(BFM Bourse) - L'équipementier sportif américain a livré des résultats supérieurs aux attentes au titre du troisième trimestre de son exercice 2023-2024. Mais en raison d'un renouvellement de sa gamme, la société s'attend à voir ses revenus reculer sur le premier semestre du prochain exercice.
Nike a remporté une importante et étonnante victoire cette semaine. La fédération allemande de football a mis fin à un contrat de 77 ans avec le grand rival du groupe américain, l'allemand Adidas. Ce qui n'est pas sans provoquer une petite onde de choc outre-Rhin. Le ministre de l'Economie et du Climat, Robert Habeck, s'en est même ému. "Je ne peux tout simplement pas imaginer le maillot allemand sans les trois bandes (le logo Adidas)" a-t-il déclaré. "C'est une partie de l'identité allemande. J'aurais souhaité un peu plus de patriotisme local", a ajouté le ministre.
Une belle prise de guerre pour Nike qui peut s'en féliciter. C'est bien moins le cas pour la communication de ses résultats financiers, publiés jeudi soir après la clôture du marché. L'action chute de 6,4% dans les échanges de préouverture.
En réalité, les résultats financiers sont ressortis supérieurs aux attentes. Au troisième trimestre de l'exercice 2023-2024 du groupe, qui sera clos en mai prochain, Nike a dégagé des revenus de 12,43 milliards de dollars, quasi-stable tant en données publiées qu'en excluant les effets de changes. Selon un consensus VA cité par Bank of America, les analystes tablaient sur des revenus de seulement 12,27 milliards de dollars.
La marque Nike a été soutenue par des revenus en croissance en Amérique du Nord et en Chine, ce qui a été compensé par un repli dans la région "Europe Moyen-Orient Afrique" où les ventes de baskets ont baissé de 3% et celles de vêtements de 9%.
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Baisse de chiffre d'affaires prévue
Le bénéfice brut du groupe a progressé de 4% à 5,56 milliards de dollars, tandis que la marge correspondante, indicateur suivi du marché pour les équipementiers sportifs, a nettement progressé, s'établissant à 44,8% contre 43,3% pour la même période de 2022-2023.
Le bénéfice par action, le grand baromètre regardé par les investisseurs à Wall Street, s'est établi à 77 cents, soit davantage que les 73 cents du consensus VA.
Mais ce sont les perspectives qui ont grippé le marché. Pas tant celle pour l'exercice en cours. Nike a confirmé tabler sur des revenus en hausse d'environ 1% et a par ailleurs indiqué tabler sur une amélioration de sa marge brute de 120 points de base, soit 1,2 point de pourcentage.
C'est surtout pour la suite que les choses se compliquent. Le directeur financier, Matt Friend, a souhaité donner de la visibilité sur l'exercice 2024-2025, indiquant que la société prévoyait d'accroître ses revenus tout en améliorant sa marge opérationnelle, hors charges de restructuration.
"Cependant, nous prévoyons prudemment que le chiffre d'affaires du premier semestre de l'année fiscale (2024-2025, donc) sera en baisse "low single digits", c’est-à-dire entre 1% et 4%, a-t-il complété.
A la traîne dans le running
Ce qui s'explique par des rotations d'articles, avec le retrait d'ancien produits pour laisser place à de nouveaux. La prévision "reflète les vents contraires à court terme liés à la gestion du cycle de vie des produits clés, qui font plus que compenser la montée en puissance des nouveaux produits, alors que notre portefeuille de produits s'oriente vers la nouveauté et l'innovation", a expliqué le dirigeant. "Cela continue également de refléter les perspectives macroéconomiques modérées dans le monde entier", a-t-il ajouté.
Le directeur financier a expliqué que la société réduisait la voilure sur certaines franchises. "Compte tenu de la manière dont les consommateurs réagissent à nos nouveaux produits, même dans un environnement plus promotionnel, nous avons décidé d'accélérer nos actions". Par exemple, Nike diminue l'offre sur certains produits classiques, tels que la basket "Air Force 1". "Et nous réduisons l'offre de Pegasus avant le lancement d'une nouvelle innovation, la Pegasus 41", a poursuivi Matt Friend.
L'idée est également que la société puisse compresser ses coûts alors que la société a annoncé en décembre un plan d'économies de 2 milliards de dollars, qui doit notamment passer par la réduction de son offre sur les produits les moins performants.
Selon Reuters, la société perd actuellement du terrain dans le running, soit les chaussures de courses, ce qui expliquerait pourquoi la société sabre sa gamme dans ce domaine avec les anciens modèles Pegasus. Toujours selon l'agence, le directeur général de la société, John Donahoe, a promis aux investisseurs que le groupe lancerait cette année de nouvelles sneakers dans le running, notamment "pour les coureurs de tous les jours".
Pour le marché, ces annonces constituent une douche froide. Bloomberg explique que le consensus tablait sur deux trimestres de croissance pour le premier semestre 2024-2025, à raison de 4% pour le premier et de 6% pour le second.
Poom Goyal, analyste chez Bloomberg Intelligence, estime que la communication livrée par la société a de quoi "faire froncer les sourcils", quand bien même l'innovation produit sera bonne pour le groupe à long terme. Stifel évoque tout simplement une perspective "décevante".
La banque souligne toutefois que les annonces de Nike traduisent avant tout des difficultés spécifiques à la société américaine. Ce qui signifie que le marché ne devrait pas effectuer une lecture croisée trop négative de ces annonces pour Puma et Adidas.
A la Bourse de Francfort, les deux rivaux allemands de Nike cèdent toutefois du terrain. Puma perd 1,4% et Adidas 0,6%.
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