(BFM Bourse) - Le titre du groupe au bibendum accuse la plus forte baisse du CAC 40 ce jeudi 9 octobre après avoir tenu une conférence téléphonique préliminaire à sa publication du troisième trimestre. Selon Bernstein, les revenus sont partis pour reculer davantage que ne l'attend le marché.
Ce sont des rendez-vous peu connus du grand public mais qui peuvent avoir un impact sensible en Bourse: les "pre-close call". Ces petites conférences téléphoniques sont organisées par les sociétés avec les analystes juste avant la "quiet period" de plusieurs semaines.
Pour rappel, cette "quiet period" précède une publication de résultats et, pendant ce laps de temps, les sociétés s'abstiennent de donner des indications au marché.
Lors des "pre-close call", les entreprises cotées livrent ainsi les dernières grandes tendances et orientations aux analystes. Ces informations de dernière minute peuvent entraîner d'importantes réactions de marché.
Cela arrive assez souvent chez Michelin. Déjà en juillet 2024, l'action avait souffert, après un "pré-call" au cours duquel la société avait livré des indications négatives sur ses volumes.
Rebelote ce jeudi 9 octobre. Le pneumaticien abandonne 4,9% à la Bourse de Paris, accusant de loin la plus forte baisse du CAC 40, après avoir tenu une conférence téléphonique préliminaire à la publication des ventes du troisième trimestre (programmée le 22 octobre prochain).
L'ensemble des indications données par la société à cette occasion ont été a priori décevantes, selon une note de Bernstein.
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Repli du chiffre d'affaires
"Globalement, le commentaire indique des ventes inférieures d'environ 4% au consensus actuel, pénalisées par les marchés des constructeurs automobiles et un faible marché du remplacement chez les consommateurs", résume l'intermédiaire financier.
Dans le détail, Bernstein explique que la société s'attend à un repli des volumes "mid-single digits" (entre 4 et 6% grosso modo) au troisième trimestre, quand le consensus (la prévision moyenne des analystes) anticipait une baisse de seulement 0,9%.
Les volumes de production chez les constructeurs ont été stables tandis que le marché du replacement a ralenti par rapport au premier semestre. Des importations avaient été effectuées en anticipation de l'instauration des droits de douane, au premier semestre, et Michelin subit le contrecoup de cette tendance.
Dans les pneus de "spécialités" (tracteurs, véhicules de construction, véhicules miniers), "l'agriculture et la construction restent déprimées, mais les secteurs minier et aéronautique ont été solides", écrit Bernstein.
Au-delà des volumes, la société s'attend à un effet "prix-mix" (l'impact cumulé des variations de prix et de l'orientation vers des pays et des produits plus chers) positif mais inférieur à celui du deuxième trimestre (+3,2% sur cette dernière période) alors que le consensus attendait une hausse de 3%, selon Bernstein.
Des objectifs à risques chez Michelin?
Sur la base de l'ensemble de ces données, Michelin devrait pâtir de la comparaison avec Continental, qui de son côté devrait générer une croissance légèrement positive au troisième trimestre, observe le bureau d'études. L'intermédiaire financier attribue cette sous-performance à une plus important exposition du groupe tricolore au marché américain ainsi qu'à des modifications dans ses canaux de distribution.
En parallèle de Bernstein, Deutsche Bank a de son côté écrit, dans une note sur Michelin publiée ce lundi, qu'elle prévoyait "une baisse du chiffre d'affaires au troisième trimestre, car les volumes et les taux de change continuent de peser sur les résultats". "En revanche, le 'mix-prix reste favorable", ajoute-t-elle.
"Dans l'ensemble, nous continuons de voir des risques sur les prévisions pour l'exercice 2025 en raison des baisses de volume enregistrées tout au long de l'année. Atteindre les objectifs de bénéfices semble difficile, voire tout juste réalisable dans le meilleur des cas", poursuit la banque allemande.
Deutsche Bank juge toutefois que le marché a déjà largement intégré un abaissement de perspectives et maintient en conséquence son opinion à l'achat.
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