Nous sommes confrontés dans la zone à une crise monétaire et budgétaire qui ne se règlera pas
en quelques jours, ni même en quelques mois. Des crises de cette ampleur font toujours sentir leurs
effets sur plusieurs années. Sans tomber dans un scénario trop noir, tout semble indiquer que la
zone euro est partie pour connaître plusieurs années de croissance nulle, voire carrément
négative. Le remède de cheval qu'il faut infliger aux pays les plus endettés, dont la France
fait partie, sauvera peut-être l'euro, mais pas les Européens, comme l'écrivait en début de
semaine Yves de Kerdrel, dans le Figaro.
Dans ce contexte, il importe d'ajuster les portefeuilles à un risque de forte dégradation de la
situation économique en Europe et plus particulièrement en France. Le sujet dont il est
aujourd'hui question ne se limite pas à un simple arbitrage sectoriel. La question n'est pas de
avoir s'il faut il privilégier tel ou tel secteur, mais de réellement diversifier la répartition
de ses actifs financiers.
De toute évidence, il ne paraît plus très raisonnable de détenir plus de 50% de votre
portefeuille en actions françaises. Le bon temps de la corrélation des marchés boursiers entre
eux est terminé. Il y a encore quelques mois il n'était pas très important de jouer l'Europe ou
les Etats-Unis, la seule différence de limitait au risque de change. Aujourd'hui, nous assistons
à de vraies divergences entre les différentes places boursières appartenant au monde occidental.
Les Etats-Unis et l'Allemagne rassurent nettement plus les investisseurs que la France, qui affiche
plus de 10% de baisse depuis le début de l'année pour notre indice de référence, alors que les
deux autres sont à peu près à flot.
Premier thème de diversification : les Etats-Unis. L'économie y est plus souple et réactive, la
croissance y est plus forte et la hausse du dollar évolue dans le bon sens pour un investisseur
européen. Il y a en réalité bien longtemps que les conditions d'investissement n'ont pas été
aussi favorables pour les heureux détenteurs d'euros que nous sommes. 15% sur les Etats-Unis me
paraissent être une proportion raisonnable.
Autre thème : les pays européens les plus solides, l'Allemagne et la Suisse. Le premier affiche
une performance toujours positive depuis le début de l'année, le second est légèrement
négatif, mais rien à voir avec les pays situés le plus au sud de la zone euro. Le premier est
éligible au PEA (énorme avantage pour les prisonniers de la fiscalité que nous sommes tous), le
second ne l'est pas.
Autre sujet de diversification : l'or. Attention, il ne s'agit de spéculer sur un doublement ou
un triplement des cours à 3.000 dollars l'once, comme le font miroiter certains spécialistes
anglo-saxons du métal jaune. L'or est là pour offrir une protection de votre capital en cas de
gros pépin sur les marchés, notamment lié à un aggravation de la crise monétaire qui conduirait
à une perte de valeur de la monnaie et des autres actifs financiers.
Pour l'instant l'or n'a pas énormément réagi aux problèmes de l'euro tout simplement parce
que les deux moteurs traditionnels de la hausse de l'or ne sont pas allumés. Il s'agit de la
baisse du dollar et bien sûr de l'inflation. Le repli du métal jaune à Londres cette semaine
sous les 1.200 dollars montre bien que le stress pourtant énorme créé par les difficultés de
l'euro ne suffit pas à faire monter l'or au plafond.
Si les marchés actions venaient à flancher réellement, une mise de départ de 10% d'or vous
permettra de très nettement amortir la baisse. C'est donc suffisant.
Reste les pays émergents. Attention, leur niveau de valorisation sont déjà très élevés, non
pas au regard des PE immédiats, mais de leur capacité à continuer de croître si l'Europe tombe
dans en récession. Là aussi, 10% de fonds diversifiés dans les pays émergents suffisent
largement. On ne spécule pas à la hausse sur l'Inde ou la Chine avec les hausses que nous avons
connues au cours de ces dernières années. Il est, comme sur l'or, question de diversifier ses
risques en investissant sur l'autre marché que le nôtre.
Une décision aussi sérieuse que la liquidation de 50% de vos positions, si vous êtes investi à
100% sur les actions françaises, ne doit bien sûr pas être prise dans la précipitation. La
diversification de votre portefeuille doit être progressive, elle doit se faire dans les phases de
hausse et pas aux moments les plus critiques. Il s'agit d'un objectif à atteindre de façon
progressive, si vous disposez d'un portefeuille important dont vous attendez des revenus et des
plus-values pour les années à venir.
La volatilité est de retour en Bourse. Nous ne pouvons pas revivre le même calvaire auquel nous
avons était soumis au cours des deux précédentes crises boursières. Si votre PEA n'est plus
adapté à vos objectifs de diversification, mieux vaut s'asseoir sur une partie de vos avantages
fiscaux que de prendre le risque de subir, dans la passivité et l'inquiétude, les fluctuations de
plus en plus imprévisibles du CAC 40.
JDF blog de R Laskine.
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