(BFM Bourse) - Le groupe énergétique a livré des performances sur neuf mois en ligne avec les attentes. Surtout, l'entreprise dirigée par Catherine McGregor a relevé ses perspectives de résultat net récurrent et de résultat opérationnel.
Depuis le début de l'année, Engie figure dans le wagon de tête du CAC 40. Le groupe énergétique s'adjuge 40,8% sur l'ensemble de 2025, la sixième plus forte hausse de l'indice parisien.
L'entreprise a livré au marché des résultats et des perspectives satisfaisantes lors de la publication de ses résultats annuels, en février, puis de ses comptes du premier trimestre, en mai.
Le titre a également pu bénéficier d'une vague d'achats sur les "utilities" européennes, un secteur difficile à définir, qui englobe les services aux collectivités, avec des métiers tels que les réseaux de chaleur, le traitement des déchets et des eaux usés ou la fourniture de gaz et d'électricité.
"Les 'utilities' ont surperformé la plupart des secteurs au cours des derniers mois, dans le cadre d'une 'fuite vers la qualité' (un repli vers les valeurs refuge, NDLR) motivée par l'incertitude liées aux droits de douane mondiaux", expliquait en mai le bureau d'études indépendant Alphavalue.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Les infrastructures tirent le résultat opérationnel
L'ex-GDF Suez entretient ce bon parcours boursier ce jeudi 6 novembre. Son action décolle, le titre prenant 2,2% vers 15h30, soit la troisième plus forte progression du CAC 40, après avoir publié ses résultats sur neuf mois.
De janvier à fin septembre, Engie a annoncé avoir généré un chiffre d'affaires de 52,8 milliards d'euros, en hausse de 1,8% en données comparables.
Le résultat brut d'exploitation – en excluant les activités nucléaires de la société en Belgique - s'est inscrit à 10,8 milliards d'euros, en repli de 3,9% sur un an en données publiées, tandis que le résultat opérationnel hors nucléaire a baissé de 7,3% à 6,3 milliards d'euros sur ces mêmes bases.
UBS note que ces résultats s'avèrent en ligne avec sa propre estimation d'un résultat opérationnel hors nucléaire de 6,35 milliards d'euros mais 2% inférieur au consensus (la prévision moyenne des analystes) de 6,49 milliards d'euros.
Du côté des divisions, les "infrastructures" (développement et maintenance des infrastructures de gaz et de réseaux électriques) ont encore porté les résultats du groupe avec un résultat opérationnel en hausse de 37,7% en données comparables à 2,44 milliards d'euros, surpassant les attentes de Barclays (2,36 milliards) et d'Oddo BHF (2,37 milliards).
Engie mentionne plusieurs éléments expliquant cette performance, notamment des hausses tarifaires actées l'an passé mais dont les impacts ont été enregistrés au premier trimestre 2025.
Perspectives relevées
Le résultat opérationnel a été soutenu au troisième trimestre "par une bonne performance des activités françaises et, dans une moindre mesure, par l’augmentation annuelle anticipée des tarifs de distribution en France au 1er juillet 2025", explique aussi l'entreprise.
A contrario, la division "Supply & Energy Management" (qui englobe le trading, la fourniture et gestion des risques d'actifs énergétiques) a vu son résultat opérationnel baisser de 37,2% sur un an en données comparables et la sous-division "Energy Management" (-53,9% en organique), plus particulièrement, de 60,5%.
Ce plongeon résulte notamment de la "poursuite de la normalisation des conditions de marché" et "d'un effet négatif lié aux coûts de transport du gaz en Autriche et aux Pays-Bas".
Oddo BHF évoque un "bon ensemble de résultats". Mais, plus que les résultats de la société, le marché retient probablement les annonces du groupe énergétique sur ses perspectives.
Évoquant "un très bon démarrage de (ses) actions de performance, un quatrième trimestre attendu en hausse soutenue par rapport à l’an passé et un résultat financier net récurrent meilleur que prévu pour l’ensemble de l’année", la société a indiqué qu'elle visait désormais le haut de ses fourchettes de prévisions de résultats pour 2025.
Autrement dit, le groupe compte atteindre le haut d'un intervalle allant de 4,4 à 5 milliards d'euros pour le résultat net récurrent, et de 8 à 9 milliards pour le résultat opérationnel hors nucléaire.
Ces indications reviennent à dépasser les attentes des analystes, logées à 8,71 milliards d'euros pour le résultat opérationnel et à 4,76 milliards d'euros pour le résultat net récurrent.
"Cela confirme notre optimisme initial concernant ce que nous considérions comme des prévisions trop prudentes pour 2025", apprécie Barclays.
Des catalyseurs à venir?
La banque britannique réaffirme au passage qu'Engie est l'une de ses valeurs préférées dans son secteur en Europe. La banque note que le groupe s'échange toujours avec une décote boursière importante par rapport aux autres titres du secteur.
Elle perçoit encore des catalyseurs sur le groupe, notamment les prochains résultats annuels, et le transfert effectif des provisions des obligations liées aux déchets nucléaires belges à l'État belge.
Selon un accord noué en 2023, Engie transfèrera au gouvernement belge l'ensemble de ces obligations sur l'ensemble des centrales du pays en échange d'un paiement forfaitaire de 15 milliards d'euros.
Cet accord a l'avantage de donner un coût fixe et connu pour le groupe sans l'exposer à de nouvelles éventuelles révisions. Une sorte de solde de tout compte.
"L'accord élimine un risque majeur pour l'action, bien qu'il implique le paiement d'une prime importante par rapport à la valeur comptable de ses provisions nucléaires", estimait Deutsche Bank dans une note publiée en 2023.
Cet accord avait été noué en lien avec la décision du gouvernement belge de prolonger de dix ans l'exploitation des réacteurs Doel 4 et Tihange 3, opérés par la filiale d'Engie Electrabel. La Belgique comptait sortir du nucléaire en 2025 mais l'éclatement de la guerre en Ukraine en 2022 avait amené le pays à revoir sa décision.
Le "closing" (la signature) de cet accord est survenu en mars dernier. Le transfert de la responsabilité financière à l'État belge de la gestion des déchets nucléaires et du combustible va donc arriver, alors que le redémarrage des réacteurs est prévu en novembre prochain.
Ce transfert effectif constituera un catalyseur, juge Barclays. De même que la mise en place d'une structure juridique dédiée aux deux réacteurs nucléaires prolongés, détenue à parité par l'État belge et Engie.
Oddo BHF partage quelque peu cette opinion. Le courtier note qu'Engie affiche une décote de 25% par rapport à ses comparables sur la base du bénéfice attendu en 2026, ce que "nous considérons comme injustifié au regard de la visibilité qu'offre le groupe sur son dividende" et de la résilience de ses activités régulées.
Recevez toutes les infos sur ENGIE en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email
