(BFM Bourse) - La banque de la rue d'Antin a annoncé dimanche le rachat de la participation du conglomérat Fosun dans l'assureur belge Ageas, pour un montant de 730 millions d'euros.

Il y a du mouvement, ces derniers jours, dans les portefeuilles d'actifs des grandes banques françaises. Alors que Société Générale a accéléré le rythme de cessions, avec deux opérations annoncées coup sur coup la semaine passée, BNP Paribas muscle sa présence en Belgique, ce lundi.

La banque de la rue d'Antin a annoncé dimanche la signature d'un accord avec le conglomérat chinois Fosun pour lui racheter sa participation d’environ 9% détenue dans le groupe d'assurances belge Ageas.

Cette annonce dominicale ne constitue pas une surprise en soi, puisque Bloomberg avait révélé mi-mars des discussions entre le conglomérat et la banque française.

L'agence de presse rapportait que Fosun était bien déterminé à vendre cette participation en vue de réduire son endettement hérité d'une série d'acquisitions ces dernières années.

Confirmée ce week-end, cette transaction sera réalisée par l'intermédiaire de la filiale BNP Paribas Cardif pour un montant "d'environ 730 millions d'euros", alors que la capitalisation boursière d'Ageas s'élevait à un peu plus de 8 milliards d'euros, vendredi soir à la Bourse de Bruxelles.

Une acquisition en deux temps

L’acquisition sera réalisée en deux tranches. BNP Paribas Cardif montera à 4,8% du capital Ageas dans les prochains jours. Le solde, soit 4,2%, sera acquis par la filiale de BNP Paribas après obtention des autorisations réglementaires requises.

Cette vente "met enfin un terme à des mois de spéculation et élimine l''overhang' de Fosun [risque d'afflux de titres sur le marché, NDLR], qui a pesé sur l'action Ageas pendant plus d'un an et demi", indique KBC Securities cité par Reuters. Les analystes de l'établissement financier ont aussi ajouté que cette vente ne constituait pas "une surprise totale", compte tenu des difficultés financières de Fosun, en quête d'argent frais.

Dans un communiqué séparé, Ageas dit avoir "pris acte" de l'entrée de BNP Paribas à son capital et se dit heureux de "constater que BNP Paribas reconnaît, à travers cet investissement, la valeur de son partenariat à long terme et le potentiel de l'entreprise pour l'avenir".

Ageas est un acteur de premier plan, puisqu'il est le numéro un de l’assurance vie et le numéro deux en non-vie en Belgique avec sa marque AG Insurance. Ageas indique sur son site internet que près d’un ménage belge sur deux est client d’AG Insurance.

BNP Paribas rappelle d'ailleurs que son partenariat avec Ageas se "matérialise par un accord de distribution exclusive en assurance vie et non-vie entre AG Insurance (AGI) et BNP Paribas Fortis et par une participation de 25% (plus une action) de ce dernier dans AGI".

La banque française précise au passage que cette prise de participation du groupe BNP Paribas dans Ageas "ne modifie en rien les modalités de ce partenariat historique et stratégique".

Ageas est aussi présente au Portugal, Turquie et Royaume-Uni mais aussi sur les marchés asiatiques, notamment en Chine, Malaisie, Thaïlande, Inde, Philippines et Vietnam.

Pour BNP Paribas, cette cession aura un "impact marginal" sur le ratio de solvabilité CET 1 (les fonds propres rapportés à l'encours pondéré des risques) de 2 points de base, soit 0,02 point de pourcentage.

A la Bourse de Paris, BNP Paribas affiche une progression contenue, de 0,6% à 65,76 euros ce lundi. Depuis le début de l'année, les gains sont aussi timides puisque l'action banque de la rue d'Antin ne s'adjuge que 5%.

Le meilleur reste à venir pour Goldman Sachs

La valeur a largement sous-performé son indice européen sectoriel de référence, c'est-à-dire l'euro Stoxx Banks, de plus de 30% depuis début 2022 et de 14% environ depuis le début de 2024, avait pointé Goldman Sachs dans une note publiée fin mars.

Cette sous-performance est due au fait que les banques françaises bénéficient bien moins des hausses de taux que leurs consœurs de la zone euro pour de multiples raisons (crédits majoritairement à taux fixe ce qui décale l'impact des hausses de taux, coûts accrus des dépôts dus à la hausse des livrets d'épargne réglementés). Elle s'explique aussi par la publication en début d'année de mauvais résultats au quatrième trimestre 2023.

Toutefois, Goldman Sachs considère que les années à venir seront plus porteuses pour BNP Paribas, ce qui a motivé le relèvement de sa recommandation à l'achat. L'établissement financier américain avait alors jugé qu'elle devrait publier un bénéfice meilleur qu'attendu en 2024 et atteindre ses objectifs 2025 et 2026. La banque publiera ses résultats du premier trimestre le jeudi 25 avril.