(BFM Bourse) - Dopé par la demande chinoise qui ne se tarit pas ainsi que par le succès de sa division maroquinerie, le géant du luxe est parvenu à maintenir sa rentabilité tout proche de son niveau record. Le titre Hermès affiche néanmoins un léger repli mercredi matin, les opérateurs ayant déjà intégré les résultats dans le prix de l'action.
Dans un marché parisien en légère hausse (+0,24% à 11h20) et qui tutoie désormais son sommet annuel, le titre Hermès cède 0,66% à 635,8 euros. Ce recul intervient après deux baisses consécutives du titre, à la suite du plus haut historique touché par celui-ci vendredi dernier en séance, à 656,6 euros. Pour Christian Guyot, analyste en charge du secteur du luxe chez Invest Securities, il ne s'agit que d'un "recul technique par rapport aux valorisations stratosphériques" récemment atteintes par Hermès. L'action du fabricant de "carrés" de soie ou des sacs Kelly s'adjuge en effet près de 32% depuis le début de l'année, malgré des multiples de valorisation les plus élevés du secteur (40,3 fois les bénéfices estimés pour 2020, contre 23,5 pour LVMH ou 18,1 pour Kering).
Sur les six premiers mois de son exercice 2019, Hermès a vu son résultat opérationnel courant progresser de 15% à 1,44 milliard d'euros, pour une rentabilité de 34,8%, tout proche de son record de 34,9% atteint lors du premier semestre 2018, malgré un "impact défavorable des couvertures de change" peut-on lire dans le communiqué publié par le groupe avant Bourse. Le sellier-maroquinier, dernier groupe du CAC 40 à présenter ses résultats semestriels, a fait état d'un bénéfice net de 754 millions d'euros, en hausse de 7%, alors que les consensus établis par les agences Factset et Bloomberg tablaient respectivement sur 745 et 775 millions. "Le marché s’attendait à ces bons résultats donc ils avaient déjà été intégrés dans le prix", juge Luca Solca, analyste luxe pour Bernstein.
La Chine et la maroquinerie tiennent la cadence
Si le groupe a annoncé avoir été impacté par les manifestations antigouvernementales qui se sont multipliées à Hong Kong (l'ex-colonie britannique pèse 10% du marché mondial du luxe) -certains de ses six magasins ont dû fermer certains jours, ainsi que la boutique de l'aéroport. Cet impact négatif a été compensé par les performances réalisées en Chine continentale, a indiqué le directeur financier du groupe Éric de Halgouët, lors d'une conférence téléphonique avec la presse. À l'instar de ses concurrent, Hermès profite en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao) d'une demande locale dopée par les mesures prises par Pékin pour favoriser la consommation intérieure, comme la baisse de la TVA ou des droits de douane. "L’Asie hors Japon (+18 %) poursuit sa performance remarquable, avec une dynamique très favorable en Chine continentale et une progression à deux chiffres dans tous les autres pays de la zone", précise le communiqué.En matière d'activité sectorielle, la division phare du groupe se distingue encore, "la progression de la Maroquinerie-Sellerie (+12 %) [ayant] été particulièrement soutenue au premier semestre, autour de collections qui allient style, savoir-faire et diversité des matières", souligne le groupe.
"La force d’Hermès, plus que la croissance en niveau que certains acteurs du luxe dépassent, réside dans la régularité de la performance, tant organique qu’opérationnelle. Régularité en partie liée à un modèle contraint du côté de l’offre mais naturellement soutenue par la puissance et l’image de la marque à nulle autre pareil", estime Christian Guyot.
Objectif "ambitieux" confirmé sur le chiffre d'affaires, prudence sur la marge
Sans donner de perspectives chiffrées, Hermès a confirmé "un objectif de progression du chiffre d'affaires à taux constants ambitieux à moyen terme, malgré le renforcement des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde". Concernant la guerre commerciale sino-américaine, "nous ne sommes pas impactés directement par le sujet des droits de douane sur nos produits", a cependant tenu à préciser Éric de Halgouët.
Lors de la conférence avec la presse suivant la présentation des résultats semestriels, ce dernier a en revanche émis "une nuance prudente sur la marge opérationnelle du groupe au deuxième semestre 2019" note Luca Solca. Le directeur financier a cité plusieurs éléments parmi lesquels "un effet devises", "une part plus faible de la maroquinerie dans le total des ventes", "une hausse des dépenses de communication" ou encore "la distribution gratuite d'actions aux employés" du groupe pour justifier ces réserves quant au maintien de la rentabilité à des niveaux records.
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