par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - LVMH, numéro un mondial du luxe, a annoncé samedi être entré au capital d'Hermès à hauteur de 14,2% tout assurant ne pas vouloir en prendre le contrôle.

En s'invitant au capital de l'autre grand fleuron du luxe français, LVMH assure n'avoir l'intention ni de lancer une offre publique d'achat, ni de prendre le contrôle du célèbre sellier, ni de solliciter de représentation au sein de son conseil de surveillance.

Dans un communiqué dont la tonalité se veut rassurante, le groupe dirigé par Bernard Arnault affirme avoir pour objectif d'être un actionnaire "à long terme" et vouloir "contribuer à la préservation du caractère familial et français qui est à l'origine du succès mondial de cette marque emblématique".

Personne n'était joignable dans l'immédiat chez Hermès pour commenter cette annonce.

Cette acquisition devrait relancer les spéculations sur les intentions du numéro un mondial du luxe. En 1990, au terme de trois ans de bataille acharnée, Bernard Arnault avait finalement emporté le contrôle de LVMH. Il avait commencé à en ramasser des titres après le krach boursier de 1987.

Les délais légaux de déclaration de franchissement de seuils étant de quatre jours et LVMH n'en n'ayant jusqu'ici déclaré aucun, le géant de luxe semble avoir pris possession de la majeure partie des titres Hermès qu'il détient au cours de la semaine écoulée.

Les statuts d'Hermès obligent quant à eux d'éventuels acquéreurs à faire une déclaration de franchissement auprès de la société au delà de 0,5% du capital.

UNE PLUS-VALUE LATENTE DE 1,7 MILLIARD D'EUROS

LVMH a déclaré détenir 15.016.000 actions Hermès, représentant 14,2% du capital du groupe.

Propriétaire des champagnes Moët et Chandon, du cognac Hennessy, des marques Dior et Louis Vuitton, LVMH ne précise pas auprès de qui il a acquis ces actions, actionnaires familiaux ou investisseurs institutionnels.

Le groupe précise qu'il détient un contrat d'instrument financier qui porte sur 3.001.246 actions qu'il entend exercer. Il détiendra alors au total 18.017.246 actions Hermès, soit 17,1% de son capital, pour un prix total de 1,45 milliard d'euros et un prix d'achat moyen par action de 80,5 euros.

Au cours de clôture de vendredi, la participation potentielle de LVMH dans Hermès recèle une plus-value latente de 1,7 milliard d'euros.

Cette annonce surprise survient alors que le marché s'interrogeait sur l'évolution boursière du titre Hermès, totalement atypique par rapport à ceux des autres acteurs du secteur.

L'action Hermès a grimpé de près de 90% depuis janvier et d'environ 65% depuis juillet 2010.

Des rumeurs récurrentes circulent sur le marché concernant l'évolution du capital d'Hermès, incitant ses dirigeants à réitérer l'attachement des actionnaires familiaux au capital de l'entreprise, dont ils détiennent 70%.

Un analyste confiait récemment à Reuters que l'éparpillement du capital entre les très nombreux héritiers du fondateur Thierry Hermès - ils sont environ 60 aujourd'hui - posait un problème de crédibilité au marché et que certains actionnaires familiaux pouvaient effectivement céder des blocs de titres, notamment pour des raisons fiscales.

En guise de "pilule empoisonnée", Hermès a demandé à ses actionnaires de pouvoir émettre des bons dits "Breton" autorisant une société à émettre des bons de souscription en actions pour se défendre en cas d'offre publique d'achat (OPA).

Une position qu'elle justifie par un principe de prudence.

"Ces bons ne sont pas nécessaires puisque nous sommes une société en commandite et nous sommes acharnés à défendre notre propriété. Cela dit, la prudence reste une seconde nature et nous ne voulons pas injurier le futur, si lointain soit-il", avait déclaré Jérôme Guerrand, président du conseil de surveillance d'Hermès, à l'occasion d'une l'assemblée générale des actionnaires, en juin 2008.

Vendredi, le titre Hermès a clôturé à 176,20 euros à la Bourse de Paris pour une capitalisation boursière de 18,6 milliards d'euros.

LVMH a fini quant à lui à 113,30 euros, pour une progression de 44% sur l'année et une capitalisation de 55,5 milliards.

Avec Elizabeth Pineau et Leila Abboud, édité par Marc Joanny

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