(BFM Bourse) - Témoignant d'un retour à meilleur fortune pour ses activités de marché, les résultats trimestriels dévoilés par BNP Paribas emmènent le titre du géant bancaire tricolore à la tête du CAC 40 jeudi matin.

Vers 11h45, le titre BNP Paribas s'adjuge 3,1% à 48,9 euros, soit la plus forte hausse de l'indice phare de la Bourse de Paris jeudi matin, après avoir fait état de résultats supérieurs aux attentes pour le compte du premier trimestre de l'exercice 2019. Cette nouvelle avancée, à rebours du marché parisien dans son ensemble, ramène la capitalisation du géant bancaire de la zone euro à un plus haut depuis mi-octobre 2018. Également à noter, le titre BNP Paribas avance désormais de près de 24% depuis le début de l'année, surperformant nettement l'indice Euro Stoxx Banks -qui regroupe 26 valeurs bancaires européennes- qui progresse de 17% depuis le 1er janvier.

Un premier trimestre supérieur aux attentes

La banque française, deuxième capitalisation de son secteur en zone euro derrière l'espagnol Santander, a indiqué avoir dégagé un bénéfice net part du groupe de 1,918 milliard d'euros sur les trois premiers mois de l'année, contre 1,567 milliard lors de l'exercice précédent, ce qui correspond à un bond de 22% sur un an glissant. "Le consensus compilé par BNP Paribas prévoyait un résultat net part du groupe de 1,8 milliard d'euros" précise Johann Scholtz, analyste chez Morningstar en charge du dossier. Ce résultat est toutefois soutenu par la plus-value tirée de la vente en mars de 14,3% de l'assureur indien SBI Life d'un montant de 838 millions d'euros et, retraité des éléments exceptionnels et comptables, le bénéfice ressort quasiment stable sur un an (-0,2%) mais reste "supérieur de 14% au consensus" indique Johann Scholtz.

"L'élément le plus notable de cette publication trimestrielle, pour nous, est la forte croissance [+3,9% à périmètre constant, NDLR] des revenus du groupe à 11,1 milliards, assez largement supérieure au consensus (compilé par BNP Paribas) qui prévoyait un produit net bancaire de 10,7 milliards d'euros" ajoute l'analyste de Morningstar. Le consensus Infront Data pour Reuters anticipait même, en moyenne, une baisse de 1,4% des revenus à 10,645 milliards d'euros, assortis d'un bénéfice net en hausse de 9,33% à 1,71 milliard d'euros, des prévisions assez largement en-deçà des résultats présentés par BNP Paribas.

Le groupe "réalise un bon niveau de résultat ce trimestre" avec des revenus en hausse, et "notamment une reprise de l'activité de la clientèle de CIB (banque de financement et d'investissement du groupe (BFI en français, ndlr)", a souligné le directeur général Jean-Laurent Bonnafé, cité dans un communiqué. "Dans notre note précédente, nous exprimions nos réserves quant à la capacité du groupe à faire croître ses revenus pour atteindre ses objectifs à horizon 2020" indique Johann Scholtz, pour qui la robuste croissance observée au premier trimestre est donc "une bonne surprise".

La BFI surprend positivement

Après avoir souffert en 2018, à l'instar de ses homologues européennes, de conditions de marché très difficiles, BNP Paribas avait décidé, en février dernier; de procéder à une revue stratégique de sa division "Banque de financement et d'investissement (BFI)" afin d'identifier les activités les moins rentables et les moins stratégiques. La banque avait ainsi été contrainte de réviser à la baisse ses objectifs financiers à horizon 2020 et relevé son plan d'économies à 3,3 milliards d'euros contre 2,7 milliards initialement prévus, la BFI étant alors désignée comme la division devant fournir le plus d'efforts (avec notamment l'arrêt des activités de négoce pour compte propre de sa filiale Opéra Trading ainsi que des opérations de dérivés sur matières premières aux Etats-Unis). Cette dernière a donc retrouvé des couleurs au premier trimestre 2019, avec des revenus en hausse de 3,5% à 3 milliards d'euros.

"La division BFI est un peu le paquet surprise de cette publication" estime Johann Scholtz, qui note que celle-ci a sensiblement battu le consensus qui tablait sur des revenus de 2,8 milliards d'euros sur les trois premiers mois. En outre, le résultat d'exploitation de la BFI s'est établi à 513 millions d'euros et a également largement battu le consensus de 374 millions d'euros" ajoute le spécialiste du dossier. Le premier trimestre a également été marqué par un retour à meilleur fortune pour les activités de marché du groupe (dites "Global markets", qui regroupent "titres, devises et matières premières" (+32%) et "opérations sur capitaux propres" (-29%)) ont progressé de 1,7% à 1,52 milliard d'euros entre janvier et mars après avoir plongé de 39% au quatrième trimestre 2018.

Assurance et crédit à la consommation portent la performance commerciale

Si la banque d'investissement se porte mieux, les activités commerciales du groupe dites "Retail banking & services" et qui regroupent les réseaux français et internationaux ne sont pas en reste. Les revenus de cette division ont en effet augmenté de 4,7% sur un an, à 8,1 milliards d'euros, et de 4,2% par rapport au dernier trimestre, tirés notamment par les activités de crédit à la consommation et d'assurance (+10% à 4,3 milliards d'euros).

Plus contrastés, les revenus du pôle "Domestic markets", sont restés stables à 3,9 milliards d'euros, en raison des taux d'intérêts toujours très bas qui réduisent les marges des établissements bancaires. Cette performance est également entravée par l'ampleur et les coûts de la transformation initiée pour s'adapter à la transformation numérique, le groupe ayant fermé 289 agences en France depuis fin 2016.

Enfin, BNP Paribas, qui a d'ores et déjà réalisé environ 40% de son objectif total d'économies, se targe de "dégager un effet ciseau positif", c'est à dire que la progression des frais du groupe (notamment liée au recentrage stratégique du groupe ainsi qu'aux restructurations liées aux acquisitions d'Opel Bank et de la branche polonaise Raiffeisen Bank) moins rapide que celle de ses revenus.