(BFM Bourse) - Le fabricant d’armes factices, sous licence des principaux armuriers mondiaux, a depuis sa reprise par le fonds d’un groupe d’entrepreneurs français réduit sa dette de près de 70% grâce aux efforts consentis par ses banquiers et ses actionnaires. La nouvelle direction s’attaque désormais à la dette obligataire à haut rendement émise en octobre 2010. Avec un argument de poids pour ses détenteurs…
Cybergun veut desserrer le fardeau de la dette obligataire d’un montant de 9 millions d’euros, émise en 2010 (soit avant la reprise du groupe par de nouveaux investisseurs). Le groupe demande aux détenteurs de ces obligations de passer l’éponge sur l’essentiel du solde dû. Une assemblée générale se tiendra le 16 juillet. La cotation des obligations était suspendue lundi matin. Le cours de l'action cédait de son côté 9,48% à 10,5 centimes, le projet témoignant de la situation toujours compliquée de l'entreprise en termes de bilan.
Après avoir mis fin à des diversifications hasardeuses (dans le jeu vidéo par exemple), réduit ses effectifs, et mis l’accent sur le marché militaire, Cybergun estime aujourd’hui que son retournement "est en bonne voie au plan opérationnel avec des perspectives sérieuses" mais que sa situation financière doit encore être stabilisée afin de réaliser au cours des prochaines années les investissements nécessaires pour mener à bien le développement du département militaire (estimés à environ 1 million d’euros par an sur les trois prochains exercices), et soutenir la politique d’innovation sur le marché civil. Dans le même temps, "Cybergun doit composer avec des moyens de financement limités", déplore la société dans un communiqué. L’entreprise ne peut en effet pratiquement compter que sur le soutien de ses actionnaires de référence via le fonds Restarted Investments de Claude Solarz (vice-président de Paprec) associé à Hugo Brugière (DG de Cybergun). Depuis 2014, ils ont apporté aux caisses de l’entreprise 8 millions d’euros via des apports en comptes courants. L’alternative, ce sont des instruments financiers, comme des OCEANE (obligations convertible ou échangeable en actions nouvelles ou existantes) le cas échéant assorties de BSA (bons de souscription d'actions), avec l’inconvénient d’une dilution significative.
Rééquilibrer le bilan de la société
Certes, les différentes mesures et efforts mis en place ont déjà permis de réduire considérablement le montant de la dette globale de 52,3 millions d'euros (à la fin de l'exercice 2012-2013 avant la reprise) à 16,5 millions d'euros à la fin 2017-2018. Reste qu' "afin de retrouver un accès aux crédits bancaires et résoudre durablement la question de son financement, Cybergen doit finaliser le rééquilibrage de son bilan encore aujourd'hui pénalisé par la dette obligataire non convertible (9 millions d’euros en principal à échéance octobre 2020 avec des coupons annuels de 5% en 2019 et de 10% en 2020), émise en octobre 2010 par l’ancienne équipe".
En dehors d’un report de la date d’échéance consenti en 2014, en contrepartie d’un renchérissement du coupon, "les obligataires sont les seuls à ne pas avoir participé à l’effort de restructuration dans le cadre du plan de retournement, alors que toutes les autres parties prenantes ont consenti d’importantes concessions : les salariés avec les fermetures de filiales et les réductions d’effectifs, les fournisseurs par la renégociation des termes de paiement, les banques avec une cession décotée de leur créance, les actionnaires par un apport de plus de 8 millions d’euros et une très importante dilution", fait valoir Hugo Brugière.
Vers une suspension du paiement des coupons
Concrètement, le groupe demande donc aux porteurs obligataires de renoncer à une partie de leur créance : la firme va proposer un remboursement partiel anticipé, soit à hauteur de 20% du montant nominal (intégralement en numéraire) soit de 30% du nominal (dont 15% en numéraire et 15% en actions), contre un abandon du solde de leur créance. Dans la mesure où les coupons versés depuis l’émission représentent près de 45% de la valeur nominale, les obligataires auraient récupéré entre 65 et 75% de la valeur nominale en cas d’accord (sur le marché secondaire, l’obligation "CYBO" s’échangeait 69% du nominal vendredi).
Une assemblée générale des porteurs sera appelée à se prononcer en ce sens le 16 juillet, avant la date prévue du prochain coupon. Les obligataires sont toutefois prévenus : Cybergun "entend suspendre le paiement des coupons à venir". Pour la société, l’apurement de la dette obligataire permettrait une économie de 300.000 euros d’intérêts cette année et 700.000 euros en 2020, soit 1 million d’euros au total.
Recevez toutes les infos sur CALIBRE (ex-CYBERGUN) en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email