(BFM Bourse) - Ekrem Imamoglu a été arrêté la semaine la semaine dernière avant d'être incarcéré dimanche sur des soupçons de "corruption". Principal opposant au président Recep Tayyip Erdogan, cet homme politique est très populaire et son incarcération a déclenché une vague de contestation dans le pays. Depuis son arrestation, la Bourse d'Istanbul perd plus de 13%. Au point que les autorités boursières ont interdit la vente à découvert ce lundi.
La Turquie fait face, depuis quelques jours, à une vague de protestations inédite depuis plus de dix ans. Des centaines de milliers de manifestants ont fait part de leur colère à la suite de l'arrestation, le 19 mars dernier, de l'ex-maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu.
Ce dernier est l'un des hommes politiques les plus populaires du pays et constitue le principal rival du président actuel, Recep Tayyip Erdogan.
Après avoir été interpellé mercredi, Ekrem Imamoglu a été conduit devant un tribunal samedi avant d'être incarcéré dimanche, accusé de "corruption". Démis de ses fonctions d'édile d'Istanbul par la même occasion , l'homme politique conteste cette accusation dénonçant "une exécution sans procès". Son parti, le CHP, des sociaux-démocrates, a parlé d'un "coup d'État politique".
Alors qu'Ekrem Imamoglu a passé sa première nuit en prison, de dimanche à lundi, le CHR l'a désigné comme candidat à l'élection présidentielle turque.
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La vente à découvert interdite
Ces tensions n'ont pas été sans incidence pour les marchés financiers turcs. Certes, la Bourse d'Istanbul évolue dans le vert ce lundi matin et son principal indice, l'ISE-100, prend encore 1,35% vers 11h55, après avoir gagné plus de 2% dans la matinée. Mais cette progression doit être nuancée.
Comme le rapporte Bloomberg, le régulateur turc des marchés financiers a, dimanche interdit la vente à découvert, une technique qui consiste à vendre un titre que l'on ne possède pas en empruntant ce même titre et a relâché les restrictions sur les rachats d'actions. Ces deux mesures doivent aider à stabiliser des marchés financiers en souffrance.
Car depuis le 19 mars et l'interpellation d'Ekrem Imamoglu, la Bourse d'Istanbul a chuté, les investisseurs n'appréciant guère, par essence, l'incertitude politique. L'ISE-100 dévisse de plus de 13,6% depuis cette date, plongeon qui avait atteint 16,2% à la clôture de vendredi.
Selon Reuters, l'indice avait accusé sa plus forte baisse hebdomadaire depuis octobre 2008, durant la grande crise financière. Le 19 mars, la livre turque a chuté de plus de 10% face au dollar avant de limiter ses pertes à 4,8%.
Pour Capital Economics, les investisseurs ont été "effrayés" par les évènements politiques, et les interventions du ministre des Finances, Mehmet Simsek, qui qualifié les "fluctuations de marché de "temporaires", n'ont pas totalement suffi à rassurer les marchés.
"L'ampleur de ces mouvements (sur les marchés, NDLR) reflète probablement la crainte que les (informations sur la situation politique) ne marquent la fin de la transition de la Turquie vers une politique économique orthodoxe après les élections de mai 2023", souligne Capital Economics.
"Ce changement avait étayé le sentiment optimiste des investisseurs quant aux perspectives de l'économie turque et (…) a attiré des flux de capitaux vers la Turquie", rappelle le think tank de marché.