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Tanzanie : Des manifestations contre les élections font au moins 10 morts selon l'Onu, 700 selon l'opposition

vendredi 31 octobre 2025 à 16h20
Marché : Tanzanie: Des manifestations contre les élections font au moins 10 morts selon l'Onu, 700 s

(Reuters) - Le principal parti d'opposition tanzanien a déclaré vendredi que des centaines de personnes ont été tuées lors de manifestations contre les élections qui se tiennent depuis mercredi dans tout le pays, tandis que les Nations unies (Onu) font état d'au moins 10 morts et que le gouvernement affirme rétablir l'ordre après des "incidents isolés".

Depuis mercredi, des manifestants descendent dans les rues de Tanzanie, indignés par l'exclusion de la course électorale des deux principaux opposants de la présidente Samia Suluhu Hassan et par ce qu'ils qualifient de répression généralisée.

Des témoins ont déclaré que la police avait tiré des gaz lacrymogènes et des coups de feu pour disperser certaines manifestations.

Le gouvernement n'a pas publié d'estimations concernant le nombre de victimes ni répondu aux demandes de commentaires.

John Kitoka, porte-parole du Parti pour la démocratie et le progrès (Chadema), exclu des élections pour avoir refusé de signer un code de conduite et dont le chef a été arrêté pour trahison en avril, a déclaré que le parti avait recensé environ 700 décès depuis mercredi, d'après des témoignages de personnels de santé.

À Genève, le porte-parole des Nations unies pour les droits de l'homme, Seif Magango, a déclaré à la presse que des informations crédibles faisaient état d'au moins dix personnes tuées lors de manifestations à Dar es Salaam, Shinyanga et Morogoro. Il s'agit de la première estimation publique des victimes par un organisme international depuis le vote de mercredi.

Reuters n'a pas pu vérifier ces chiffres de manière indépendante.

FORTE PRÉSENCE DES FORCES DE SÉCURITÉ

Un habitant de Dar es Salaam, qui a demandé à ne pas être nommé pour des raisons de sécurité, a déclaré à Reuters qu'un membre de sa famille avait été abattu à l'extérieur d'un hôpital après avoir été pris pour un manifestant.

Un porte-parole de la police n'a pas répondu aux demandes de commentaires.

La police a imposé un couvre-feu nocturne dans la capitale économique Dar es Salaam au cours des deux dernières nuits après que des bureaux du gouvernement et d'autres bâtiments ont été incendiés. L'accès à Internet est interrompu depuis mercredi.

Des militaires et des policiers patrouillent dans les rues de Dar es Salaam vendredi, empêchant les gens de se déplacer sans raison dite valable. Le gouvernement a prolongé l'ordre de télétravail pour les fonctionnaires.

Le porte-parole du parti d'opposition a indiqué que les manifestations se poursuivaient vendredi dans plusieurs villes, bien qu'elles aient diminué dans certaines d'entre elles en raison de l'important déploiement de forces de sécurité.

"Nous appelons à la poursuite des manifestations jusqu'à ce que nos demandes de réformes électorales soient satisfaites", a déclaré John Kitoka.

Le porte-parole des Nations unies pour les droits de l'homme a appelé les forces de sécurité à "s'abstenir d'utiliser une force inutile ou disproportionnée" et a exhorté les manifestants à rester pacifiques.

Depuis son entrée en fonction en 2021, Samia Suluhu Hassan a été félicitée pour avoir assoupli la répression, mais elle a plus récemment fait l'objet de critiques de la part des partis d'opposition et des militants après une série d'arrestations et d'enlèvements présumés d'opposants.

La présidente a nié les allégations de violations généralisées des droits. Elle a déclaré l'année dernière qu'elle avait ordonné une enquête sur les rapports d'enlèvements, mais aucune conclusion officielle n'a été publiée.

ÉLECTIONS QUALIFIÉES DE "FRAUDE" EN UE

Le gouvernement de Samia Suluhu Hassan a fait ses premiers commentaires concernant les troubles vendredi, au travers d'un message du ministère des Affaires étrangères adressé aux missions diplomatiques et diffusé à la télévision d'État.

Ce message indiquait qu'"en raison d'incidents isolés de violation de l'ordre public, le gouvernement a renforcé la sécurité et pris plusieurs autres mesures de précaution".

"Les mesures de sécurité mises en place sont temporaires mais nécessaires et le retour à la normale ne saurait tarder", a ajouté le ministère tanzanien.

Jeudi, la commission électorale a commencé à annoncer les résultats provisoires des élections, qui ont montré que Samia Suluhu Hassan avait obtenu une majorité écrasante dans un certain nombre de circonscriptions.

Dans une déclaration faite jeudi, le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen et deux de ses collègues ont qualifié les élections de "fraude", affirmant qu'elles "se sont déroulées dans une atmosphère de répression, d'intimidation et de peur".

(Rédigé par Vincent Mumo Nzilani et George Obulutsa ; version française Coralie Lamarque, édité par Kate Entringer)

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