(BFM Bourse) - Le groupe d'ingénierie français spécialisé dans le nucléaire a dévoilé des résultats 2024 moins dégradés que redouté. Mais les perspectives 2025 présentées par Assystem sont jugées timorées par le marché qui ne manque pas de sanctionner cette timide feuille de route.

En février, Assystem avait dévoilé un chiffre d'affaires très légèrement supérieur aux attentes du marché.

Mardi 18 mars, Assystem a dévoilé après la clôture du marché l'intégralité de sa performance financière au titre de l'année 2024, une publication qui n'a pas réservé de "grande surprise", selon Invest Securities.

Au titre de l'année écoulée, le résultat opérationnel d'activité (EBITA) consolidé d'Assystem se situe à 40,3 millions d'euros, et progresse de 7,8% sur un an. Grâce à une "meilleure occupation des ressources en France", la marge correspondante d'Assystem progresse sur un an pour s'établir à 6,6% contre 6,5% sur l’exercice 2023, dépassant ainsi sa propre cible de marge logée à 6,5% pour l'année écoulée.

Une lecture du résultat net brouillée par les exceptionnels

Assystem fait légèrement mieux que prévu. Le consensus cité par Invest Securites tablait sur un résultat opérationnel d'activité de 39,8 millions d'euros pour une marge de 6,5%.

"Alors que la marge d’EBITA progressait de 0,6 point de pourcentage au premier semestre 2024, Assystem est parvenu à limiter l’érosion de la marge à 0,3 point de pourcentage au second semestre 2024 malgré le ralentissement de l’activité", apprécie l'intermédiaire financier.

Un peu plus bas dans les comptes, le résultat net part du groupe chute fortement pour s'établir à 8,3 millions d'euros contre 102 millions d'euros en 2023. Le consensus espérait une dégradation beaucoup moins prononcée et attendait pour sa part un résultat net part du groupe de 18,2 millions d'euros en 2024.

La lecture de cet indicateur est quelque peu perturbée par des éléments exceptionnels. Le bénéfice d'Assystem a en effet été entaché entre autres d'une charge de 17,7 millions d'euros liée au plan d’actions gratuites et d'une contribution négative à hauteur de 9,6 millions d'euros d’Expleo, une division qui regroupe les activités périphériques de conseil en technologie d'Assystem.

À fin 2024, la dette nette a été réduite à 49,3 millions d'euros, et ressort inférieure au consensus logé à 53,8 millions d'euros. "Grâce à une nette amélioration du besoin en fonds de roulement au second semestre 2024 (31 millions d'euros, soit 4 millions d'euros sur l’ensemble de l’année), le groupe est parvenu à générer un flux de trésorerie libre (FCF) selon une norme appliquée par la société de 30 millions d'euros (+47%)", détaille Invest Securites.

L'intermédiaire financier ajoute que cette génération de trésorerie combinée au produit de 194 millions d'euros issu de la cession de Framatome a permis de financer le dividende à hauteur de 186 millions d'euros, les rachats d’actions (21 millions d'euros) et les acquisitions (12 millions d'euros).

Le groupe proposera le paiement d’un dividende ordinaire stable à 1 euro par action, sous réserve de l’approbation de l'assemblée générale des actionnaires qui se tiendra en mai prochain.

Une prudence pour 2025

Pour l'année en cours, Assystem opte pour la prudence, citant les "tendances observées en ce début d'exercice", et un "environnement incertain". Le groupe table donc pour 2025 sur une légère croissance organique de son chiffre d'affaires et une stabilité de la marge opérationnelle d'activité.

La société précise que ces perspectives excluent l'acquisition réalisée en janvier 2025 de Mactech Energy Group, une entreprise britannique spécialisée dans les services à la construction pour l’industrie nucléaire, ayant généré un chiffre d’affaires d’environ 16 millions de livres sterling en 2024.

Cette prudence est vivement sanctionnée à la Bourse de Paris. Assystem essuie l'une des plus fortes baisses du marché parisien, plongeant de 11,2% à 37 euros ce mercredi 19 mars.

Mi-janvier, Oddo BHF avait déjà manifesté sa prudence sur le dossier. Le bureau d'études avait dégradé son opinion à neutre sur le groupe d'ingénierie français spécialisé dans le nucléaire, justifiant cet abaissement par une absence de catalyseurs puissants pour le titre à court terme.

Le bureau d'études avait alors décrit l'orientation du cœur de métier d'Assystem comme "plus mitigée" à court terme, sur la base des déclarations de la direction du groupe. Oddo BHF avait aussi pointé des incertitudes sur Expleo, dont les comptes pourraient continuer de se "dégrader et peser (fortement) sur la bottom-line (résultat) d’Assystem à court terme".