(BFM Bourse) - À contre-courant des autres principales matières premières, le minerai radioactif flambe, alors que la demande nucléaire ne faiblit pas. Contrairement aux extractions, en chute libre en raison des mesures de confinement appliquées à travers le monde.
+40%, c'est le chiffre du jour. Il ne correspond pas à la performance d'une société biotechnologique en pointe dans la recherche d'un traitement contre le Covid-19 depuis le début de l'année mais à celle d'une matière première: l'uranium. En pleine crise sanitaire, le cours de ce métal lourd principalement utilisé par l'industrie nucléaire atteint ainsi un sommet depuis plus de 4 ans, à 34 dollars la livre (environ 435 grammes) pour livraison en juin. Le marché de l'uranium étant régi, comme celui d'autres matières (dont le pétrole), par un marché de contrats à terme. À échéance plus lointaine, la pente apparaît légèrement ascendante puisque le contrat pour livraison en janvier prochain s'échange au-delà des 35 dollars.
Pourquoi, alors que la grande majorité des matières premières (pétrole, gaz, cuivre, etc.) souffrent de la pandémie -à l'exception de certains produits agricoles comme le café, l'avocat ou le jus d'orange-, la dynamique est-elle nettement haussière pour ce minerai?
Une demande toujours là
Parce que contrairement à l'or noir, la demande d'uranium est moins élastique. Autrement dit, on en a toujours besoin. Le taux d'activité des centrales nucléaires à travers le monde montre d'ailleurs que la production nucléaire reste stable, quand bien même la consommation d'électricité a diminué depuis le début de la crise sanitaire. Il est de fait plus aisé d'éteindre et de rallumer une centrale à charbon qu'une centrale nucléaire.
Dans le même temps, la production d'uranium, elle, est en chute libre. Les principaux pays qui extraient le minerai radioactif, à savoir le Kazkhstan, le Canada ou encore l'Australie, ont été contraints de fermer leurs mines pour cause de mesures de confinement. Selon la banque d'investissement américaine Cantor FItzgerald, l’arrêt des activités a retiré plus de 46 millions de livres d’uranium du marché, ce qui correspond à 35% de la production mondiale à court terme. Sur l'ensemble de l'année, la production devrait baisser de 10% selon la compagnie d'État kazakh Kazantomprom. Ce qui ferait basculer le marché en déficit d'offre, anticipe Kazatomprom.
Alors qu'aucun signe de faiblesse de la demande n'apparaît à moyen terme, certains analystes avancent que le seuil des 40 dollars la livre pourrait être atteint dans les prochaines semaines.
Avec Antoine Larigaudrie
