(BFM Bourse) - L'exploitant de maisons de retraite a profité de la publication de son chiffre d'affaires pour rappeler à ses actionnaires l'ampleur de la perte de valeur qui les attend à court terme. L'action devrait théoriquement tomber à moins de 20 centimes.
Au vu de l'état de ses finances, l'activité d'Orpea est totalement reléguée au second plan. L'exploitant de maisons de retraites dans la tourmente depuis la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs, a néanmoins annoncé lundi avoir enregistré une croissance de 7,7% sur un an au quatrième trimestre de 2022 en données publiées, et de 5,7% hors effets de périmètre et de changes. Sur l'ensemble de 2022, les revenus se sont établis à 4,68 milliards d'euros, en hausse de 8,9% en données publiées et de 5,5% en données organiques.
Rappelons qu'en période d'inflation généralisée les revenus des entreprises d'à peu près tous les secteurs augmentent, les sociétés tentant de répercuter tout ou partie de l'inflation à leurs clients. Il faudra attendre la publication des résultats annuels d'Orpea pour constater à quel point la marge de la société pâtit du contexte actuel. Au premier semestre, la marge d'Ebitdar (marge brute d'exploitation avant loyer) avait perdu 241 points de base (2,41 point de pourcentage).
Notons toutefois que le taux d'occupation du groupe dans sa plus importante région – celle qui regroupe la France, le Benelux, le Royaume-Uni et l'Irlande – est tombé à 83,4% au quatrième trimestre 2022 contre 85,5% un an plus tôt. Sur l'ensemble de 2022 ce taux fléchit à 83,6% contre 83,8% en 2021. Le communiqué d'Orpea fait référence, pour la France, à un "contexte difficile pour les maisons de retraite", avec un "taux d'occupation de 85% sensiblement inférieur à son niveau historique".
Le risque de trésorerie repoussé à plus tard
Une (légère) bonne nouvelle: avec une position de trésorerie meilleure que prévu (856 millions d'euros à fin décembre et 694 millions à fin janvier, contre 350 millions initialement attendu à fin décembre) le groupe estime désormais faire face à un risque de liquidité au deuxième trimestre 2023 et non plus au premier, dans sa précédente prévision.
Reste qu'au-delà de l'activité de la société, la restructuration financière à venir va s'avérer douloureuse pour ses actionnaires. La société elle-même a mis en garde à plusieurs reprises ses porteurs, et elle a profité de la publication de son chiffre d'affaires annuel pour émettre un nouvel avertissement.
"Le groupe rappelle que la mise en œuvre des augmentations de capital envisagées dans le cadre de cette restructuration financière entraînera une dilution massive pour les actionnaires existants", déclare ainsi Orpea au tout début du communiqué présentant son activité de 2022. L'accord sur la restructuration financière de la société noué le 1er février dernier prévoit des injections massives de capitaux et la conversion de dette en capital, qui va se traduire par une dilution de plus de 99% pour les actionnaires. Avec in fine, la prise de pouvoir par un consortium d'investisseurs mené par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC).
Pour donner une idée au marché de ce qui l'attend, Orpea a expliqué ce lundi que les trois augmentations de capital permettant de mener cette vaste opération font ressortir des prix par action théoriques largement inférieurs au cours actuel (respectivement 59 centimes pour la première augmentation, 18 centimes pour la deuxième et 13 centimes pour la troisième).
"Les augmentations de capital envisagées, sur la base des paramètres financiers communiqués par la société le 1er février et de la valorisation des capitaux propres de la société retenue par les parties pour les besoins de ces opérations, feraient ressortir des prix d’émission significativement inférieurs au cours de bourse actuel de l’action Orpea et une valeur unitaire théorique des actions après opérations inférieure à 0,20 euro", prévient l'entreprise.
Par rapport au cours actuel d'Orpea de ce mercredi à 14h, de 2,938 euros, la décote théorique implicite serait ainsi de… plus de 93%...
Volatilité maximale
Au sujet de l'avancement de plan de restructuration financière, le groupe mène actuellement des discussions pour "formaliser" l'accord de principe en vue d'aboutir "rapidement" à la conclusion d'un accord de lock-up, c'est-à-dire d'engagement de conservations de titres des acteurs participant à la recapitalisation d'Orpea.
Malgré les avertissements répétés de la société, l'action Orpea continue de connaître une volatilité digne d'une penny stock, avec des mouvements de baisses et de hausses vertigineux et répétés.
Vendredi, l'action a pris 50%. "Le rebond dramatique de ces derniers jours est difficile à expliquer par des facteurs fondamentaux mais vient plutôt de réajustements/rééquilibrages de positions short-selling [vendeurs à découvert, NDLR)", a explique lundi matin Yi Zhong, analyste chez le bureau d'études indépendant AlphaValue.
Le cours a ensuite chuté de 16% lundi avant de reculer de 3,6% mardi et d'être stable ce mercredi.
Sur un an, l'action s'effondre de plus 95%. La capitalisation boursière de la société (190), représente à peine 32% du montant de sa dette.
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