(BFM Bourse) - L'exploitant de maisons de retraite a vu sa marge s'effondrer l'an passé, tandis que son résultat net a été plombé par de lourdes dépréciations immobilières.
L'exercice 2022, ou l'annus horribilis d'Orpea. L'exploitant de maison de retraite a vu sa réputation être malmenée par la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs, son cours de Bourse s'est effondré (près de 90 euros en janvier 2022 contre 2,6 euros actuellement) et ses résultats financiers ont été balayés par l'envolée de l'inflation.
Les comptes 2022, publiés ce vendredi 12 mai, le montrent parfaitement. Déjà communiqués, les revenus ont progressé de 5,5% en données comparables, avec une hausse de 1,9% en organique en France en dépit "du contexte de crise affectant les maisons de retraite du groupe", souligne la société.
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Une perte opérationnelle
Mais c'est évidemment au niveau de la rentabilité que la plaie réellement visible. Le résultat opérationnel avant charges locatives, amortissements, provisions, intérêts et impôts (Ebitdar) a chuté de 27,1% et la marge correspondante s'est effondrée, passant de 24,2% à 16,2%. L'inflation des coûts énergétiques, alimentaires et des salaires – avec notamment une accélération des recrutements en France sur la fin de l'année – ont retranché près de 600 points de base (6 point de pourcentage) de marge d'une année sur l'autre.
Le résultat opérationnel courant est passé dans le rouge, avec une perte de 49 millions d'euros, contre un bénéfice de 396 millions d'euros en 2021.
Sur la ligne de compte la plus "grand public", le résultat net, les pertes s'élèvent à 4,03 milliards d'euros, ce en raison de lourdes dépréciations de plus de 4 milliards d'euros, notamment sur son portefeuille d'actifs immobiliers.
La nouvelle direction d'Orpea, avec son directeur général Laurent Guillot, avait fustigé, lors de la présentation du plan stratégique du groupe fin 2022, "un développement immobilier international excessif et non maîtrisé" mené par les anciens dirigeants du groupe.
La société compte réduire sa détention d'actifs immobilier, passant d'un taux de détention de 47% à fin 2021 à un taux compris entre 20% et 25% à moyen terme. Le groupe avait identifié 1 milliard d'euros d'actifs immobiliers prêts à être cédés "dès que les conditions de marché le permettront" et compte créer à moyen terme une foncière dédiée dont une part minoritaire du capital serait ouverte à des investisseurs externes.
Les capitaux propres du groupe sont désormais négatifs à hauteur de 1,5 milliard d'euros.
"Les comptes 2022 reflètent la remise en ordre profonde et l’ampleur du changement qu’il fallait impulser dans l’entreprise. 2022 aura été une année de rupture pour Orpea. Aujourd'hui, c'est vers l'avenir que nous sommes tournés", a déclaré Laurent Guillot, le directeur général du groupe cité dans un communiqué.
Une dilution gigantesque à venir
L'avenir du groupe va surtout passer par une restructuration herculéenne de son passif - Orpea croulant sous une dette nette de 8,8 milliards d'euros - avec près de 4 milliards d'euros de dettes effacées, trois augmentations de capital et la prise de contrôle par un groupement d'actionnaires mené par la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Ce projet de recapitalisation de la société doit se traduire par une dilution gargantuesque pour ses actionnaires actuels.
Les porteurs actuels détiendraient "à l’issue de la réalisation de la restructuration financière, et s’ils décidaient de ne pas participer aux augmentations de capital, environ 0,4% du capital de la société en cas d’approbation du plan de sauvegarde accélérée par chacune des classes de parties affectées, et environ 0,04% en cas de non-approbation du plan de sauvegarde accélérée par au moins une des classes de parties affectées", prévient Orpea. Soit une dilution potentielle allant jusqu'à… 99,96%.
Ce plan doit être soumis mi-juin au vote des parties affectées par ce plan, dont les actionnaires existants.
Des voix se sont élevées contre ce projet, notamment un groupement de minoritaires, l'Adamo. Après avoir essuyé un refus de l'entreprise, cette association d'actionnaire minoritaire a réclamé devant la justice la tenue d'une assemblée générale pour que les actionnaires puissent s'exprimer et comparer le plan de la direction face au projet alternatif de Concert'O, qui regroupe deux actionnaires minoritaires.
Selon Yi Zhong, analyste chez le bureau d'études indépendant AlphaValue, la tenue d'une assemblée générale voulue par ces minoritaires "pourrait obstruer les plans d'augmentation de capital et de transformation connexes menés par la CDC".
La direction d’Orpea, elle, juge que seul le projet avec la CDC permet la continuité d’exploitation de la société.
A la Bourse de Paris l'action Orpea recule de 1,5% vers 10h20, une variation anecdotique au vu du plongeon du cours de l'action depuis plus d'un an et de la dilution à venir…
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