LONDRES (Reuters) - La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu jeudi ses taux directeurs et annoncé son intention de ralentir le rythme de son programme de resserrement quantitatif tout en réduisant ses cessions d'obligations à long terme afin d'en minimiser l'impact sur les marchés.
Le comité de politique monétaire (MPC) de la BoE a pris cette décision par 7 voix contre deux.
La BoE veut ralentir le rythme annuel auquel elle se délestera des Gilts achetés entre 2009 et 2021, le ramenant de 100 milliards de livres à 70 milliards de livres, ce qui correspond à la prévision médiane des économistes interrogés par Reuters qui prévoyaient une réduction à 67,5 milliards de livres.
"Le nouvel objectif signifie que le comité de politique monétaire peut continuer à réduire la taille du bilan de la Banque conformément à ses objectifs de politique monétaire tout en continuant à minimiser l'impact des conditions du marché des Gilts", a déclaré le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey.
Ce ralentissement est le premier depuis que la BoE a commencé en 2022 à se délester de ses avoirs en Gilt, après avoir acheté pour 875 milliards de livres d'obligations entre 2009 et 2021 afin de stimuler l'économie.
Huw Pill, le chef économiste de la BOE, a voté pour le maintien d'un rythme annuel à 100 milliards de livres, estimant que l'impact sur les marchés était faible, tandis que Catherine Mann, membre du comité MPC, a appelé à une réduction à 62 milliards de livres.
La BoE a déclaré qu'au cours de l'année prochaine, les ventes seraient réparties à raison de 40/40/20 entre les Gilts à court, moyen et long terme sur la base du prix d'achat initial.
Les rendements des Gilts à long terme ont atteint leur plus haut niveau depuis 1998 au début du mois.
INFLATION ÉLEVÉE
La BoE a maintenu ce jeudi son principal taux directeur à 4,0%, après avoir opté pour une baisse de 25 points de base lors de la réunion d'août, conformément à une enquête Reuters auprès d'économistes, publiée la semaine dernière, qui anticipait largement une telle décision.
La BoE a maintenu sa prévision d'une inflation qui atteindrait un pic de 4,0% ce mois-ci et ne reviendrait que lentement vers l'objectif de 2% au deuxième trimestre 2027. Elle a en revanche relevé sa prévision de croissance pour le troisième trimestre de 0,3% à 0,4%.
"Même si nous nous attendons à ce que l'inflation revienne à notre objectif de 2%, nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge, de sorte que toute réduction future devra être effectuée progressivement et avec prudence", a déclaré Andrew Bailey.
Avant la décision de jeudi, la probabilité d'une nouvelle baisse des taux de la BoE cette année était d'une sur trois.
La décision de la BoE intervient au lendemain de celle de la la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a réduit ses taux directeurs d'un quart de point de pourcentage et indiqué qu'elle baisserait progressivement ses coûts d'emprunt pour le reste de l'année.
"Contrairement à la Fed, l'inflation au Royaume-Uni est suffisamment élevée pour empêcher la BoE de procéder à de nouvelles baisses de taux", souligne Michael Metcalfe, responsable de la macrostratégie chez State Street Markets.
"Et même avec des obligations d'État sous pression, la BoE a choisi de ne réduire que modestement le rythme du resserrement quantitatif, se contentant d'une légère incitation à vendre moins de ses avoirs à long terme", a-t-il ajouté.
RÉACTION MODÉRÉE DES MARCHÉS
Les obligations d'État britanniques et la livre sterling ont réagi de manière modérée à la décision de la Banque d'Angleterre, largement attendue.
Le rendement du Gilt à 10 ans est resté stable à 4,622%, quasiment inchangé par rapport au niveau où il se négociait avant la décision de la BoE, tandis que celui à 30 ans a perdu un point de base, à 5,423%.
Sur le marché des changes, la livre sterling s'est dans un premier temps raffermie avant de réduire ses gains pour passer stable, à 1,3692 dollar. Face à l'euro, la livre a également peu varié, s'échangeant à 86,72 pence.
Sur les marchés actions, l'indice boursier de référence, le FTSE 100, était en hausse de 0,1%, tandis que l'indice des valeurs moyennes, plus sensible aux taux, prenait près de 0,3%.
(Rédigé par David Milliken et Suban Abdulla, Claude Chendjou pour la version française, édité par Zhifan Liu et Blandine Hénault)
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