Des chiffres mitigés
Le mélange de chiffres économiques en demi-teinte et de publications quelque peu décevantes ont
conduit les indices boursiers à abandonner une partie des gains enregistrés la semaine passée. Le
CAC perd 2,2% et le S&P500 0,8%. La publication des chiffres de l'emploi a donné le ton : les
statistiques U.S. ne sont pas mauvaises, mais elles ne sont pas enthousiasmantes non plus. Les
ventes au détail en sont une bonne illustration : elles ont baissé en décembre (-0,3%) mais les
deux mois précédents ont été revus en hausse. Du côté chinois, il n'y a pas d'état d'âme
sur la croissance. Celle-ci a probablement atteint 10% sur un an au 4ème trimestre 2009 et
d'incertitudes, signe de l'insatiable appétit chinois, les importations ont augmenté de 56% en
décembre sur un an. Dans ce contexte de quasi surchauffe, il est évident que la politique
monétaire chinoise, qui a ouvert en grand les vannes du crédit, n'est plus du tout adaptée.
La banque centrale chinoise, la Banque Populaire de Chine, en a conscience et a commencé à changer
de cap. Il faut bien reconnaître toutefois que ce changement relève avant tout du symbolique. En
effet, la BPC a relevé de 50 points de base le taux des réserves obligatoires ; ainsi que ses taux
directeurs. Les statistiques U.S. et la hausse des taux chinois ont calmé l'appétit des
investisseurs pour les actifs liés à la croissance mondiale comme les valeurs de produits de base.
Celles-ci ont en outre souffert des résultats décevants d'Alcoa, le géant de l'aluminium, au
4ème trimestre. Anglo American, ArcelorMittal ou BASF finissent la semaine sur un recul compris
entre 4% et 6%. Les pétrolières sont également affectées d'autant que les stocks de brut sont
en hausse aux Etats-Unis.
La Chine et les Etats-Unis ne sont pas les seuls responsables de la volatilité des actions cette
semaine. Ils ont été aidés par le Venezuela qui a dévalué sa monnaie, le bolivar. Telefonica
qui réalise 11% de son chiffre d'affaires là-bas a perdu 4% sur la semaine. Accor, très présent
sur le marché vénézuelien des titres de services fait au ssi la grimace et perd 2%. N'oublions
pas non plus la Grèce. La communauté financière juge que le plan de stabilisation grec n'est pas
crédible . Elle doute de la volonté/capacité des Grecs à s'infliger la cure d'austérité
nécessaire à la réduction des déficits. Pour l'instant, l'hypothèse d'un défaut de paiement
de la Grèce reste improbable mais il faudra peut-être que la situation de la Grèce empire, que
les taux grecs remontent significativement pour que les Grecs se décident à lancer un plan
vraiment crédible. La théorie des choix politiques montre que les gouvernements passent à
l'action quand le coût du statu quo devient prohibitif.
Les problèmes de la Grèce ont mis à mal le secteur financier fragilisé en outre par
l'avertissement de la Société Générale et la publication en demi teinte de JP Morgan Chase. La
Société Générale a passé une provision inattendue de 1,5 Mds EUR sur ses actifs toxiques. Tout
ceci nous rappelle étrangement la crise de l'immobilier des années 90 où à chaque trimestre,
les patrons des grandes banques nous certifiaent que « ça y est cette fois-ci, nous avons passé
toutes les provisions nécessaires » pour se désavouer 3 mois plus tard en en passant de
nouvelles. Gardons ce chiffre en tête : 500 Mds EUR ; c'est le montant estimé par la BCE des
provisions que les banques de la zone Euro doivent encore passer. Nous restons donc méfiants sur
les valeurs du secteur bancaire.