(BFM Bourse) - Le cours de Bourse actuel du groupe pharmaceutique tricolore reflète largement les craintes d'une possible concurrence générique à son best-seller Somatuline, mais ne tient pas compte des leviers à sa disposition pour combler l'éventuel manque à gagner, assure UBS. Le titre Ipsen rebondit.
Deux contrepoids au risque générique chez Ipsen ne reçoivent pas l'attention qu'ils méritent, selon UBS. L'action du groupe pharmaceutique rebondit de 2,43% à 109,50 euros lundi vers 14h45 après la publication par la banque helvète d'une étude destinée à faire le point sur la matérialité du risque de l'arrivée d'un biosimilaire de Somatuline, aujourd'hui le médicament le plus vendu du groupe. Au terme de son analyse, le bureau d'études choisit de passer à l'achat (au lieu de neutre), visant un objectif de 125 euros.
Avec des ventes en progression de plus de 20% en 2018 à 846,7 millions d'euros, Somatuline, un traitement hormonal contre l'acromégalie (maladie rare due à une hypersécrétion d'hormones de croissance, conférant à certains patients un physique spectaculairement massif) et contre certaines tumeurs endocriniennes, génère à lui seul 40% du chiffre d'affaires d'Ipsen. Dans ce contexte, le dépôt auprès des autorités finlandaises d'une demande de mise sur le marché d'un générique a fait grand bruit, et contribué à une dévalorisation de près de 40% du titre depuis le dernier trimestre 2018.
La "jurisprudence" Roche suggère une décote durable pour Somatuline
Aux yeux des analystes du secteur pharmaceutique chez UBS, mieux vaut en prendre son parti. Comme le suggère le parcours de Roche (sous le coup de la menace de génériques pour Herceptin, MabThera et Avastin), il est probable que le marché appliquera durablement une décote à la valorisation de Somatuline.Ceci même si la version générique de la molécule lanréotide dont Amdiphar (une division d'Advanz/Concordia) a déposé le dossier est encore au stade de projet. La complexité du processus de fabrication d'une telle molécule, un peptide (un assemblage d’acides aminés, nécessitant des dizaines d'étapes complexes avec une exigence en termes de degré de pureté maximale) rend peu probable un lancement avant 2021 au plus tôt. De plus, même si un biosimilaire parvient un jour sur le marché, la majorité des patients existants devrait conserver la molécule à laquelle ils sont habitués (s'agissant d'un traitement hormonal on peut faire le rapprochement avec les difficultés posées par le changement de formulation du Levothyrox).
Relais de croissance dans le traitement des cancers et des maladies rares
Toutefois, si UBS reconnaît qu'il est sans doute vain de vouloir argumenter pour dissiper ces craintes, le bureau d'études souligne que le marché pourrait progressivement intégrer le potentiel de nouveaux produits susceptibles de prendre le relais en termes de croissance.Le premier est le Cabometyx, un traitement de certains cancers acquis en 2016 auprès de la biotech Exelixis. Le bureau d'études pense que le produit recèle un important potentiel notamment en tant que traitement adjuvant d'inhibiteurs de checkpoints, et que le pic de ventes envisagé par Ipsen devrait être nettement dépassé.
Le deuxième axe de croissance à venir devrait être une montée en puissance dans les maladies rares plus rapide qu'attendu, poursuit UBS. Le palovarotène, molécule issue du rachat de Clementia, semble en bonne voie pour être homologué dans un premier temps en tant que traitement d'une maladie osseuse classée "ultra rare", la fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP). Mais son mécanisme d'action limitant la croissance osseuse en fait également un candidat attrayant pour lutter contre les ostéochondromes multiples (ou maladie des exostoses multiples, classée "rare").
Globalement, la croissance des médicaments actuellement déjà homologués et le potentiel contributif des nouveaux produits devrait, au pire, se traduire par une stagnation du niveau de chiffre d'affaires même si un générique de Somatuline venait à éroder la moitié des ventes du produit, calcule UBS. Et ceci sans prendre en compte les opportunités de croissance externe supplémentaires. Le bureau d'études estime donc qu'il est temps de passer à l'achat, au lieu de neutre, en relevant légèrement son objectif à 125 euros, contre 123 euros précédemment.
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