(BFM Bourse) - La société lyonnaise escompte une diminution sensible de ses dépenses d'exploitation cette année, dans la mesure où les investissements liés au lancement commercial de sa poudre hémostatique Hemoblast Bellows sont derrière elle. Mais le bilan de Biom'up est sorti des clous convenus avec son principal créancier, et l'entreprise n'est pas sûre de trouver d'autres sources de financement.

Douche écossaise pour Biom'up. La société lyonnaise de technologies médicales qui vise à devenir un acteur majeur du marché des produits hémostatiques (utilisés lors d'opérations chirurgicales pour maîtriser les saignements) avait envoyé ces dernières semaines des signaux favorables, comme de premières ventes conclues aux USA sur le segment des chirurgies par cœlioscopie et l'obtention d'un feu vert préliminaire de l'agence américaine pour Hemosnow, une version ciblant les saignements de moindre gravité. Mais mardi avant Bourse, la firme fondée en 2005 par le docteur Christian Gagnieu a fait état, à l'occasion de ses résultats annuels, d'une situation préoccupante au plan financier. Le titre chutait de 8,18% après une heure de cotations, à 3,59 euros, retombant ainsi au plus bas depuis deux mois.

Au cours de l'exercice 2018, Biom'up a enregistré un chiffre d'affaires de seulement 1,176 million d'euros, contre 1,766 million en 2017, en raison de l'arrêt de la vente de ses produits historiques (matériaux chirurgicaux Cova et Matribone). Les produits hémostatiques de la gamme Hemoblast sur lesquels la société a choisi de se recentrer exclusivement ont généré de leur côté 627.000 euros de revenus, certes en nette hausse par rapport à 2017 (189.000 euros) mais encore terriblement insuffisants par rapport aux charges opérationnelles, lesquelles ont explosé à 38,9 millions d'euros, contre 18,2 millions en 2017. Des charges principalement liées à la mise en place d'une infrastructure commerciale aux États-Unis et en Europe ainsi que ceux destinés à l'accroissement des capacités de production de l'usine française, ayant permis d’atteindre une capacité maximale de 4000 unités par mois à fin décembre (avec une montée en puissance prévue à 7000 puis 9000 unités mensuelles à la fin 2019).

Ces pertes ont entraîné, en dépit des 51 millions d'euros encaissés lors de deux augmentations de capital et de deux tirages d’un emprunt obligataire (assorti de bons de souscription d’actions) souscrit auprès d’Athyrium une diminution de la trésorerie disponible, à 30,6 millions d'euros, à comparer à 33 millions fin 2017. Une partie de l'émission obligataire réalisée auprès d'Athryium a été utilisée pour rembourser un prêt de Kreos Capital, pour 7,6 millions d'euros intérêts et pénalités inclus.

Et si Biom'up prévoit que ses dépenses d’exploitation diminueront sensiblement cette année, dans la mesure où la plupart des dépenses non récurrentes liées au lancement commercial d’Hemoblast Bellows sont derrière elle et où ses dépenses devraient désormais progresser seulement à proportion de la croissance des revenus, la société indique qu'elle continuera d’avoir besoin "d’importantes ressources financières pour couvrir ses activités d’exploitation et d’investissement prévues". "Compte tenu de l’incertitude significative liée à la recherche de nouvelles sources de financement et des conséquences d’un dépassement du ratio de liquidité minimal prévu par l’emprunt obligataire Athyrium [d'un montant total de 28 millions d'euros, NDLR], la société pourrait faire face à un risque de continuité d’exploitation de ses activités", reconnaît-elle dans son communiqué, avertissant que les commissaires aux comptes mentionneront ce risque dans les états financiers annuels.

En outre, et sans en préciser la raison, l'entreprise indique que si le chiffre d'affaires devrait s'établir "en forte croissance" en 2019, l'objectif d'atteindre une part de marché de 15% aux États-Unis et dans les principaux pays européens en 2022 est repoussé à 2023 (contre 2022 initialement).