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Alcan : Le questionnement en question

jeudi 7 juin 2007 à 14h07
Andréa Brignone

Andréa Brignone Associé Exact

Andréa Brignone, associé Expérience et Action et auteur du Tao de la Bourse et du Trading, est économiste, chargé d’enseignement à Paris II Panthéon Assas. Auteur de l’encyclopédie de l’économie de Larousse, il est également expert auprès de la Commission Européenne. Conférencier …

(BFM Bourse) - Le monde moderne est caractérisé par un phénomène curieux : plus on a des gens formés et éduqués et moins ceux-ci se s'interrogent. Il semblerait que recevoir une instruction consiste non pas à développer le sens critique et la possibilité de remettre et se remettre en cause, mais au contraire préparer le terrain pour accepter le consensus. Et pire encore à permettre d'accepter un nouveau consensus quand celui-ci devient à la mode. Ceci fait penser au « Meilleur des mondes » de Huxley. Le système forme des gens qui sont prêt à accepter des nouvelles idées à condition que l'ensemble de la société admette ces nouvelles idées. Phénomène de la pensée unique, utile à la société mais dommageable pour l'individu. D'où l'existence de niveaux de stress de plus en plus élevés et des conséquences qui y sont liées : cancers, dépressions, perte du goût de la vie.

En effet dans la mesure où la réalité est entrevue à travers des filtres et que cette réalité ne convient pas à tel ou tel individu, ce dernier développe un mal être qui à terme, par le fonctionnement chimique du cerveau, cause des maladies psychosomatiques.

D'autre part, dans nos sociétés comme dans le Meilleur des Mondes, la fonction de créer de nouvelles idées et d'utiliser la pensée critique est dévolue seulement à quelques'uns.

Le fonctionnement psychologique est simple. Il est basé sur la peur. Peur de l'inconnu, peur de perdre sa position, peur du changement. La réflexion est remplacée par les gadgets. Gadgets matériels d'abord qui favorise l'industrie dite du luxe. Gadget intellectuels ensuite : on pense comme on doit penser en croyant que l'on est « tendance » parce que l'on adopte une idée soit disant neuve (mais généralement soigneusement étudiée et diffusée savamment). Les clivages politiques n'ont pas d'importance. Le fonctionnement en est le même que l'on soit libéral ou pseudo libéral ou alter quelque chose. Il faut être dans le consensus !

Il ne fait pas bon de penser différemment. Non pas que l'on sera puni. Il y a longtemps que les sociétés démocratiques et développées (contrairement aux sociétés moyenâgeuses dont de nombreux exemples fleurissent encore) ont substitué le policier moralisateur par le surveillant interne : la conscience sociale. Si on est dans le consensus, la conscience interne nous dit que tout va bien. Dormez bonnes gens ! Fumer n'est pas bien. Penser qu'une entreprise n'est faite que pour gagner de l'argent n'est pas bien, il faut qu'elle ait un rôle social. Bref, il faut être dans la note.

Maintenant revenons à nos moutons. Le trader doit aussi être dans le consensus. Sil est dans une institution et qu'il perde de l'argent, il vaut mieux qu'il soit dans le consensus. Il pourra dire tout le monde pensait que... Malheur à lui s'il est le seul à s'être trompé. S' il est trader indépendant, il se rassurera en disant « je ne me suis pas trompé tout seul ».

Seulement voilà être dans le consensus ne fait pas de vous un trader génial c'est à dire qui a des résultats qui dépassent ceux du troupeau. Quand vous êtes un trader institutionnel passe encore, votre bonus sera réduit mais si vous êtes un trader indépendant ce sont vos moyens d'existence qui se réduisent. Que l'on me comprenne bien ! Il ne s'agit pas d'être contre la tendance. On est plus sûr et il y a plus d'opportunités en suivant la tendance que de jouer contre. Mais tout en agissant avec la tendance il est nécessaire de se poser la question : est ce que celle-ci est encore dans un état dynamique ou est ‘elle en train de faiblir ? Laissons de coté pour le moment l'analyse technique et raisonnons uniquement sur le consensus. A quel moment celui-ci cesse d'être efficace. C'est à dire jusqu'à quel moment il repose sur le raisonnement et à quel moment n'est il plus qu'un mouvement de panurge ?

Il est pour cela important de rechercher quels sont les fondements d'un consensus. Et une fois ceux-ci identifiés, plutôt que de regarder le consensus lui même, d'observer l'évolution de ses fondements. Le consensus sur la tendance actuelle est basé sur l'abondance de l'argent, la croyance dans le fait que l'économie américaine garde un rythme de croissance raisonnable avec une inflation modérée, que le prix du baril n'explosera pas, que les profits continueront à croître et que les effets de levier restent possibles. Que l'un de ces facteurs change de direction (en particulier l'abondance monétaire) et la tendance peut être remise en question.

Si ces questions vous intéressent n'hésitez pas à venir demain à mon séminaire avec Tradingsat (renseignements sur ce site) ou à consulter mon blog. http://taodutrading.canalblog.com

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