(BFM Bourse) - Un peu plus d'un mois après avoir fait état de difficultés inattendues dans le déploiement commercial d'une micro-pompe à insuline destinée à éviter aux patients diabétiques de multiples injections quotidiennes, Cellnovo a demandé l'ouverture d'une procédure de liquidation judiciaire. L'essentiel des actifs étant déjà l'objet d'un nantissement, aucune offre de reprise de la société n'a été formulée.

Au moins, la descente aux enfers de Cellnovo aura-t-elle été brève, mais la désillusion est amère pour les investisseurs -dont de nombreux spécialistes de renom tels le fonds britannique Advent, le français Omnes Capital, le néerlandais Forbion, ainsi qu'Amundi PEF, Air Liquide Ventures ou encore la Norges Bank- qui ont à un moment ou un autre misé sur la société.

Après plus de dix années de recherche et développement, ayant nécessité des dizaines de millions d'euros d'investissements, une introduction en Bourse à plus de 10 euros l'action en 2015, un remaniement à la tête de l'entreprise, et surtout beaucoup de déceptions, l'entreprise devrait sous peu être liquidée. Cellnovo s'est en effet déclarée vendredi en cessation de paiement et demandé auprès du Tribunal de commerce de Paris l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire sans poursuite d’activité.

La recherche de repreneurs et/ou de financement initiées avec le soutien d'un conciliateur nommé dans le cadre de la procédure collective de droit anglais ouverte pour Cellnovo Limited (la filiale opérationnelle détenant l'essentiel des actifs) n'a en effet pas abouti, ce qui n'est guère étonnant dans la mesure où les actifs valorisables, les brevets notamment, avaient été nantis au profit de Kreos Capital, en garantie du financement consenti l'année dernière par ce fonds.

Le Tribunal de se prononcera le 9 mai.

Après de nombreuses déceptions -à commencer par l'échec à faire homologuer son produit aux Etats-Unis, alors que Cellnovo comptait attaquer ce marché essentiel en 2017- la société avait fait renaître l'espoir en annonçant un net rebond des ventes au dernier trimestre 2018. "Les performances et l’expérience utilisateur améliorées du système Gen 3 [la dernière version de la micro-pompe], qui apportent une véritable valeur ajoutée aux patients et aux soignants, nous permettent d’anticiper une croissance forte en 2019 dans un marché toujours aussi important et dynamique", indiquait alors la directrice générale, citée dans un communiqué.

Mais en mars, revirement complet : si cette la version a reçu un bon accueil de la part des patients, "la robustesse encore limitée du système Gen3, inhérente à toute solution innovante, a toutefois induit un coût de service plus élevé qu’attendu pour les partenaires distributeurs, qui freine un déploiement immédiat à grande échelle de la nouvelle solution". En d'autres termes, le coût du SAV était prohibitif pour les distributeurs, et Cellnovo a reconnu n'être pas en mesure de mettre au point une nouvelle version avant la fin de l’année au plus tôt. Un délai que le bilan de la société, déjà très tendu, ne permettait pas de supporter.

Au bout du compte, seuls 1500 patients auront pu bénéficier de la micro-pompe Cellnovo, un chiffre bien loin des ambitions initiales, malgré ses avantages certains (encombrement et poids limités, absence de tubulure, possibilité de se doucher avec...), dans un contexte de forte intensité concurrentielle et de pression sur les prix. Quant à l'action, elle a perdu près de 99% de sa valeur, avant même l'annonce du projet de liquidation.