(BFM Bourse) - Le laboratoire Sandoz, issu d'une scission de Novartis a fait mercredi son entrée à la Bourse suisse. Les premiers pas boursiers sont en hausse par rapport à son prix d'introduction fixé à 24 francs suisses.
Le laboratoire Sandoz ouvre à 24 francs suisses pour son entrée en Bourse, séparé du géant pharmaceutique suisse Novartis, qui perd de son côté 4% à Zurich.
Basé à Bâle, le laboratoire Sandoz est spécialisé dans les médicaments génériques et biosimiliares, des copies moins chères de traitements dont le brevet a expiré.
Sur ce marché évalué à 208 milliards de dollars (198 milliards d'euros) au niveau mondial, l'entreprise qui emploie 22.000 personnes a généré un chiffre d'affaires de 9,1 milliards de dollars en 2022, la moitié de ses ventes étant réalisée en Europe.
Sandoz, qui fabrique aussi bien des traitements contre les allergies, les rhumes ou les brûlures d'estomac, mise pour sa croissance sur l'essor des médicaments biosimilaires, plus complexes à fabriquer que les génériques car produits à partir de cellules ou d'organismes vivants, et non par copie chimique comme les génériques.
Il vise une progression annuelle de ses ventes d'environ 5% durant les cinq prochaines années. Récemment, il a reçu le feu vert de l'Union européenne pour deux biosimilaires, contre le cancer du sein et la sclérose en plaques.
Pour l'heure, les médicaments génériques représentent toutefois 78% de son chiffre d'affaires. Sa scission a été approuvée mi-septembre par les actionnaires de Novartis sur une base d'échange d'une action Sandoz pour cinq actions Novartis. Des certificats de dépôts sont également prévus sur le marché américain de gré à gré.
Des pains croquants Waza au LSD
Les origines de Sandoz remontent à 1886 lorsque le chimiste Alfred Kern fonde à Bâle avec l'homme d'affaires Edouard-Constant Sandoz une entreprise spécialisée dans les colorants.
A peine dix ans plus tard, l'entreprise lance la production d'un traitement contre la fièvre, puis créée en 1917 une division spécialisée dans la pharmacie où elle mène des travaux sur l'ergotamine, dérivé d'un parasite du seigle.
Un premier traitement est commercialisé en 1921 sous le nom de Gynergen pour réduire les risques d'hémorragie post-partum avant d'être aussi utilisé pour la migraine. C'est dans les laboratoires de Sandoz, lors de recherches sur l'ergotamine que le chimiste Albert Hofmann découvre par hasard en 1943 le LSD en ingérant une dose de la substance sur laquelle il travaillait, lui révélant ses propriétés hallucinogènes.
En 1963, Sandoz rachète l'entreprise autrichienne Biochemie, spécialisée dans la pénicilline, et amorce la production d'antibiotiques à grande échelle.
Tout se développant dans la pharmacie, l'entreprise se diversifie dans la diététique en rachetant en 1967 Wander, le fabricant de la boisson à base d'orge de malt Ovomaltine. En 1983, il acquiert également la marque suédoise de tartines Wasa.
Mais ces marques alimentaires sont revendues quelques années après la fusion en 1996 de Sandoz avec ses concurrents suisses Ciba-Geigy qui a donné naissance au géant de la pharmacie Novartis.
Une vive concurrence aux Etats-Unis
Le nom Sandoz avait été mis en sommeil après la fusion avec Ciba-Geigy mais a été ré-utilisé en 2003 pour désigner une division dans laquelle Novartis avait regroupé ses médicaments génériques.
Cette division a longtemps été considérée comme un atout pour Novartis qui pouvait conserver une partie de son marché quand ses brevets expiraient en continuant à fabriquer des médicaments génériques. Mais ces médicaments ont été confrontés à une vive concurrence aux Etats-Unis et les ventes de Sandoz se sont étiolées.
Après une tentative infructueuse pour vendre une partie du portefeuille américain de produits de Sandoz au laboratoire indien Aurobindo, Novartis s'est affairé à redresser ses ventes mais a finalement décidé de l'introduire en Bourse pour s'en séparer, comme il l'avait déjà fait en 2019 avec Alcon, son ancienne filiale dédiée aux produits ophtalmologiques.
Si Alcon avait fait une entrée en Bourse en fanfare, les analystes chez Jefferies craignent néanmoins un accueil "tiède" pour Sandoz. L'action Alcon avait été immédiatement intégrée dans le SMI, l'indice-phare de la Bourse suisse, ce qui n'est pas le cas de Sandoz, qui va donc être privée de la manne financière des fonds indiciels.
"Sandoz est quelque peu sous-estimée", reconnaissent-ils cependant dans une note des marchés.
(Avec AFP)