(BFM Bourse) - Une coalition de gestionnaires souhaite que l'aéronautique ne soit pas incluse dans la taxonomie européenne.
L'aviation est-elle soluble dans la finance verte? Oui, a priori, selon la Commission européenne. Dans le cadre de propositions destinées à développer la finance durable, Bruxelles a proposé mardi un "package" de nouvelles mesures pour renforcer le cadre légal européen.
Contacté par BFM Bourse, un porte-parole de la Commission européenne a expliqué que la Commission avait, notamment, décidé "d'inclure les activités aériennes principalement en tant qu'activités "transitoires" pour leur contribution potentielle à l'atténuation du changement climatique".
Cette mesure "souligne l'importance de décarboner le transport aérien", ajoute-t-il. L'idée globale est de définir des critères pour encourager de bonnes pratiques telles que "le développement de technologies à zéro émission ainsi que la fabrication et l'adoption d'avions de dernière génération qui remplacent les modèles antérieurs, favorisant ainsi le renouvellement de la flotte avec les meilleurs avions de leur catégorie en termes d'efficacité énergétique", explique ce porte-parole dans un courriel. Ils favorisent également une utilisation accrue des carburants aéronautiques durables.
Une adoption attendue l'année prochaine
Ainsi, l'aviation serait incluse dans la taxonomie européenne, c'est-à-dire la nomenclature bruxelloise visait à orienter les financements vers les activités jugées "durables".
L'ensemble des propositions de la Commission européenne vont faire l'objet de retours avant soumission pour un examen approfondi auprès du Parlement européen et du Conseil européen. Avant une adoption attendue en janvier 2024.
Ce qui n'est pas du goût d'une association appelée "Acteurs de la Finance Responsable" qui a initié en France une coalition de gestionnaire d'actifs afin de demander officiellement à la Commission Européenne de retirer le secteur de l‘aviation de la taxonomie, "sous peine de porter gravement atteinte à la crédibilité de cet outil de la finance durable". Selon ce collectif les gestionnaires d'actifs ayant rejoint la coalition représentent 280 milliards d'euros d'encours sous gestion.
Dans un courrier, cette coalition avance que des avions propulsés par des énergies fossiles ne peuvent pas "apporter une contribution substantielle" à la lutte en faveur du climat. "Le collectif reconnaît la nécessité pour le secteur aéronautique de s'adapter et de se transformer. Cependant, il est important pour nous que la taxonomie reste un outil positif permettant d'orienter les capitaux vers des activités économiques qui sont pleinement compatibles avec l'engagement de l'Union européenne en faveur de la neutralité climatique d'ici 2050", écrit-elle.
"Plus important encore, la non-inclusion du secteur de l'aviation dans la taxonomie n'équivaut pas à une interdiction de financement. La taxonomie est un outil spécifique permettant d'identifier et de classer les activités économiques compatibles avec les objectifs climatiques et environnementaux. Elle n'impose pas aux entreprises l'obligation d'investir exclusivement dans ces activités", poursuit-elle.
Parmi les membres de cette coalition figurent des gestionnaires d'actifs bien connu de la place parisienne, comme par exemple La Financière de l'échiquier ou Mirova.