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Marché : Pourquoi certains analystes refusent désormais de prédire l'évolution du S&P 500

dimanche 28 juillet 2024 à 07h00
Le marché américain repose sur une poignée de valeurs

(BFM Bourse) - Piper Sandler a décidé de ne plus livrer d'objectif de cours sur l'indice américain, jugeant qu'il n'y a plus de grande valeur ajoutée pour ses clients. Un précédent stratégiste, avait selon Bloomberg, jeté l'éponge.

C'est un exercice toujours périlleux mais qui permet d'avoir une idée de l'optimisme des intermédiaires financiers de Wall Street: prédire l'évolution du S&P 500, l'indice phare de la place new-yorkaise.

Selon une note de Bank of America datée de fin juin, les analystes "sell-side" (qui produisent des conseils pour des clients externes) ont remonté en moyenne leurs prévisions pour le niveau du S&P 500 à fin décembre, passant à 5.300 points contre 4.800 six mois plus tôt. Ce qui reste toutefois inférieur au cours actuel du S&P 500, de 5.453 points (*).

Les stratégistes ont donc été pris de court par la hausse des indices américains, ce qui n'est pas inhabituel. Mais est-ce que donner un objectif de cours sur le marché dans sa globalité peut encore avoir du sens?

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Piper Sandler rend le tablier

Piper Sandler a en tout cas décidé de jeter l'éponge. La vénérable banque d'investissement fondée en 1895 a décidé de ne plus fixer d'objectif de cours sur le S&P 500.

Dans une interview accordée à Yahoo Finance, Michael Kantrowitz, co-chef de la stratégie d'investissement de la banque a expliqué en détail le choix de Piper Sandler.

"Au cours des derniers mois, alors que j'essayais d'envisager de relever à nouveau mon objectif, je ne me sentais pas vraiment à l'aise pour dire, en toute honnêteté intellectuelle, que je pouvais avoir une vision très convaincante de l'évolution du S&P 500", a-t-il expliqué. "Je ne pensais pas non plus que cela apportait une réelle valeur ajoutée à nos clients qui sont des investisseurs institutionnels", a-t-il ajouté.

Le stratégiste explique également que l'intérêt n'est pas tant de savoir si le marché pris dans son ensemble progresse que de se positionner sur les valeurs qui peuvent le porter ou le pénaliser. "Il y a de moins en moins de valeur à parler du marché car beaucoup de valeurs ne se comportent pas comme le marché", souligne-t-il.

Historiquement, dans une phase de marché globalement haussière, les petites et moyennes valeurs devraient bien se comporter voire surperformer. Or le Russell 2000, indice de référence pour cette catégorie, sous-performe assez nettement le S&P 500 (+10,8% contre +14,4%).

Notons toutefois que le Russell 2000 a rattrapé pas mal de son retard ces dernières semaines, à la faveur d'une rotation à Wall Street qui a bénéficié au petites valeurs au détriment de la tech. Les résultats décevants de Tesla et Alphabet, cette semaine, ont amené ce mouvement à se poursuivre.

Une concentration importante du marché

Ce signal montre un point important: le marché américain est concentré sur un petit nombre de très grandes valeurs. Dans une note publiée début juillet, Pictet AM soulignait ainsi que "les dix plus grosses entreprises du S&P 500, qui représentent 32,61% de la pondération de l’indice, contribuent à 74% de la performance de la bourse américaine en 2024".

Ce phénomène est bien évidemment lié aux performances des "big tech" américaines, Nvidia (+130% sur l'ensemble de 2024), Meta (+31%), Amazon (+20%) et Alphabet (+20%) en tête, et à l'essor de l'intelligence artificielle (IA).

"En excluant les valeurs de l’IA, le marché est en baisse de 2% depuis le début du mois de mars. Rien de très surprenant par rapport à ce qu’on a pu dire au cours des derniers mois", expliquait début juillet Pictet AM.

En raison de cette forte concentration, prédire la direction du marché dans son ensemble a évidemment moins de pertinence.

D'ailleurs si Piper Sandler constitue un cas exceptionnel, la banque n'est pas totalement isolée. Bloomberg cite Tow Dwyer, qui a récemment abandonné son rôle de stratégiste chez la banque d'investissement Canaccord Genuity, et avait précédemment décidé de ne plus donner d'objectif de cours sur le S&P 500. Pour lui, il était impossible d'effectuer une prévision alors qu'une poignée de valeurs a une telle influence sur l'indice, relate l'agence.

Comme nous l'avons expliqué dans un précédent article, cette concentration du marché américain sur quelques titres, si elle peut faire sourciller, n'est pas dangereuse dans l'absolu.

"Est-ce un risque ? Pas nécessairement. Dans les périodes de révolution industrielle, une telle concentration survient souvent et peut durer plusieurs années. Ce n’est pas un problème tant que les bénéfices sont au rendez-vous et que les entreprises ont des niveaux de trésorerie élevés", expliquait d'ailleurs Pictet AM.

(*) Les cours ont été arrêtés vendredi en fin d'après-midi

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