(Cercle Finance) - 'Nous avons aujourd'hui un outil industriel qui est bien dimensionné'.
La société A Novo, leader en Europe et en Amérique du Nord de la logistique, de la maintenance, de la personnalisation et du Service Après Vente (SAV) des produits de Télécommunications et des Multimédia, vient de publier ses résultats annuels 2005/2006. Richard Seurat, le PDG, commente les performances de son groupe et précise sa stratégie.
Cercle Finance : Les résultats 2005/2006, marqués par le retour à la croissance organique doivent susciter chez vous une certaine satisfaction compte tenu du chemin parcouru depuis votre arrivée en février 2003. Quels éléments tenez vous à souligner de ces comptes annuels ?
Richard Seurat : Ma plus grande fierté est d'avoir permis le retour d'A Novo à la croissance organique et rentable, même si la profitabilité est moins élevée que prévu. En 2003, A Novo réalisait 450 millions de chiffre d'affaires dans 23 pays et sur dix métiers ; 47 acquisitions ont été faites entre 2000 et 2003, au moment des excès de 'la bulle Internet'. Aujourd'hui, A Novo est recentré sur un métier, le Service Après Vente (SAV) des produits de Télécommunications et des Multimédia ; 95% du chiffre d'affaires est réalisé dans six pays : Italie, France, Espagne, Royaume-Uni, Pays Nordiques, Etats Unis. Le groupe est entièrement recentré du point de vue métier et géographique. Le plus dur était de renouer avec la croissance et nous y somme parvenus, dans nos trois secteurs d'activité, les télécoms, les décodeurs et les écrans, et dans nos six régions. L'informatique, avec des clients comme HP et IBM, de même que les 'smartphones' dans les télécoms, constituent d'importants relais de croissance.
Cercle Finance : Vous visez 8 à 12% de croissance organique pour le nouvel exercice. Quelle visibilité avez vous sur l'évolution de vos marchés ?
Richard Seurat : Notre visibilité est assez bonne parce qu'autant il est difficile de générer de la croissance du fait de la taille des contrats visés, autant une fois signés, ces contrats montent progressivement en puissance. Nous avons par exemple mis du temps à signer avec Hewlett Packard puis à démarrer le 'business', mais l'activité avec ce client a notamment doublé en Espagne et devrait continuer à croître à un rythme soutenu. Notre croissance organique est passée de 0 à 12% en quatre trimestres, et je suis d'ores et déjà en mesure de vous dire qu'elle s'annonce plutôt à deux chiffres au premier trimestre 2006/2007. Nous bénéficions de notre stratégie qui a été de se positionner sur les opérateurs, de déployer une offre paneuropéenne et trans-technologique. Nous profitons à la fois de la très forte croissance de nos clients et des difficultés de nos concurrents. A Novo est le numéro un européen de son secteur avec plus de 70% de son chiffre d'affaires réalisé hors dehors de France. Le point positif qu'il faut également souligner, c'est que nous avons aujourd'hui un outil industriel qui est bien dimensionné par rapport à son marché, maintenant que sont achevées les deux principales restructurations de Malaga en Espagne, et Västeras en Suède.
Cercle Finance : Justement, les coûts de restructuration de ces sites ont empêché A Novo d'atteindre ses objectifs de marge de l'exercice 2005/2006. Pourquoi l'avertissement a t-il été aussi tardif ? Vos actionnaires sont-ils à l'abri d'une nouvelle déception de ce type?
Richard Seurat : Il ne s'agit pas de coûts inattendus mais de quelques chose qui était prévu. Nous avions provisionné un montant pour ces deux restructurations, et le coût finalement supporté s'est avéré deux fois supérieur. Nous ne prévoyons aucune restructuration supplémentaire cette année. Le fait que nous n'ayons averti le marché qu'au début du mois de novembre est lié à l'application des normes IFRS. Dans le cadre de restructurations de ce type, il y a beaucoup de provisions et de reprises de provisions, de telle sorte que nous ne pouvions à l'avance déterminer avec certitude quel serait exactement le montant à inscrire dans les comptes. Les longues négociations menées avec la région espagnole du site de Malaga nous ont cependant permis d'aboutir à un accord plus intéressant que prévu.
Cercle Finance : Il y a deux ans maintenant, vous aviez perdu un important contrat en Grande Bretagne. Pouvez vous nous dire où en est le risque client d'A Novo. Quelle part de votre activité représente votre plus gros client ?
Richard Seurat : Nous avons environ 60 à 70% de notre chiffre d'affaires réalisé auprès de dix clients. Notre plus gros client fait 7% de notre chiffre d'affaires. Nous sommes raisonnablement concentrés sans être exposés, sachant que le contrat que nous avions perdu il y a deux ans auprès de du câblo-opérateur NTL était lié au rachat de celui-ci par Telewest, qui un autre fournisseur pour ses services dans les décodeurs.
Cercle Finance : Vous avez réalisé l'acquisition de la société suédoise Engström en avril 2006. Peut on en déduire qu'A novo va renouer avec une politique active de croissance externe. Etudiez vous certains dossiers ?
Richard Seurat : Nous étudions certains dossiers. Nous allons faire des acquisitions mais de façon très ciblée à l'image de l'opération Engström. Le rachat de cette société découle d'une situation particulière en Suède. Ce concurrent détenait comme nous 40% du marché local. Son acquisition nous a donc permis d'obtenir une nette amélioration de notre 'pricing power'. Nous pouvons aussi éventuellement faire des acquisitions du type de celle effectuée auprès de Thomson à Angers dans les écrans plats, qui nous a permis d'acquérir un savoir faire que l'on vend à d'autres. Aujourd'hui, Thomson ne représente plus que 30% de l'activité du site. A un horizon de trois ans, l'idéal serait que nous fassions 10% de croissance organique et 10% de croissance externe avec une marge opérationnelle normative de l'ordre de 6 à 7%.
Cercle Finance : Pouvez vous garantir que le retour à la croissance externe ne conduira pas le groupe à la situation qui était la sienne fin septembre 2002, lorsque son endettement atteignait près de 200 millions d'euros ?
Richard Seurat : Nous avons aujourd'hui un gearing de 1,2 avec une dette de 73 millions d'euros et des fonds propres de 60,8 millions d'euros. Notre situation financière est devenue suffisamment satisfaisante pour nous permettre d'abandonner le PACEO dont nous n'avons plus l'utilité. Nous souhaitons ramener notre gearing autour de 1, ce qui suppose que nos acquisitions n'affecteront pas notre situation financière. Nous n'allons pas réendetter le groupe, nous avons au contraire instauré le 'radinisme' comme valeur d'entreprise. C'est ce qui explique que nous ayons choisi d'aborder le marché allemand, où les cibles sont chères, à partir de la Pologne où nous avons créé une plate forme à côté de Varsovie.
Cercle Finance : Le marché boursier manifeste une défiance vis à vis de l'action A Novo, qui fait partie des 'penny stocks', plus proche du plancher de 0,44E de mars 2003 que des sommets historiques de mars 2000. Pensez vous que la Bourse devrait accorder davantage de crédit à l'amélioration de la situation d'A Novo ?
Richard Seurat : Ma première position est de dire que je ne commente pas le cours de Bourse. Cela étant, je note qu'il y a deux ans l'action A Novo évoluait aux alentours de 1,2E alors que les soucis majeurs n'avaient pas encore été traités. Nous n'avons plus aujourd'hui de gros soucis de restructuration, nous sommes désendettés et en bonne ordre de marche sur nos marchés, et nous avons signé des contrats avec des blue chips comme HP, Telefonica, O2...
Propos recueillis par François Berthon.
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