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Marché : Uber, Lyft et Doordash chutent face au risque de requalification des livreurs en salariés

vendredi 30 avril 2021 à 17h12
Uber et Lyft dévissent après des déclarations d'un responsable politique

(BFM Bourse) - Les entreprises de la "gig economy" n'ont décidément plus le vent en poupe. Elles ont dévissé jeudi après que le secrétaire d'Etat américain au Travail jugé que les travailleurs indépendants méritaient d'être considérés comme salariés. Une perspective qui avait également pesé lors de l'introduction en Bourse ratée de Deliveroo à Londres.

Dans les secteurs où l'évolution du cadre réglementaire fait la pluie et le beau temps, de simples déclarations de responsables politiques peuvent faire vaciller les leaders du marché. C'était le cas ce jeudi, à Wall Street, où Uber, Lyft et Doordash ont respectivement lâché 6%, 10% et 7,6%, en réaction à une interview accordée par le secrétaire d'État américain au Travail à Reuters, dans laquelle Marty Walsh -qui a pris ses fonctions le 23 mars dernier- déclare que les travailleurs indépendants devraient être requalifiés en salariés de l'entreprise.

"Nous examinons la question, mais dans de nombreux cas, les travailleurs indépendants devraient être considérés comme des employés... Dans certains cas, ils sont traités avec respect, dans d'autres non, et je pense que cela doit être cohérent dans tous les domaines", a-t-il affirmé. Son ministère (l'équivalent français de celui du travail) "s'adressera aux entreprises qui emploient des travailleurs indépendants pour s'assurer que ces derniers ont accès à des salaires réguliers, à des congés maladie et à des soins de santé" a-t-il ajouté.

"Ces entreprises réalisent des bénéfices et je ne vais pas en vouloir à qui que ce soit, car c'est ce que nous faisons en Amérique (...) mais nous voulons aussi nous assurer que le succès se répercute sur le travailleur" a poursuivi l'ancien maire de Boston.

Si le statut des livreurs a maintes fois été évoquées, ces déclarations ont sensiblement fait tanguer les titres des sociétés concernées car le point de vue exprimé par Marty Walsh pourrait donner le ton de la manière dont l'administration Biden envisage de s'attaquer à la "gig economy" (que l'on peut traduire par "économie des petits boulots"). Des changements politiques radicaux pourraient de fait bouleverser le modèle économique des applications de services de transport et de livraison de nourriture, rendant plus difficile (encore) pour elles d'atteindre la rentabilité - Uber affiche une perte nette de 980 millions de dollars en 2020, quand celle de Lyft atteint 1,75 milliards (sur 2,35 milliards de revenus), Doordash ayant pour sa part révélé une perte nette de "seulement" 149 millions pour un chiffre d'affaires de 1,9 milliard de dollars sur les neuf premiers mois de 2020 en marge de son introduction récente.

La tendance n'est d'ailleurs pas à une amélioration, Uber et Lyft ayant reporté des pertes de 968 et 458 millions de dollars sur leur dernier trimestre 2020, période au cours de laquelle Doordash a creusé sa perte nette à 312 millions, notamment en raison des frais liés à son introduction en Bourse selon l'entreprise. Uber et Lyft ont néanmoins réaffirmé dans la foulée leur optimisme quant au fait de devenir profitable d'ici la fin de l'année... sur la base de l'Ebitda ajusté, sans préciser à quel horizon elles pensent pouvoir devenir bénéficiaires selon les normes GAAP, à savoir les règles comptables en vigueur.

Confrontées à un patchwork de réglementations étatiques et nationales en la matière, les entreprises du secteur luttent pour que leurs travailleurs indépendants ne soient pas requalifiés en salariés afin d'éviter d'avoir à financer de coûteuses prestations liées à l'emploi telles que l'assurance chômage. Uber et Lyft ont ainsi déposé avec succès une requête auprès de la cour d'appel de Californie pour bloquer une décision qui leur ordonnait dans un premier temps cette requalification. Les deux entreprises ont en revanche perdu une bataille similaire au Royaume-Unis. Dans un formulaire transmis à la SEC mi-mars dernier, Uber expliquait ainsi que ses chauffeurs allaient être requalifiés en tant que "professionnels", une notion propre au code du travail britannique qui diffère toutefois du contrat d'un salarié mais qui leur permet néanmoins de bénéficier du salaire minimum, de congés payés, voire d'un régime de retraite financé par le groupe californien. Le titre de ce dernier avait lâché plus de 4% en réaction à cette annonce.

Quentin Soubranne - ©2025 BFM Bourse
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