(BFM Bourse) - Le consortium fondé en 2017 par Carbios et L'Oréal va accueillir désormais Nestlé Waters, PepsiCo et Suntory Europe (Orangina-Schweppes). Grands utilisateurs de plastique PET, matériau aujourd'hui pétrosourcé, ces industriels vont mettre leur poids dans la balance pour convaincre la filière d'adopter la technologie développée par Carbios, permettant de recycler près de 100% des polyéthylènes.
Après le géant des cosmétiques L'Oréal, trois des plus grands producteurs mondiaux de boissons non-alcoolisées ont décidé de soutenir les efforts de la petite société clermontoise, Carbios, à l'origine d'un procédé de recyclage du PET (polyéthylène téréphtalate, le plastique des bouteilles qui a supplanté le PVC à partir des années 1990). Nestlé Waters, PepsiCo et Suntory, qui figurent parmi les principaux consommateurs de ce matériau -transparent, flexible et résistant tout en étant plus léger que les plastiques utilisés auparavant, diminuant le coût de transport- ont rejoint ce consortium "qui vise à faire de l’économie circulaire des plastiques une réalité industrielle". Dans la foulée, l'action Carbios grimpe de 14,17% à 8,38 euros, traduisant une capitalisation boursière de 39 millions d'euros.
Le marché du PET est évalué à 70 millions de tonnes produites dans le monde chaque année, dont un tiers environ pour l'emballage et le conditionnement (bouteilles mais aussi barquettes, flacons etc.) et deux tiers pour les fibres en polyesters (laine polaire). Or, le recyclage est presque absent pour les fibres, et reste encore très partiel dans l'emballage, se limitant essentiellement aux bouteilles, avec des taux de recyclage très variables d'un pays à l'autre. En effet, explique Martin Stephan, le directeur général adjoint de Carbios, les procédés actuels de recyclage de type thermomécanique (broyage et chauffage) posent d'importantes limites, que ce soit en quantité de PET recyclé ou en qualité. "Il est presque plus approprié de parler de réutilisation que de recyclage, car avec ces moyens le PET peut difficilement être recyclé 5 ou 6 fois avant de perdre ses propriétés", explique le spécialiste, qui a effectué toute sa carrière dans l'industrie chimique avant de rejoindre Carbios en 2017.
La technologie unique développée par Carbios se fonde sur l'utilisation d'enzymes spécifiques qui permettent de recycler plus largement les plastiques PET et les fibres polyester que n'importe quelle autre technologie. "Schématiquement, en combinant la science des enzymes et la science des plastiques, nous cassons la chaîne moléculaire du polymère pour retrouver les monomères d'origine, à partir desquels ont peut refaire indéfiniment du plastique avec les mêmes qualités que la pétrochimie", détaille Martin Stephan. Ainsi, n'importe quel type de déchet PET peut donner naissance à n'importe quel matériau de PET: "Vous pouvez produire par exemple des bouteilles vertes, que votre matériau provienne de déchets de PET transparent, opaque, amorphe, pigmenté, issu de fibres de laine polaire bleue, des barquettes noires ou des bouteilles rouges - peu importe".
Selon les termes de l'accord, d’une durée de quatre ans, les partenaires du consortium ambitionnent d’industrialiser la technologie Carbios et ainsi d’accroître la disponibilité des plastiques recyclés de haute qualité, pour accompagner leurs engagements en matière de développement durable en regard, notamment, des objectifs de la Commission européenne qui ambitionne 70% de plastiques recyclés d'ici 2025 (tous plastiques confondus).
Dans le cadre de cette collaboration, des étapes techniques et un soutien sont prévus pour mettre en place un bon approvisionnement des plastiques PET 100% recyclés au niveau mondial.
"Cela ne se fera pas tout seul et nous avons bien conscience de l'énorme travail que cela représente", a souligné Martin Stephan, interrogé par BFM Bourse. "Mais en réunissant ces quatre acteurs, un leader des cosmétiques et trois leaders des boissons embouteillées originaires des Etats-Unis, de l'Europe et de l'Asie, il est certain que nous irons beaucoup plus vite ! Carbios a beaucoup d'ambitions mais nous ne sommes encore qu'un groupe de vingt personnes à Clermont-Ferrand... Il est évident que pour aller discuter et convaincre des éco-organismes, des politiques ou des collecteurs de déchets, le consortium aura beaucoup plus de poids".
"Cela montre que des groupes de cette taille là nous font confiance, croient à la technologie et font tout pour que l'industrialisation aboutisse le plus vite possible". Carbios entend débuter cet été la construction d'une usine pilote à Saint-Fons, au sud de Lyon, qui devrait ainsi produire effectivement à partir de fin 2020 ou 2021. L'objectif de ce site sera de démontrer que le procédé est extrapolable à une échelle industrielle.
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