(BFM Bourse) - L'équipementier ferroviaire a livré des résultats semestriels supérieurs aux attentes. Surtout, la société a consommé beaucoup moins de trésorerie qu'attendu au premier semestre de son exercice 2024-2025.

Dans le collimateur du marché il y a encore quelques mois, Alstom a, depuis, renversé la vapeur en Bourse. La société a dû mener une importante restructuration financière pour protéger sa note de crédit, avec notamment une augmentation de capital de 1 milliard d'euros.

Depuis le lancement de son plan de désendettement, l'action a rebondi, grâce à des résultats rassurants mais aussi à des "rachats de shorts", c'est-à-dire des vendeurs à découvert qui ont débouclé leurs positions, sentant que le pire était désormais passé pour la société.

L'action prend 72% depuis le début de l'année. Une hausse qui apparaît certes vertigineuse mais qui rappelle surtout les profondeurs boursières dans lesquelles Alstom était tombé. Actuellement autour de 20 euros, le titre valait plus de 45 euros, il y a encore trois ans.

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Le cash sur les bons rails

Pour retrouver les sommets passés, Alstom n'a pas d'autre choix que de poursuivre sa bonne dynamique commerciale et de livrer des comptes solides, semestre après semestre.

La copie rendue mercredi soir par l'équipementier ferroviaire constitue un pas de plus dans la bonne direction. Alstom a publié ses résultats pour le premier semestre de son exercice 2024-2025, qui sera clos en mars prochain.

Les indicateurs financiers communiqués par le groupe sont nombreux. Mais l'un d'entre eux revêt un caractère particulièrement critique: le flux de trésorerie. C'est en effet la génération de cash qui permet à un groupe d'investir, de mener des acquisitions, ou, plus particulièrement dans le cas d'Alstom, de se désendetter, et de conserver ainsi les bonnes grâces des agences de notation.

Alstom avait prévenu que son premier semestre pâtirait d'une saisonnalité négative, et s'attendait à brûler entre 300 et 500 millions d'euros de trésorerie. Les analystes, eux, avaient retenu un chiffre plus proche du bas de cette fourchette, avec un consensus à 370 millions d'euros, selon Deutsche Bank.

In fine, Alstom a grandement limité sa consommation de trésorerie sur les six premiers mois de son exercice, avec une sortie de cash de 138 millions d'euros. Deutsche Bank évoque une dynamique "encourageante" sur la génération de cash.

Une bonne dynamique commerciale

La société a notamment bénéficié d'acomptes (le premier paiement d'un contrat) plus élevés que prévu, en lien avec la bonne dynamique de ses prises de commandes, qui ont bondi de 29,6% sur le semestre, à 10,95 milliards d'euros. Le groupe a notamment bénéficié de l'attribution d'un énorme contrat du réseau de trains métropolitains (S-Bahn) de la ville de Cologne, en Allemagne.

"La demande reste robuste, soutenue par des politiques de mobilité verte, et se montre résiliente face aux tensions géopolitiques, et nous avons réalisé une solide performance commerciale au cours de ce premier semestre", a déclaré Henri Poupart-Lafarge, le directeur général de l'entreprise, cité dans le communiqué de la société.

Concernant les autres lignes de compte d'Alstom, le chiffre d'affaires a progressé de 5,6% en données comparables à 8,78 milliards d'euros tandis que le résultat d'exploitation ajusté a bondi de 17,6% à 515 millions d'euros. La marge correspondante s'établit à 5,9% contre 5,2% sur le premier semestre 2023-2024. Le bénéfice net ajusté a atteint 224 millions tandis que le bénéfice net consolidé s'est inscrit à 53 millions d'euros contre 1 million d'euros un an plus tôt.

Selon le consensus cité par Deutsche Bank, les analystes tablaient sur un chiffre d'affaires de 8,79 milliards d'euros, un résultat d'exploitation ajusté de 506 millions d'euros et un résultat net ajusté de 213 millions d'euros. Autrement dit, à l'exception du chiffre d'affaires, tout juste en ligne avec les attentes, Alstom a battu le consensus sur tous les indicateurs.

Une société plus prévisible et donc meilleure

À l'issue de cette publication Alstom a confirmé ses perspectives pour l'ensemble de son exercice 2024-2025. Le groupe table sur des prises de commandes supérieures à son chiffre d'affaires, sur une croissance en données comparables de ses revenus d'environ 5% et sur une marge d'exploitation ajustée d'environ 6,5%.

Alstom entend par ailleurs dégager un flux de trésorerie disponible compris entre 300 millions et 500 millions d'euros.

Après avoir hésité en début de séance, ce jeudi, l'action Alstom décolle à la Bourse de Paris et prend ainsi 7% vers 11h20, signant l'une des plus fortes hausses du SBF 120.

UBS qualifie l'ensemble des résultats d'Alstom de "solides". "Nous pensons que la publication du premier semestre a constitué une étape claire vers la construction d'un historique de prévisibilité et de 'promesse et réalisation' de la part de la direction d'Alstom", souligne la banque suisse.

Deutsche Bank rapporte, par ailleurs, que la direction d'Alstom a fait état de tensions sur sa chaîne d'approvisionnement en raison de goulots d'étranglements chez des fournisseurs et de difficultés sur certaines technologies comme des batteries. Toutefois Alstom est parvenu à compenser ces difficultés avec un impact limité sur ses marges et son cash au premier semestre, et le mois d'octobre a montré "une bonne amélioration", ajoute la banque allemande.

"En fait, le taux de voitures produites mais non livrées est à un niveau historiquement bas, ce qui suggère que les questions de qualité sont désormais derrière le groupe", souligne Deutsche Bank.

"Les tensions sur la chaine d’approvisionnement n’obèrent pas les perspectives, qui sont confirmées", note de son côté Oddo BHF.