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Edenred : Alors que l'incertitude sur la régulation obstrue son horizon, Edenred replonge de 8% en Bourse avec des cibles de moyen terme décevantes

Aujourd'hui à 10:56
Edenred rechute en Bourse

(BFM Bourse) - Le spécialiste des solutions de paiements dans le monde du travail a livré ses objectifs de moyen terme, ce mardi 4 novembre, tablant notamment sur une progression de son Ebitda de 8 à 12% par an, et sur un taux de conversion de ses résultats en flux de trésorerie d'au moins 65%. Cette dernière cible, couplée à un objectif 2026 prudent, grippent les investisseurs.

Edenred montre à quel point les investisseurs peuvent brûler ce qu'ils ont autrefois chéri. Entre début 2016 et juin 2023, date de l'entrée de cette ex-filiale d'Accor sur le CAC 40, le cours de Bourse de la société a été multiplié par cinq. Deux ans et demi plus tard, l'action a cette fois été divisée par 2,5.

Le statut boursier du spécialiste des avantages aux salariés, cartes carburant et paiement interentreprises a été écorné par quelques trimestres de croissance décevante. Mais le gros de la chute du titre sur les deux dernières années est surtout dû aux craintes d'évolution défavorables de la régulation dans les pays où il opère.

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Une valorisation à la casse

Ces peurs se sont concrétisées en Italie, où un plafond des commissions sur les titres restaurants payées par les commerçants est entré en vigueur au 1er septembre.

Le marché a également redouté des mesures défavorables au Brésil, le premier marché des avantages aux salariés, où une réforme de l'"interopérabilité", censée favoriser la concurrence, préoccupe les opérateurs de marché.

En France, le projet de loi de Finances pour 2026 prévoit une contribution patronale de 8% sur différents avantages aux salariés (titres restaurant, chèques vacances, chèques cadeaux etc…). La directrice financière, Virginie Duperat-Vergne a toutefois récemment apaisé les craintes sur ce dernier sujet.

L'ensemble de ces éléments a précipité Edenred à des niveaux de valorisations jugés "aberrants" par certains analystes. Au point qu'après une activité rassurante au troisième trimestre, il y a deux semaines, l'action s'est envolée de 19,6% sur une seule séance, signe que le titre avait probablement chuté dans des abysses trop profondes.

Un plan "Amplify"

Edenred a donc encore du chemin à parcourir pour redorer son blason boursier. Malheureusement pour ses actionnaires, l'annonce de ses objectifs à moyen terme, ce mardi 4 novembre, ne lui permet de poursuivre sa reconquête du marché.

L'action du groupe plonge de 8,34% en fin de matinée, accusant de loin la plus forte baisse du CAC 40.

Interrogé sur la baisse du cours, le PDG Bertrand Dumazy a appelé à attendre la fin de la journée avant de constater le verdict des investisseurs.

Il a également estimé que des "hedge funds" (des fonds aux stratégies d'investissement alternatives) pouvaient aussi appuyer à la baisse sur le titre. "Le marché a toujours raison mais pas tous les jours", a déclaré le dirigeant.

Bertrand Dumazy a aussi affirmé que le cours actuel ne reflétait pas la valeur intrinsèque de la société. "L'attentisme du marché ne doit pas dicter la politique industrielle d'Edenred", a-t-il toutefois ajouté.

En amont de sa journée dédiée aux investisseurs, la société a livré les grandes lignes de son nouveau plan stratégique "Amplify", qui porte sur la période 2025-2028, ainsi que ses cibles de moyen terme.

Le groupe table sur une croissance de 8 à 12% de son résultat brut d'exploitation (Ebitda) par an sur la durée de son plan ainsi que sur une conversion de son Ebitda en flux de trésorerie libre d'au moins 65%.

Pour donner un ordre de comparaison, le précédent plan stratégique de la société prévoyait une croissance annuelle moyenne de l'Ebitda supérieure à 12% et une conversion de l'Ebitda en flux de trésorerie libre de plus de 70%.

Autrement dit, les objectifs de moyen terme d'Edenred sont moins ambitieux que précédemment.

L'année 2026 plombée par l'Italie

Par ailleurs, la cible de croissance d'Ebitda de 8 à 12% par an s'entend en données organiques (hors effets de changes et de périmètre) mais aussi à régulation constante.

Or, en 2026, Edenred subira l'impact en année pleine du changement de réglementation en Italie (qui est donc survenu en septembre dernier).

Sur cette année également, Edenred entend mettre en place des "actions managériales", en investissant dans les données et l'intelligence artificielle, tout en optimisant "son portefeuille". C'est-à-dire arrêt des activités pas suffisamment rentables, a expliqué Bertrand Dumazy.

Pour ces raisons, Edenred a prévenu que son Ebitda ne progresserait que de 2 à 4% en 2026 en données organiques. Le groupe précise que cette variation correspond à une progression "intrinsèque" de l'Ebitda de 8 à 12%.

Bertrand Dumazy a expliqué que la réglementation en Italie retrancherait cinq points de croissance d'Ebitda en 2026 tandis que les arrêts d'activités soustrairaient un point de pourcentage supplémentaire.

Oddo BHF note que la cible d'une hausse de 2 à 4% de l'Ebitda en 2026 est inférieure aux attentes car le consensus (la prévision moyenne des analystes) retenait une progression de 5,6% pour 2026.

Jefferies, de son côté, évoque des ambitions de croissance "réduite" et souligne que le groupe a abaissé sa cible de conversion d'Ebitda en cash.

Barclays juge aussi que la prévision d'Ebitda pour 2026 et l'abaissement de la cible de conversion en trésorerie à moyen terme "pourraient surprendre (et être considérées comme décevantes)".

Mais la banque britannique fait preuve de compréhension. "Il était de toute façon difficile de satisfaire le désir du marché de voir une génération de cash plus élevée dans le contexte actuel d'incertitude réglementaire et macroéconomique", reconnaît Barclays.

Une pénétration à accélérer

Pour tenir ses objectifs de moyen terme, Edenred compte actionner un certain nombre de leviers stratégiques.

L'entreprise mise sur l'attrait de ses différentes solutions pour favoriser la rétention et l'engagement des salariés et donc convaincre les entreprises d'augmenter les volumes d'affaires qui lui sont confiés.

Bertrand Dumazy, a expliqué que la croissance de la population active progresse actuellement autour de 0,2% par an (en Europe, Amérique du Sud et du Nord combinées). Un chiffre insuffisant pour tirer la croissance d'Edenred.

Sauf que les entreprises se disputent de plus en plus les talents. Selon un sondage cité par le dirigeant, 76% des directeurs de ressources humaines peinent à recruter et, dans le même temps, 79% des salariés ne se sentent pas "engagés" au travail.

D'où la nécessité pour les entreprises d'améliorer cet engagement via d'autres formes de rémunération que le salaire et attirer ainsi les candidats.

A fortiori dans un monde où de nouveaux métiers émergent. "S'il est difficile actuellement de recruter un 'data scientist', cela va l'être encore plus pour un développeur d'IA agentique", a déclaré Bertrand Dumazy.

Edenred compte aussi continuer à gagner des clients dans un marché sous-pénétré, notamment au niveau des PME. Bertrand Dumazy a estimé que le taux de pénétration s'inscrivait à seulement 40%, à l'heure actuelle.

"Il y aura de l'IA et de la data partout"

Au-delà de l'augmentation du nombre de clients et donc d'utilisateurs de ses plateformes, la société entend augmenter son revenu par utilisateur. "L'équation est simple: plus d'utilisateurs multiplié par un revenu par utilisateur qui augmente", a résumé Bertrand Dumazy.

En clair, la société entend faire du "cross-selling" (des ventes croisées), c'est-à-dire faire en sorte, par exemple, que des utilisateurs qui utilisent des titres restaurant optent aussi pour les solutions de mobilités personnels de la société. Mais aussi de l'"upselling", c'est-à-dire de la fertilisation de contrats. L'entreprise prévoit également de "monétiser" l'audience des utilisateurs auprès de ses partenaires commerçants.

Le groupe compte faire passer le revenu par utilisateur de 46 euros à l'heure actuelle à 70 euros en 2030.

Pour y parvenir, Edenred effectuera des investissements de 1,8 milliard d'euros en produits et technologies, entre 2026 et 2028. "Il y aura de l'IA et de la data partout", a assuré Bertrand Dumazy.

Au-delà des grandes lignes du plan stratégique, le PDG d'Edenred a donné quelques éléments de contexte autour des risques régulatoires.

Le dirigeant a expliqué que sur l'ensemble du chiffre d'affaires opérationnel de la société, 59% évoluait sur des marchés non régulés. Les 41% restant se situent sur des programmes alimentaires ('meal and food'). Sur ces 41%, trois pays ont "reparamétré" ou vont "reparamétrer" le cadre légal: l'Italie (9%), la France (7%) et le Brésil (10%). Dans le cas du Brésil, Bertrand Dumazy a rappelé que les discussions impliquaient 110 acteurs et duraient depuis maintenant trois ans.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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