La conférence annuelle de la Compagnie Financière Edmond de Rothschild s’est tenue le jeudi 14
janvier 2009 dans les salons du pavillon Gabriel.
Durant près de 3 heures, leurs équipes de gestion ont énoncé les différents enjeux financiers
et économiques pour 2010 ainsi que la stratégie d’investissement à adopter.
Il ressort de cette analyse que les pays émergents ainsi que les entreprises sortent grands
gagnants de l’année 2009.. Les premiers ont montré leur capacité de réaction, les secondes ont
réduit drastiquement leurs coûts et leur endettement. Pas étonnant donc que les actions des
entreprises cotées et plus particulièrement celles des pays émergents aient très bien performé
sur l’année passée. Le rééquilibrage économique global, à l’œuvre depuis près de 10 ans,
a déplacé de façon irréversible les foyers de croissance vers les pays émergents. La force de
traction de ces pays est telle que le marché boursier directeur n’est plus seulement Wall Street
mais aussi Shanghai. Si la croissance du PIB mondial pour 2010 anticipée par les économistes
ressort à 3,5%, cela est dû en très grande partie à la croissance économique anticipée dans
les pays émergents de près de 6%. Il convient néanmoins d’investir dans les pays émergents
dans une optique de long terme car la volatilité des bourses émergentes est très élevée.
En ce qui concerne les actions en général, il convient d’expliquer qu’elles ont rattrapé leur
« excès baissier » et ressortent actuellement à des niveaux de valorisation correcte de
l’ordre de 14 fois les bénéfices pour les entreprises européennes. Si les actions montent en
2010, alors il faudra que plusieurs des paramètres suivants se réalisent. Il faut tout d’abord
que la croissance des bénéfices des entreprises soit de l’ordre de 25% ce qui paraît
atteignable. Egalement, il faudra que les politiques monétaires restent accommodantes tout au long
de l’année 2010. Le sentiment général en la matière est que les banques centrales devraient
infléchir leur politique monétaire au second semestre 2010, suivant ainsi le mouvement de hausse
des taux déjà entamé par les banques centrales de Norvège, d’Australie et d’Israël.
De plus, la grande inquiétude viendra des chiffres du consommateur américain dont le poids dans
l’économie mondiale est gigantesque, de l’ordre de 20% du PIB mondial.
La stratégie de ce début d’année fait la part belle aux entreprises aux travers des actions et
obligations d’entreprises et convertibles. Privilégier les obligations des sociétés et des
pays émergents bien gérés, éviter les emprunts d’Etat des pays notés AAA et ne pas hésiter
à se couvrir sur les marchés financiers à l’aide d’options par exemple..
Enfin, un pari spéculatif sur le Nikkei peut être joué en 2010 à condition que la banque
centrale du Japon soit plus audacieuse, en décidant d’injecter des liquidités pour éviter la
déflation d’une part, et en vendant du yen afin d’affaiblir la monnaie japonaise, d’autre
part.
Marc Rustenholz