(BFM Bourse) - Le spécialiste du reconditionnement de produits électroniques est à la fête à la Bourse de Paris alors que TP ICAP Midcap indique avoir débuté sa couverture à l'achat avec un objectif de cours de 3,2 euros. Pour le bureau d'études, Largo est positionné sur un segment porteur, ce qui devrait l'aider à renouer avec une croissance à deux chiffres dès le deuxième semestre 2023.
Faire du neuf avec du vieux, tel est le credo de Largo, une jeune entreprise nantaise créée en 2016 et spécialisée dans le reconditionnement de produits électroniques. À l’origine, la société s'est engouffrée dans le marché du reconditionnement des téléphones portables avant d'étendre son champ d'action aux tablettes, ordinateurs et autres accessoires connectés (montres, écouteurs...).
"Dans les années 2015, les smartphones n’évoluant pas beaucoup, les usagers revendaient leur téléphone, le marché de l’occasion se développait. On a cherché à le structurer dans un territoire vierge, c’est ainsi qu’est né le produit reconditionné", explique à Ouest France, Christophe Brunot son cofondateur.
Largo propose une offre globale et est présent dans tous les maillons de la chaîne du reconditionnement. La société collecte, reconditionne et distribue les produits traités. Largo est par exemple référencé dans un large réseau de partenaires comme la Fnac, CDiscount ou Système U.
L'essor du reconditionné
Cet acteur de l'économie circulaire profite de la demande soutenue pour les appareils reconditionnés. En 2022, 17 % des smartphones vendus en France sont des téléphones reconditionnés, soit presque 1 téléphone sur 5 vendu pour environ 3 millions d’unités", selon Recommerce, une société spécialisée dans le reconditionnement de produits électroniques.
Et cet engouement pour les produits électroniques de seconde main n'est pas prêt de s'arrêter pour des questions de pouvoir d'achat et/ou de conscience écologique. Les produits vendus par Largo sont 30 à 50% moins chers que leurs homologues neufs. En 2022, ce sont près de 100.000 produits qui sont passés entre les mains expertes des techniciens de Largo, après 83.000 pièces en 2021. Cette année-là, le groupe affiche une forte croissance de 71% sur un an, après une progression de ses ventes de 11% en 2020. Les années Covid ont fortement accéléré la consommation des produits de seconde main.
C'est d'ailleurs en 2021 que le groupe nantais s'est tout naturellement dirigé vers la Bourse pour financer sa montée en puissance dans ce marché en fort développement. En avril 2021, Largo s'est lancé en Bourse avec l'ambition de réaliser un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros en 2025, et une marge d'EBITDA (excédent brut d'exploitation) de 7%. A ce jour, c'est la seule société cotée française à évoluer dans ce secteur du reconditionnement.
Or les résultats 2022 n'ont pas été à la hauteur des espérances du marché et de Largo. Le groupe nantais a fait état d'un chiffre d'affaires en hausse de 20% à 21 millions d'euros sur l'exercice écoulé, soit moins que les 30 millions d'euros espérés par la société. Le groupe explique avoir contenu sa croissance pour améliorer sa rentabilité.
Largo a également été contraint de revoir à la baisse ses objectifs pour 2023, une année qualifiée de "charnière" pour la société ainsi que les prévisions 2025 telles qu'annoncées lors de l'introduction en Bourse. Cet abaissement des ambitions de Largo a été sanctionné par le marché, le dossier avait plongé de 30% le 19 janvier 2023.
Une nouvelle histoire boursière à réécrire
Or pour TP ICAP Midcap, l'histoire boursière pourrait se réécrire dès cette année, avec les premières retombées de la nouvelle stratégie déployée par la direction depuis la fin 2022.
La société privilégie l'approvisionnement de ses produits en circuit court, alors qu'il y a encore quelque temps, la société s’approvisionnait encore à l'étranger. "Jusqu’à l’année dernière, on les achetait aux États-Unis. Il faut savoir que les Américains ne sont pas propriétaires de leurs téléphones qui sont en leasing. À chaque nouvelle sortie, les utilisateurs les remplacent. Un courtier américain vend de gros volumes. Ça nous a permis de démarrer", indiquait à Ouest France, Christophe Brunot.
Largo mise également sur son nouveau programme de collecte de téléphone, baptisé Largo Collect. Ce dispositif est basé sur un programme informatique à destination des distributeurs pour favoriser la collecte des vieux téléphones dormants dans les tiroirs des particuliers.
" Largo Collect sort, en septembre [2023], un super outil pour nos partenaires et distributeurs qui va leur permettre de collecter des vieux téléphones. Notre ambition est de redonner du pouvoir d’achat aux Français en les incitant à revendre leurs vieux téléphones, à acheter des téléphones recyclés ainsi que de réduire l’empreinte carbone. C’est un cercle vertueux. On adhère à l’économie circulaire.", explique Christophe Brunot.
"Grâce au déploiement des nouveaux outils de Business Intelligence en particulier en matière de pricing, et les outils de l’offre Largo Collect déployée auprès de tiers, le groupe vise à terme l’ajout d’une fonctionnalité de reprise des anciens terminaux sur son propre site internet Largo.fr à horizon 2024 et ainsi devenir collecteur de terminaux mobiles", ajoute TP ICAP Midcap.
L'ensemble de ces actions vont contribuer à un "redressement des marges", souligne Claire Deray, l'analyste en charge de la couverture de Largo. Pour 2023, la direction vise au moins 10% de croissance pour 2023, dont un rebond de l'activité qui est attendue au second semestre.
En effet, TP ICAP Midcap s'attend à une activité sous pression au deuxième trimestre, mais une fois passée la publication du chiffre d'affaires du premier semestre prévue pour le 20 juillet, le bureau d'études avance que les investisseurs devraient être "rassurés" par la publication des résultats semestriels (et du chiffre d'affaires du troisième trimestre) le 19 octobre prochain. Cette publication devrait "traduire les premiers effets bénéfiques de la nouvelle stratégie de croissance maîtrisée au profit des marges", ajoute TP ICAP Midcap.
Le scénario établi par le bureau d'études fait ainsi ressortir "une croissance annuelle moyenne de près de 13% d’ici 2025, et l’atteinte de la profitabilité à cet horizon, certes en deçà des objectifs affichés début 2021 (+47% par an visé et équilibre pour 2023), mais ce qui constitue toutefois de belles perspectives". En 2022, le groupe était encore en pertes à hauteur de 5 millions d'euros.
"Avec une baisse de près de 90% du titre par rapport au cours d’introduction" fixé à 13,35 euros, Claire Deray, juge donc "cette correction excessive". "La capitalisation boursière ressort en effet à 5 millions d'euros pour une situation de trésorerie net à près de 1,7 million d'euros à fin 2022, soit une valeur d’entreprise de l’ordre de 3 millions d'euros, ce qui constitue selon nous un point bas", abonde l'analyste.
Pour TP ICAP Midcap, Largo est à l'orée d'une page boursière avec un titre qui "pourrait entamer son rebond", conduisant le bureau d'études à initier la couverture du titre avec une opinion à l'achat, et un objectif de 3,2 euros. La cible assignée par Claire Deray laisse apparaître un potentiel de hausse de 70,6% même en tenant compte de la progression du jour, de 37,4% à la Bourse de Paris.
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