Connexion
Mot de passe oublié Pas encore de compte ?

Quitter la Russie, un choix payant pour les sociétés cotées jusqu'à présent

samedi 4 juin 2022 à 12h00

(BFM Bourse) - Environ un millier d'entreprises ont choisi de se retirer de la Russie à la suite de l'invasion militaire de l'Ukraine au prétexte de "dénazification" déclenchée le 24 février. Celles qui ont préféré couper les liens, souvent au prix d'importantes dépréciations, ont pourtant fait le bon choix, révèle une étude de l'université Yale.

L'attaque de l'Ukraine a placé les entreprises historiquement implantées en Russie face à un dilemme : cesser tout simplement d'exercer ses activités dans un pays auteur d'une telle agression contre un autre Etat souverain, rester sur place de façon à honorer des contrats en cours mais sans poursuivre aucun nouveau projet, ou faire à peu près comme si de rien n'était ? La décision se pose au plan moral mais aussi économique, prenant en compte également l'impact de sanctions internationales.

Rapidement, les annonces de départ se sont multipliées et plus de trois mois après le début du conflit, la sanction des marchés apparaît désormais claire: quitter la Russie a été le meilleur choix financier, beaucoup d'entreprises récupérant même davantage en capitalisation qu'elles n'ont perdu en dépréciation d'actifs, indique une étude réalisée par Jeffrey Sonnenfeld, Steven Tian, Steven Zaslavsky, Yash Bhansali et Ryan Vakil, de l'école de management de l'université de Yale aux Etats-Unis.

Le professeur Sonnenfeld et son équipe ont pour cela dressé une liste de plus de 1200 grandes entreprises ayant publiquement exprimé une position vis-à-vis du maintien ou non de leur activités en Russie, en épluchant les journaux financiers, les déclarations réglementaires auprès des autorités de marché, les communiqués de presse etc. ainsi que diverses sources non publiques (réseau d'anciens élèves de Yale notamment). Ils ont ensuite classé ces sociétés en cinq groupes : A - retrait effectué en passant par pertes et profits ses actifs sur place B - activité suspendue mais en gardant la possibilité d'y revenir C - certaines activités poursuivies mais significativement revues à la baisse D - volume d'activité maintenu mais nouveaux projets gelés F - société résistant entièrement aux appels à quitter la Russie

Les chercheurs ont ensuite examiné la performance des entreprises en fonction de leur classement et ont découvert que celles notées F (en anglais souvent utilisé pour "fail", échec) ont sous-performé leurs comparables. Parmi les firmes américaines par exemple et sur la période du 23 février au 8 avril, celles en retrait complet (70 notées A) ont en moyenne gagné 4,36%, quand celles notées F (16) n'ont rien gagné. Parmi les sociétés européennes, 64 classées A ont gagné 3,44% en moyenne, quand celles notées F (soit 29 entreprises) ont perdu 8,12% en moyenne.

Une rupture nette payante

De cette analyse, il ressort clairement que le rendement des sociétés ayant effectué une rupture nette ou une sortie définitive de Russie a été de loin bien meilleur que celui des entreprises s'entêtant à résister aux demandes de réduire leur activité dans le pays. De plus, plusieurs entreprises ayant acté d'importantes dépréciations d'actifs -Heineken, Shell, Exxon, Carlsberg, AB InBev, et Société Générale - ont en fait bénéficié d'une création de valeur (au sens d'une augmentation de leur capitalisation) largement supérieure aux pertes comptables. Collectivement, ces six groupes ont effacé 14 milliards de dollars de leurs bilans, mais ont "récupéré" 39 milliards de dollars de capitalisation. BP a pour sa part enregistré la plus importante dépréciation -25 milliards de dollars- et si le britannique ne les avait pas totalement récupérés sur la période de l'étude, le titre affichait tout de même une performance positive.

"Clairement, les allocataires de fonds [investisseurs] considèrent sans ambiguïté que les risques associés au fait de rester en Russie, quand près de 1000 multinationales ont choisi de se retirer, excède clairement le coût d'un retrait", affirme donc l'étude.

Guillaume Bayre - ©2025 BFM Bourse
Forum suspendu temporairement
Portefeuille Trading
+336.20 % vs +58.64 % pour le CAC 40
Performance depuis le 28 mai 2008

Newsletter bfm bourse

Recevez gratuitement chaque matin la valeur du jour