(BFM Bourse) - La part des grandes sociétés françaises cotées qui ont recours à l’actionnariat salarié sur les cinq dernières années est en chute libre.
L'actionnariat salarié est en déclin dans l'Hexagone. Non pas en nombre d'opérations ou au niveau des montants en jeu mais la part des salariés concernés est en chute libre.
Certes, parmi les 120 plus grandes entreprises cotées de France, 32 ont eu recours à des opérations d’actionnariat salarié en 2017 (dont 29 augmentations de capital et trois via des cessions d’actifs). C'est légèrement moins qu’en 2016 (35 opérations, un record) mais toujours plus que la moyenne annuelle de 30 opérations depuis 2007, selon les chiffres du cabinet d’études Eres publiés mercredi par Les Echos. Moins nombreuses en 2017 qu'en 2016, ces opérations ont en revanche porté sur un montant record : 2,7 milliards d’euros, contre une moyenne de 2 milliards d’euros par an depuis 2012.
Et 2018, avec 26 opérations déjà annoncées à la fin juin (contre 19 à la même époque l’année dernière) s’annonce déjà comme "un grand cru pour l’actionnariat salarié", selon Olivier de Fontenay, associé fondateur d’Eres et auteur de l’étude. Si les montants levés battent des records, le montant moyen par opération n’est pas en reste, à 101 millions d’euros, contre un peu moins de 80 millions d’euros par opération en moyenne depuis 2012.
Baisse drastique des attributions d'actions gratuites
Ces bons chiffres masquent cependant le recul de ce dispositif dans l’Hexagone. La Fédération européenne de l’actionnariat salarié vient de publier ses chiffres qui concernent 272 entreprises françaises cotées et le résultat est sans appel. Entre 2013 et 2017, la part de ces sociétés qui ont mis en place un tel dispositif a chuté de 82% à 73,5%. Le Royaume-Uni a même ravi à la France la première place dans ce domaine. Deux éléments peuvent expliquer cette tendance : la baisse drastique du nombre de plans d’attribution d’actions gratuites (en raison d’une fiscalité qui s’est durcie ces dernières années) et une baisse du taux de souscription du fait d’une générosité moindre qu’avant de la part des entreprises, notamment en matière d’abondement.
Le part des salariés actionnaires (rapportée au nombre total de salariés) du SBF 120 plonge, passant de 50% en 2011 à 39% en 2017. Ce taux de démocratisation recule encore à 34% au cours des six premiers mois de l'année.
Pour redynamiser l’actionnariat salarié, notamment dans les PME, le gouvernement compte sur la future loi Pacte (pour "plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises"). Celle-ci prévoit comme objectif, entre autres, que 10% du capital des entreprises soit à terme détenu par des salariés actionnaires. Plusieurs amendements de ce projet de loi ont d’ailleurs été adoptés dont l’amélioration du FCPE (fonds commun de placement d'entreprise) de reprise pour faciliter la reprise d’une entreprise par ses salariés. Autre mesure adoptée pour favoriser l'actionnariat salarié : la baisse du forfait social sur l'abondement à 10% au lieu de 20% aujourd'hui, ou encore la possibilité d'abondement unilatéral d'un employeur sans versement du salarié.