PARIS (Reuters) - Ingenico n'entend pas remettre en cause ses axes de développement stratégiques malgré un manque de visibilité sur la reprise qui l'a conduit à revoir en baisse son objectif de chiffre d'affaires sur l'ensemble de 2009 et à se montrer plus prudent sur ses marges.
"Nous réajustons mais cela reste une performance dans l'environnement actuel", a déclaré Philippe Lazare le directeur général du groupe dans un entretien à Reuters en précisant qu'il s'attend désormais à un recul du chiffre d'affaires compris entre 4% et 8% sur l'exercice en cours contre une fourchette de 0% à une légère croissance précédemment.
Ingenico, leader mondial du paiement sécurisé depuis le rachat à Safran des activités monétiques de Sagem Monetel en 2008, estime pouvoir préserver ses marges et n'envisage pas de remettre en cause son plan stratégique axé sur la consolidation de ses parts de marchés, le développement dans les services et dans le paiement en ligne.
Fort d'une trésorerie nette de 95 millions d'euros à fin juin et de 450 millions de fonds propres, le groupe envisage des opérations ciblées qui lui permettraient de "gagner du temps dans le déploiement de sa stratégie", et n'exclut pas une opération plus importante sous réserve du prix demandé.
"Sur le résultat opérationnel courant, nous nous sommes engagés à protéger 12,5% de ratio d'Ebit sur CA. C'est une protection qui fonctionne jusqu'à 5% (de baisse du CA) et si nous devions tangenter -8% nous serions entre 11 et 12,5%", a dit Philippe Lazare.
"Tout le travail de rationalisation de l'organisation, des coûts, etc que nous avons fait à partir de 2007 et jusqu'en 2008 nous permet de passer une année difficile en étant confortable", a-t-il ajouté.
TROIS AXES STRATÉGIQUES
Le groupe a annoncé en avril un plan supplémentaire de réduction de ses coûts de dix millions d'euros qui se compare à des dépenses de fonctionnement de 210 millions en base annuelle et qui devra être réalisé sur la période de mai à décembre.
"Nous avons fait des économies réalistes compte tenu des perspectives, mais nous ne voulons pas aller plus loin et mettre un coup de frein sur notre développement", a expliqué Philippe Lazare.
Ingenico prévoit ainsi de poursuivre sa stratégie de consolidation de sa position sur le marché mondial des terminaux de paiement électroniques, dont il détient plus du tiers avec une base installée d'une quinzaine de millions d'appareils dans 125 pays, grâce au renouvellement de sa gamme.
Alors que le marché des terminaux de paiement croît moins vite que celui des paiements lui-même, le groupe veut capter une partie du marché des transactions de paiement au travers d'offres de services allant de la gestion de parc de terminaux au "pre-processing" des transactions en passant par le développement d'applications dédiées sur les terminaux.
Enfin, Ingenico qui assure la gestion des paiements, y compris en ligne, pour le Velib dont l'opérateur est JC Decaux, considère que le paiement en ligne constitue un axe naturel de développement.
"Partout où il y a de la transaction électronique de paiement, il faut qu'Ingenico y soit, soit géographiquement, soit techniquement", résume Philippe Lazare.
"Nos nouvelles offres de produits et de services qui pour l'essentiel sont toutes calées sur le deuxième semestre 2009 vont porter leurs fruits, certes un peu moins que ce que nous espérions cette année compte tenu de la crise".
"Mais à coup sûr dès que la reprise sera là, et nous espérons qu'elle sera là en 2010, ces nouvelles offres devraient nous permettre de faire mieux que la croissance du marché ", qu'Ingenico chiffre entre 3% et 5% par an en tendance.
"TOUJOURS À LA RECHERCHE DE CIBLES"
Le groupe voit dans la croissance externe, qu'il revendique comme une tradition, un moyen de "gagner du temps" notamment dans le domaine des services et du paiement en ligne.
"Nous essayons de trouver des cibles qui nous permettent de bâtir un service international grâce à leur présence sur des technologies ou sur des savoir-faire compatibles avec les nôtres et que l'on puisse utiliser comme point d'appui", a déclaré Philippe Lazare.
Ingenico qui avait renoncé en février 2008 à acquérir l'américain Hypercom, n'exclut pas non plus d'acquérir des parts de marché, notamment aux Etats-Unis où il est proportionnellement moins bien implanté que sur les autres marchés matures.
"Si le cas Hypercom se présentait de nouveau, il serait beaucoup moins évident qu'en 2008 compte tenu de l'acquisition de la branche terminaux de paiement de Thales", a dit Philippe Lazare en mettent une double condition à un retour sur ce dossier: "le prix et la conviction que l'opération ne nous détournerait pas de notre feuille de route".
Le directeur général d'Ingenico a par ailleurs souligné que d'autres cibles permettraient tout aussi bien au groupe de se renforcer sur le marché américain, notamment dans la prestation de services avec les fournisseurs de services de paiement (Payment Services Providers).
A la clôture du 21 juillet, la capitalisation boursière d'Ingenico dont le cours a augmenté de près de 15% depuis le début de l'année ressortait à 617 millions d'euros, contre 78 millions d'euros pour Hypercom et 494 millions d'euros pour Verifone, leader sur le marché américain.
Marc Joanny, édité par Gilles Guillaume
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