(BFM Bourse) - Le spécialiste des jeux de hasard et d'argent a vu la progression de ses mises numériques se tasser au quatrième trimestre, la société évoquant une "normalisation". Le dividende proposé s'avère par ailleurs un peu inférieur aux attentes.
Aprement surveillé par le marché, le virage numérique de La Française des Jeux (FDJ) perd en vitesse. Le groupe, qui avait réussi une superbe introduction en Bourse en 2019, a livré mercredi matin ses résultats annuels pour l'ensemble de 2022 qualifiés dans l'ensemble de "robustes" par Morgan Stanley.
Les mises des joueurs collectés par la société ont progressé de 8,7% sur un an à 20,62 milliards d'euros. Le chiffre d'affaires, qui correspond pour l'essentiel aux mises moins les sommes restituées aux joueurs et les prélèvements publics, a augmenté de 9,1% à 2,46 milliards d'euros, dépassant les attentes des analystes, qui tablaient sur des revenus de 2,45 milliards d'euros.
La marge d'Ebitda courant (le résultat opérationnel courant retraité des dotations aux amortissements, explique la société) a augmenté de 13,1% à 590 millions d'euros. La marge correspondante s'est inscrite à 24% contre 23,1% en 2021. Néanmoins elle s'avère un peu inférieure aux taux attendu par les analystes (24,2%). Le résultat net augmente de 4,7% sur un an à 308 millions d'euros.
Des comportements qui se normalisent
Néanmoins, les mises numériques déçoivent, avec une croissance de 14% sur un an au quatrième trimestre 2022. Si le chiffre s'avère important sur le papier, cette progression traduit un tassement par rapport aux taux du troisième trimestre (+35%). Au total, les mises numériques ont progressé de 16% pour 2022, Morgan Stanley soulignant que cette progression s'avère inférieure à la croissance de plus de 20% que visait l'entreprise pour 2022.
"Après deux années de très forte croissance, avec un doublement des mises digitales entre 2019 et 2021, accélérée par les changements de comportements induits par la crise sanitaire, la progression des mises digitales se normalise", a expliqué la société dans le communiqué accompagnant ses résultats annuels.
Le dividende proposé par la société, de 1,37 euro par action au titre de 2022, s'avère par ailleurs un peu inférieur aux anticipations des analystes (1,43 euro).
Pour l'exercice 2023, la société prévoit une hausse de son chiffre d'affaires comprise entre 4% et 5%, une croissance de ses mises digitales en France de 20%, un taux de marge d'Ebitda courant à environ 24%.
A la Bourse de Paris, l'action trébuche, baissant de 4,8% vers 14h30, soit le second plus fort repli du SBF 120.
Une épée de Damoclès
L'action de la société reste menacée par une importante épée de Damoclès, à savoir le verdict de Bruxelles sur les droits exclusifs.
Dans le cadre de sa privatisation, FDJ a versé en 2020 une soulte de 380 millions d'euros à l'Etat français afin de conserver ses droits exclusifs sur la loterie physique et en ligne, ainsi que sur les paris sportifs en point de vente pendant une période de 25 ans. La société détenait auparavant ces droits, qui représentent environ 95% de ses mises, pour une durée illimitée.
La Commission européenne a ouvert en juillet 2021 une enquête pour savoir si cette mesure ne procurait pas un avantage économique indu à la société. Bruxelles a ensuite envoyé en décembre 2021 une lettre à la France dans laquelle elle considérait provisoirement que la rémunération de 380 millions d'euros "sembl[ait] substantiellement inférieure à un prix qui pourrait être considéré comme un prix de marché". "Aussi, un avantage au profit de la FDJ semble être présent à ce stade", notait aussi la Commission.
FDJ risque de payer un complément de prix. Début juillet, Citi évoquait un montant potentiel significatif, d’environ 1,5 milliard d’euros. "Dans le pire des scénarios, le montant pour les droits exclusifs monterait à 1,5 milliard d’euros, soit un complément de prix de 1,1 milliard d’euros", relativisait pour sa part Sabrina Blanc, responsable de la recherche action pour le secteur "hôtel, loisirs et restauration" chez Société Générale, auprès de BFM Bourse, en novembre.
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