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Marché : Le 15 août 1971, Richard Nixon décide de fermer le guichet de l'or

dimanche 15 août 2021 à 12h00
Nixon annonce la fin de la convertibilité de l'or en dollar

(BFM Bourse) - Il y a un demi-siècle exactement, au terme d'une décennie d'accumulation vertigineuse de dollars dans le monde ayant induit une perte de confiance dans le billet vert, le président des Etats-Unis Richard Nixon mettait fin au système imaginé à Bretton Woods en 1944, qui avait fait du dollar la principale monnaie de réserve mondiale.

27 ans après les accords dits de Bretton Woods (du nom d'une localité du New Hampshire) qui avaient dessiné les grandes lignes du système financier international après la Seconde guerre mondiale entre les nations alliées, Richard Nixon a signé le 15 août 1971 l'arrêt de mort de ce régime général de taux de change fixes gérés sous la juridiction du FMI nouvellement créé, avec un rôle pivot accordé au dollar (Gold exchange standard).

Bref retour en arrière. La paix (presque) revenue, les Etats-Unis -craignant que les ravages de la guerre n'offrent un terreau idéal à l'expansion du communisme et du socialisme- organisent une conférence visant à mettre sur pied un système monétaire capable de fournir un cadre solide à la reconstruction et à l'expansion économique du "monde libre".

Ce système doit faire des Etats-Unis -et du dollar- les piliers de la nouvelle architecture économique, à l'instar de ce qu'étaient le Royaume-Uni et la livre sterling avant la première Guerre mondiale. Cette proposition, formulée par Harry Dexter White, l'emporta sur celle du britannique John Maynard Keynes, qui défendait de son côté l'idée d'un système monétaire mondial fondé sur une unité de réserve non-nationale, le "bancor".

Concrètement, à partir de 1944, toutes les monnaies étaient définies en dollar et seul le dollar était défini en or. Ce rattachement à l'or, sur la base de 35 dollars américains l'once, supposait que les Etats-Unis s'interdisent de laisser déraper leur budget afin de contrôler la valeur "réelle" de leur devise.

Le paradoxe de Triffin

Tout se passe bien lors des premières années, au cours desquelles la balance des paiements des Etats-Unis affiche de légers excédents, avant que les premiers déficits n'apparaissent, puis ne ne se creusent dans les années 1960 sous l'effet conjugué de la guerre du Vietnam et de la course aux étoiles avec l'URSS notamment. Si ce déficit pouvait sembler nécessaire pour alimenter le monde en moyens de paiement internationaux, cette situation contribuait par ailleurs à un affaiblissement progressif de la confiance des agents économiques étrangers envers la monnaie de référence. Dès 1960, l'économiste belge Robert Triffin avait ainsi souligné la fragilité du système de Bretton Woods, expliquant que le dollar devait satisfaire à deux nécessités contradictoires, à savoir la stabilité, puisqu’il sert d’étalon de mesure pour les monnaies et les marchandises, et l’abondance, car il constitue un moyen de règlement et un instrument de réserve. C'est le "paradoxe" ou "dilemme" de Triffin.

Cette théorie se confirma dans les années suivantes, les avoirs étrangers en dollars ayant rapidement dépassé la valeur du stock d’or américain, situation incompatible avec l’obligation pour les États-Unis de convertir à la demande des banques centrales les dollars en or - bien qu'une règle implicite voulait qu'aucun pays ne demande effectivement cette conversion et favorise la création de monnaie locale à partir des "dollars" entrants.

Le général de Gaulle brisa cet accord tacite en demandant à échanger les dollars détenus par la France contre de l'or des Etats-Unis, rapidement suivi par l'Allemagne, déjà très stricte dans sa gestion de l'inflation. Les demandes de conversion s'accumulent jusqu'à ce que les Etats-Unis, par la voix de Richard Nixon, ne soit contraint de suspendre "provisoirement" (comme il le précisa à deux reprises lors de son allocution télévisée) la convertibilité du dollar en or le 15 août 1971, ainsi qu'une taxe de 10% sur les importations, afin de rétablir la compétitivité états-unienne.

"À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les économies des principaux pays industrialisés d’Europe et d’Asie étaient détruites. Pour les relever et protéger leur liberté, les États-Unis ont fourni 143 milliards de dollars d’aides. C'était la bonne chose à faire (...) Mais, comme ils sont désormais économiquement puissants, le temps est venu qu’ils prennent leur juste part du fardeau dans la défense de la liberté du monde. Le temps est venu de rétablir l’équité des taux de change et, pour les grands pays de concourir loyalement. Rien ne justifie plus désormais que les États-Unis affrontent la concurrence avec une main attachée dans le dos" expliquait alors Richard Nixon.

Le système de Bretton Woods s'effondre définitivement en mars 1973 avec l'adoption du régime de changes flottants, puis avec les accords de la Jamaïque qui confirment officiellement en janvier 1976 l'abandon du rôle légal international de l'or.

Cinquante ans après le renoncement aux engagements de Bretton Woods, les monnaies fluctuent donc désormais au gré de l'offre et de la demande. Force est néanmoins de constater que le dollar, et l'or, conservent un statut de valeur refuge qui n'a pas (encore ?) d'équivalent...

Quentin Soubranne - ©2025 BFM Bourse
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