(BFM Bourse) - La mise en route de la centrale de bioélectricité CHO Morcenx, qui doit produire de l'électricité à partir d’un gaz produit à partir de déchets, puis purifié par une torche à plasma, n'est décidément par un long fleuve tranquille. La société a en effet indiqué lundi soir que la centrale avait "atteint des niveaux de performance inégalés" mais qu'un incident "conduit malheureusement à retarder de nouveau la procédure de réception provisoire".

Entre le 6 et le 8 mars, la centrale a gazéifié 305 tonnes de CHO Fuel (déchets et biomasse), produit un gaz de bonne qualité (environ 20% CO et 10% H2), et livré au réseau 113 MWh d’énergie renouvelable. "Le 9 mars, nous avons cependant été confrontés à un phénomène de vitrification du CHO Fuel dans le gazéifieur, qui nous a conduits à arrêter l’installation", explique le groupe.

Une inspection visuelle le 10 mars a mis en évidence la nécessité d’un nettoyage complet avant remise en chauffe et redémarrage, empêchant ainsi de procéder aux essais de réception provisoire le 11 mars comme initialement prévu.

Europlasma évoque un phénomène de vitrification, connu, "résult[ant] d’une augmentation brutale de la température du lit de déchets, elle-même consécutive à des réactions chimiques non maîtrisées, dont les sources peuvent être nombreuses (nature et débit des déchets injectés, température et débit d’air, hauteur du lit, vitesse de rotation de l’agitateur, etc)".

En définitive, si la capacité de l’installation à atteindre les niveaux de performance prévus "n’est aucunement remise en question", l'entreprise souligne que "la mésaventure du 9 mars montre bien que la mise au point de l’installation impose des réglages fins que nous ne maîtrisons pas encore en totalité".

La prochaine campagne d’essais débutera à la fin de cette semaine, dès que l’installation aura été nettoyée et remise en température. Elle se fera en présence du constructeur du gazéifieur et d’experts extérieurs, et de manière encore plus prudente et progressive que la précédente, afin d’ajuster chaque paramètre de fonctionnement de manière optimale sans risque.

Dans ces conditions, Europlasma ne fixe plus de date fixe pour la réception provisoire, indiquant simplement que "l’optimisation des paramètres de fonctionnement peut prendre trois jours ou trois semaines".

Mais en attendant, le groupe prévient que "le report de la réception provisoire de l’usine de Morcenx aura des conséquences significatives sur [sa] trésorerie [...], puisqu’elle retardera d’autant les paiements contractuels correspondants, les libérations de garanties par le client, et la recherche de nouveaux financements externes destinés à couvrir les besoins de la société jusqu’à la réception définitive".

En conséquence, le management, le conseil d’administration, et le client ont entamé dès hier des discussions à ce sujet, dont l’issue dépendra également du calendrier des prochains essais de performance.

Pour mémoire, Europlasma a déjà subi d'importants déboires avec cette usine dont la livraison était initialement prévue l'an dernier, mais avait dû être reportée à cause d’un problème sur le gazéifieur, qu'il a fallu démanteler. Une réparation qui a duré de longs mois et dont l'enjeu est très important, le modèle économique du groupe reposant sur le développement de ce type usine, unique en Europe.