(BFM Bourse) - Contrôlé de facto par le gouvernement de l'île (de plus en plus lié à la République populaire de Chine), l'opérateur de la Bourse de Hong Kong, Hong Kong Exchanges and Clearing (HKEX) a dévoilé mercredi un projet de rachat du London Stock Exchange Group, lequel gère les places de Londres mais aussi de Milan. HKEX est prêt à débourser 29,6 milliards de livres, soit 33 milliards d'euros, ce qui fait bondir le cours du LSE. Londres va étudier cette proposition porteuse d'enjeux économiques et géopolitiques majeurs.
Une fusion transfrontalière qui donnerait naissance à un nouveau leader en termes d'infrastructures de marchés et qui jetterait un pont entre la Chine continentale et les opérateurs internationaux via la City, l'un des principaux pôles d'échanges financiers au monde. Tel est l'enjeu que recouvre l'offre surprise dévoilée jeudi par Hong Kong Exchanges and Clearing (HKEX) sur le capital de son concurrent britannique le London Stock Exchange Group (LSEG). Un projet susceptible de redéfinir l'équilibre des marchés de capitaux mondiaux pour les décennies à venir, et dont les répercussions potentielles vont jusqu'au coeur de la zone euro, LSEG étant aussi le propriétaire de l'opérateur de la Borsa Italiana à Milan.
Après avoir bondi de plus de 10% en séance, le cours du London Stock Exchange Group modère sa progression mercredi vers 12h00, gagnant 4,1% à 7078 pence, ce qui reste en-deçà du prix indicatif du projet de rapprochement soumis par Hong Kong Exchanges and Clearing soit 8.361 pence par action. "Nous pensons qu'un rapprochement de HKEX et de LSEG représente un opportunité stratégique extrêmement convaincante en donnant naissance à un groupe mondial d’infrastructures de marché, réunissant les plus grands centres financiers d'Asie et d'Europe. À la suite d'une approche préliminaire envers LSEG, nous souhaitons travailler de près avec le conseil d'administration de LSEG pour démontrer que cette transaction est dans l'intérêt de toutes les parties prenantes, des investisseurs et des deux entreprises", a expliqué Laura Cha, présidente de l'opérateur de la Bourse de Hong Kong. Le troisième centre financier d'Asie en termes de capitalisatoin après Tokyo et Shanghai, et le quatrième dans le monde, propose tout simplement de s'allier avec la première place en Europe.
Concrètement, HKEX est prêt à offrir 2045 pence plus 2495 actions nouvelles pour chaque action LSEG, soit l'équivalent de 8361 pence sur la base du cours de clôture de Hong Kong Exchanges and Clearing mardi soir. Cela représenterait un prix de 29,6 milliards de livres (environ 33 milliards d'euros) pour la totalité du capital de l'opérateur du London Stock Exchange, valorisant l'entreprise 31,6 milliards de livres compte tenu de la dette à reprendre. À ce stade, il ne s'agit toutefois pas d'une offre ferme aux actionnaires, HKEX souhaitant que le conseil d'administration se prononce en faveur du projet avant d'aller plus loin. En outre, l'acquéreur putatif conditionne le dépôt éventuel d'une offre au retrait du propre projet de Londres de racheter Refinitiv, le fournisseur de données financières issu du groupe Reuters. Par cette acquisition à 27 milliards de dollars, LSEG entend devenir l'un des leaders mondiaux des données financières, capable de rivaliser avec Bloomberg, mais cela n'entre pas dans la vision stratégique de Hong Kong.
En cas d'offre, la finalisation de la transaction nécessiterait également l'aval de toute une série d'autorités en Grande-Bretagne.
HKEX fait valoir la forte complémentarité géographique entre les deux groupes, ce qui permettrait "des synergies significatives", mais non chiffrées à ce stade. En particulier, Hong Kong envisage de migrer ses plateformes de négociation et de compensation vers la technologie de LSEG, une augmentation des revenus grâce à des ventes croisées, une réduction des dépenses d'investissement grâce à la mutualisation des efforts qui permettraient néanmoins d'accroître la capacité d'innovation commune.
Hong Kong Exchanges and Clearing souligne en outre qu'il joue déjà un rôle important à Londres en tant que propriétaire du London Metal Exchange, l'une des principales places de négociation de métaux, depuis 2012.
S'agissant de la future structure de gouvernance de l'entité qui pourrait naître de la fusion, HKEX a déjà entamé des discussions avec certains régulateurs au Royaume-Uni et à Hong Kong et se dit disposé à discuter de la transaction en détail avec LSEG et tous les organismes de réglementation compétents. "HKEX tiendra compte des meilleures pratiques de gouvernance d’entreprise du Royaume-Uni, appropriées pour un leader mondial des infrastructures de marché. En outre, HKEX s’engage pleinement à soutenir et à renforcer les rôles à long terme de Londres et de Hong Kong en tant que centres financiers mondiaux", assure le groupe.