(BFM Bourse) - Tensions en perspective à l'Assemblée Générale de la société de service après-vente de produits hightech ANOVO qui se tiendra le 30 juin à la Maison de la Chimie lors de laquelle des actionnaires contestataires entendent contester le projet d'augmentation de capital proposée par la direction. Richard Seurat, le PDG d'ANOVO fait le point sur la situation.
Tradingsat.com : A la fin du mois doit se tenir une assemblée générale importante dont les enjeux suscitent une vive polémique…
Richard Seurat : Le 30 juin est effectivement une date cruciale pour ANOVO. Nous proposons un projet de consolidation financière ouvert à tous les actionnaires et garanti par un investisseur privé. La société Genesis Partners (détenue par un investisseur privé Christian Guilbert) va souscrire à une augmentation de capital réservée par incorporation de créances de 15 millions d'euros. En parallèle, les actionnaires qui le souhaitent pourront exercer des Bons de souscriptions d'actions (BSA) qui vont leur être attribués gratuitement et qui leur permettra de participer à l'opération dans des conditions privilégiées. Enfin, nous avons négocié un étalement de la dette résiduelle.
Il ne vous aura sans doute pas échappé que le premier actionnaire d'ANOVO, Monsieur Jean de la Villardière, a apporté son soutien officiel au plan présenté par la direction du groupe. Je me réjouis, au nom du Conseil d'Administration, de cette prise de position qui prouve le bien fondé de notre démarche.
Tradingsat.com : Pourquoi cette opération est-elle nécessaire selon vous ?
Richard Seurat : Le groupe a prouvé que sa stratégie était bonne. Ses résultats s'améliorent. Le dernier exercice s'est terminé avec une marge opérationnelle de 3,3% à fin septembre 2008. On se situe à présent à 4,5% à fin mars 2009. C'est le fruit à la fois des restructurations achevées et du lancement des nouvelles offres à plus forte valeur ajoutée comme l'extension de garantie ou la régénération des produits. Mais le bilan est déséquilibré, il faut renforcer les fonds propres et remettre du cash dans la société qui doit rembourser en septembre une échéance de dette de 8,4 millions d'euros. L'opération proposée amènera jusqu'à 32 millions d'euros de fonds propres supplémentaires sur 2 ans.
Tradingsat.com : Les détracteurs de l'opération s'estiment spoliés à cause de la dilution qu'elle va entraîner.
Richard Seurat : L'augmentation de capital est nécessaire et urgente car elle sécurise nos clients et fournisseurs dans le contexte de leadership et de croissance du groupe. Toute augmentation de capital entraîne une dilution. Pour compenser cette dilution les actionnaires vont recevoir gratuitement des bons de souscription d'actions qu'ils pourront utiliser pour acquérir des actions à des prix de loin inférieurs au cours de Bourse d'ANOVO. Pour 10 actions détenues, l'exercice des BSA donnera droit d'acheter 19 actions nouvelles au prix unitaire moyen de 1,35 euro. Aux dernières nouvelles, l'action ANOVO vaut aujourd'hui plus de 5 euros ! Je vous rappelle que le cours de Bourse s'est envolé de 140% depuis l'annonce de l'opération le 5 décembre dernier.
Tradingsat.com : Quelle sera la situation financière d'ANOVO si la recapitalisation envisagée est mise en œuvre ?
Richard Seurat : De 75 millions d'euros, l'endettement sera ramené à 60 millions d'euros. Il était de 200 millions d'euros lorsque j'ai rejoins le groupe il y a six ans. Après exercice de la première série de BSA le gearing s'établirait à 0,8 fin septembre alors que la dette représente aujourd'hui 1,6 fois les fonds propres. Les frais financiers seraient abaissés autour de 1,5 million, contre 5 millions aujourd'hui. Ils seront ainsi parfaitement compatibles avec le cash flow d'exploitation et surtout les remboursements de dettes, qui seront abaissés à environ 2 millions par semestre contre 8,4 millions par an actuellement.
Tradingsat.com : Admettons cependant que les actionnaires votent contre l'augmentation de capital. Que se passera-t-il ?
Richard Seurat : Ça me paraît surréaliste de voir des actionnaires voter contre leurs intérêts. ANOVO serait alors probablement dans l'impossibilité de rembourser l'intégralité des 8,4 millions dus en septembre. On repartirait dans une procédure de mandat ad hoc afin de renégocier à nouveau la dette, ce qui pourrait poser problème pour l'activité de l'entreprise…sans parler du cours de Bourse.
Tradingsat.com : Les actionnaires frondeurs semblent pourtant déterminés, ils viennent de franchir les 15% du capital.
Richard Seurat : Leur seul projet : changer le management. Ce n'est pas une histoire d'hommes mais de recapitalisation. Combien mettent–ils sur la table aujourd'hui pour régler la problème de la dette ? J'ai confiance dans l'intelligence des actionnaires d'ANOVO. Il y a 6000 emplois en jeu ! L'opération est bonne pour l'entreprise, pour ses actionnaires. D'ailleurs Jean de la Villardière ne s'y est pas trompé en soutenant haut et fort l'opération.
Tradingsat.com : Supposons que la restructuration financière se passe bien, comment voyez-vous les perspectives d'ANOVO ?
Richard Seurat : Elles sont favorables puisque le métier d'ANOVO est de gérer des parcs de produits numériques et que nos nouvelles offres dans la revalorisation des produits numériques et les extensions de garanties répondent à l'air du temps : responsabilité environnementale et baisse du pouvoir d'achat. Comme les consommateurs achètent moins de produits, le parc « tourne » davantage. La tendance est donc plutôt positive même s'il convient de rester prudent vu l'état de la conjoncture économique.
Propos recueillis par François Berthon
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