par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes sont attendues en baisse mardi au lendemain du fort rebond enregistré par les indices, l'incertitude politique en France, l'attente des chiffres de l'inflation américaine et des prises de bénéfice dans les nouvelles technologies étant susceptibles de peser sur les marchés.
D'après les premières indications disponibles, le CAC 40 parisien devrait perdre 0,43% à l'ouverture. Le Dax à Francfort pourrait reculer de 0,87%, tandis que le FTSE 100 à Londres devrait fléchir de 0,16%. L'indice EuroStoxx 50 est attendu repli de 0,58%.
La fébrilité observée depuis l'annonce des élections législatives anticipées en France, avec notamment dans le compartiment obligataire un écartement du "spread" entre le Bund allemand et l'OAT à dix ans, devrait se poursuivre. Le spread s'affiche mardi en hausse, à 72,35 points de base alors qu'un débat est prévu à 19h00 GMT entre Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard, les trois chefs de file des coalitions en vue du scrutin des 30 juin et 7 juillet. Il permettra de rassurer un peu ou d'inquiéter davantage sur la situation budgétaire française alors que les marchés redoutent des dépenses non financées dans les différents programmes.
En Grande-Bretagne, le dernier débat télévisé entre Rishi Sunak et Keir Starmer pour la campagne des législatives est prévu mercredi, tandis qu'aux Etats-Unis celui opposant le président sortant, Joe Biden, et son prédécesseur, Donald Trump, est attendu vendredi (jeudi soir localement).
Côté indicateurs, parmi les nombreuses statistiques de la semaine, l'indice mensuel des prix PCE aux Etats-Unis, prévu vendredi, retiendra principalement l'attention au moment où les marchés tentent de déterminer le rythme de l'assouplissement monétaire des banques centrales, notamment celui de la Fed.
"Si l'inflation s'atténue, le marché pourrait enregistrer d'importants gains (...) L'ampleur ira au-delà des actions liées à l'IA" prédit Phil Blancato, directeur général de Ladenburg Thalmann Asset Management, faisant référence à l'intelligence artificielle, une thématique porteuse depuis le début de l'année, désormais victime de prises de bénéfices.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini lundi en ordre dispersé alors que les investisseurs semblent avoir engagé une rotation de leurs portefeuilles au détriment des titres liés à l'intelligence artificielle.
Cette rotation a profité au Dow Jones, qui a clôturé à un plus haut d'un mois, mais a nui au S&P-500 et surtout au Nasdaq, plus exposés au secteur technologique.
L'indice Dow Jones a gagné 0,67% à 39.411,21 points, tandis que le S&P-500, plus large, a perdu 0,30% à 5.447,87 points et le Nasdaq Composite a cédé 1,09% à 17.496,82 points.
Après plusieurs mois de hausse vertigineuse Nvidia a perdu 6,7% à l'issue d'une troisième séance consécutive de repli, les observateurs évoquant des prises de bénéfices sur le fabricant de semi-conducteurs. D'autres valeurs du secteur de l'IA ont souffert à l'image de Taiwan Semiconductor Manufacturing, Broadcom, Marvell Technology et Qualcomm, qui ont perdu entre 3,54% et 5,73%.
Les compagnies pétrolières, au premier rang desquelles les "majors" Exxon Mobil (+2,97%) ou Chevron (+2,6%), ont brillé sur la base de prévisions positives pour la demande de pétrole cet été, qui ont fait grimper les cours du brut.
EN ASIE
A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a gagné 0,95% à 39.173,15 points, soutenu par les titres dits "value" et les valeurs exportatrices sur fond dépréciation du yen, tombé à plus bas de près de 34 ans face au dollar. Le Topix, plus large, a pris 1,72% à 2.787,37 points.
"Le Nikkei est un marché plus axé sur la 'value' et les investisseurs pourraient procéder à un rééquilibrage avec la fin du trimestre qui approche pour s'exposer aux valeurs en retrait du marché", note Charu Chanana, stratège marchés et change chez Saxo.
L'indice MSCI regroupant les valeurs d'Asie et du Pacifique (hors Japon) gagne 0,5% après trois séances consécutives de repli.
En Chine, le SSE Composite de Shanghai fléchit de 0,68% et le CSI 300 reflue de 0,77%, les indices étant tirés vers le bas par les valeurs des semi-conducteurs alors que les investisseurs attendent de nouveaux signes de reprise en Chine.
Les ventes en ligne en Chine ont par ailleurs diminué pour la première fois lors du festival annuel "Shopping 618" qui s'est achevé la semaine dernière, renforçant les inquiétudes sur la consommation chinoise.
LES VALEURS A SUIVRE EN EUROPE:
CHANGES
Le dollar recule de 0,05% face à un panier de devises de référence après ses récents gains.
L'euro grappille 0,02%, à 1,0734 dollar, tandis que la livre sterling s'échange à 1,2686 dollar (+0,06%).
Le yen s'affiche à 159,43 pour un dollar après être tombé jusqu'à 160,245 pour un dollar. Contre l'euro, la monnaie japonaise se traite à un creux de 171,49, cassant une résistance majeure. Cette faiblesse, liée aux anticipations par les cambistes d'une lente remontée des taux directeurs de la Banque du Japon (BoJ), pourrait déclencher une intervention des autorités japonaises. Yoshimasa Hayashi, le secrétaire général du cabinet du Premier ministre japonais Fumio Kishida, a déclaré mardi que les autorités surveillaient de près les mouvements des devises et réagiraient de manière appropriée à une volatilité excessive.
TAUX
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans se replie de 1,2 point de base, à 4,236%, après une baisse de deux points sur la semaine écoulée. Il est globalement stable depuis plusieurs séances faute de catalyseurs mais pourrait varier prochainement avec le premier débat prévu vendredi entre Joe Biden et Donald Trump à cinq mois de l'élection présidentielle et la publication des chiffres de l'inflation américaine.
Le rendement du Bund allemand de même échéance cède près de deux points de base, à 2,402%, au lendemain d'une hausse de 1,4 point de base.
PÉTROLE
Le marché pétrolier varie peu mardi, les investisseurs se montrant prudents à l'approche de la publication des données sur les prix aux Etats-Unis: le Brent grappille 0,02% à 86,03 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) grignote 0,04% à 81,66 dollars.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)
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