par Patrick Rucker et Jonathan Stempel
WASHINGTON (Reuters) - Bank of America a été renflouée à hauteur de 20 milliards de dollars par le gouvernement américain qui va également couvrir ses pertes potentielles sur des actifs toxiques jusqu'à près de 100 milliards de dollars afin de l'aider à absorber la banque d'investissement Merrill Lynch.
Dans le secteur bancaire, Bank of America devient ainsi le plus gros bénéficiaire d'aide publique après Citigroup, l'administration américaine ayant été contrainte de venir à la rescousse des banques avec des injections massives de liquidités après l'effondrement du marché des "subprimes" (crédits à risque).
Bank of America avait déjà reçu en octobre 25 milliards de dollars issus du plan Tarp (Troubled Asset Relief Program) d'aide au secteur financier. Le fait que le gouvernement soit une nouvelle fois contraint de venir à son secours semble suggérer que la crise financière qui a commencé il y a 18 mois n'est toujours pas réglée.
Dans le cadre d'un plan d'urgence annoncé par le département du Trésor, la Réserve fédérale et la Federal Deposit Insurance Corp (FDIC), Washington apportera 20 milliards de dollars à la première banque américaine en échange de 24 milliards de dollars d'actions préférentielles. Ces fonds seront puisés dans le premier volet du plan Tarp, a précisé un responsable du gouvernement.
L'Etat fédéral a également accepté de partager les pertes éventuelles sur les actifs toxiques repris par BofA lors du rachat de Merrill Lynch, négocié en septembre et finalisé le 1er janvier pour un montant estimé de 19,4 milliards de dollars. Il s'agit principalement d'actifs liés à des crédits immobiliers.
Selon les termes de l'accord conclu entre BofA et les autorités, la banque prendra à sa charge les premières pertes à hauteur de 10 milliards de dollars sur un ensemble de 118 milliards d'actifs jugés "toxiques". Le gouvernement prendra ensuite à sa charge les 10 milliards de dollars suivants. Les autorités couvriront 90% de toutes les autres pertes éventuelles, les 10% restant seront à la charge de BofA.
BOFA VA RÉDUIRE SON DIVIDENDE, LIMITER LES RÉMUNERATIONS
En échange de cette aide, Bank of America a accepté de ramener son dividende à un cent par action contre 32 cents et de limiter les rémunérations de ses dirigeants, des concessions similaires à celles exigées de Citigroup lors de son renflouement en novembre. Le dividende ne pourra pas être augmenté au cours des trois prochaines années sans l'accord du gouvernement.
Citigroup et Bank of America ont chuté lourdement à Wall Street jeudi en raison des doutes concernant leur capacité à survivre à d'importantes pertes de crédit.
Le titre Bank of America a terminé la séance en baisse de 1,88 dollar, ou 18,4%, à 8,32 dollars, après avoir touché son niveau le plus bas depuis plus de 17 ans. Citigroup a perdu 15,4% à 3,83 dollars.
Les investisseurs pourront se faire une idée plus précise vendredi de la situation des deux banques qui publient toutes les deux leurs résultats dans la journée.
Les experts s'attendent à ce que Citigroup publie une perte très importante et Bank of America, qui communiquera ses résultats à 07h00 (12h00 GMT), pourrait également annoncer une perte. Les deux établissements ont avancé la publication de leurs résultats.
Bank of America a conclu le rachat de Merrill Lynch sans avoir à solliciter l'aide du gouvernement mais l'environnement économique s'est sensiblement dégradé depuis le 15 septembre, date à laquelle l'accord a été conclu après 48 heures de négociations dans l'urgence. Au cours de cette même matinée, la banque Lehman Brothers Holding a déposé le bilan.
Elle a demandé l'aide des pouvoirs public face aux pertes de crédit croissantes de Merril Lynch.
Version française Gregory Schwartz et Gwénaëlle Barzic
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