
"Nous avons besoin de GPU plus grand", a déclaré Jensen Huang lors de cette conférence. Ce de sorte à pouvoir faire face à une demande qui explose tout comme à la nécessité de comprimer les coûts.
Point important: selon l'Agence France Presse, Nvidia affirme que cette "superpuce" serait 25 fois plus performante en termes d'efficacité énergétique. Ce qui s'avère un impératif pour que Nvidia renforce un leadership qui finira par être contesté par ses rivaux, comme AMD, ou par les Gafam eux-mêmes.
"Il y a un enjeu important en termes du prix des GPU et de leur consommation d'électricité, il faut changer de paradigme à terme", prévenait en février dans BFM Bourse Jean-Edwin Rhea, fund manager chez Quadrille Capital. Un GPU H-100 de Nvidia coûte actuellement 40.000 dollars l'unité et ChatGPT en a besoin de 10.000, "ce qui fait cher" ajoutait le spécialiste.
Il est donc important pour Nvidia de s'attaquer aux enjeux de prix et d'énergie, d'autant que sa clientèle reste très concentrée. "Nvidia vend des puces à une dizaine de clients qui sont les méga sociétés tech mondiales. Cela n'est pas pareil qu'Apple qui vend à des milliards d'individus ou les autres Gafam qui ont énormément d'utilisateurs finaux", ajoutait Jean-Edwin Rhea.
Le plafond de verre atteint en Bourse?
In fine la présentation de Nvidia n'a guère ému le marché. Au contraire. L'action Nvidia a gagné à peine 0,7% lundi et abandonne 3% ce mardi en début de séance à Wall Street.
Au vu de l'attente suscitée par l'évènement et du parcours boursier de Nvidia (l'action prend 78% depuis le début de l'année), les prises de profits paraissaient inévitables. En considérant ces deux éléments, "Il était donc difficile d'impressionner les investisseurs par les détails de la présentation", écrit Bloomberg.
De son côté, Daniel Newman, directeur général de The Futurum Group, une société de conseil, a déclaré au Financial Times que la réaction du marché pouvait indiquer que la frénésie autour de Nvidia "a atteint son apogée".
"Le marché est très tourné vers l'avenir. Il voit déjà la part de marché massive, la position dominante avec les hyperscalers (les poids lourds du cloud, comme Azure ou Amazon Web Services, NDLR), la véritable avance qu'il a sur le marché grâce au [logiciel] Cuda" de Nvidia, ajoute-t-il.
La poursuite du rallye boursier de Nvidia dépendra surtout de sa capacité à soutenir sa croissance effrénée. Pour le premier trimestre de son exercice en cours, la société anticipe des revenus de 24 milliards de dollars, ce qui extérioriserait une croissance de 233% par rapport à la même période du précédent exercice.
Bank of America a néanmoins réitéré son conseil à l'achat sur l'action ce mardi, notant que les annonces se sont avérées "en ligne avec les attentes".
"Avec Blackwell, Nvidia devrait non seulement consolider son avance dans le domaine de l'entrainement des LLM, mais aussi faire un grand pas en avant dans l'inférence de l'IA", explique la banque américaine.
"Plus précisément, Blackwell est capable d'un entraînement quatre fois plus rapide que H100, et d'une inférence jusqu'à 30 fois plus rapide grâce à son nouveau moteur de transformation de deuxième génération", ajoute l'établissement.
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