(BFM Bourse) - La variation depuis le 1er janvier du Russell2000, l'indice phare des "midcaps" américaines a basculé dans le rouge. La faute notamment à la remontée des taux d'intérêt.
Par temps de tempête, les navires les moins grands ont tendance à chavirer bien plus facilement. C'est aussi le cas en Bourse. Et les Etats-Unis n'échappent pas à la règle. Comme l'ont repéré plusieurs spécialistes de marché, dont John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud, le Russell 2000 a re-basculé en territoire négatif.
Pour rappel, le Russell 2000 est un indice de référence pour les moyennes voire petites capitalisations de Wall Street. Son pensionnaire avec le plus fort poids en Bourse, le groupe informatique Super Micro Computer, n'affiche une capitalisation "que" de 14,51 milliards de dollars, ce qui est relativement faible pour une entreprise cotée sur les marchés américains.
D'après la fiche signalétique de l'indice, la capitalisation moyenne des quelque 2000 valeurs composant cet indice ne s'établit qu'à 2,98 milliards de dollars avec une médiane à 922 millions. Cet indice évolue en baisse de 0,25% depuis le début de l'année, et a perdu 6,5% sur un mois. En comparaison le S&P 500 progresse lui de 11,7% sur l'ensemble de l'année.
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"Les sept magnifiques"
Mais deux explications viennent nuancer ce propos. Tout d'abord la hausse relativement satisfaisante du S&P 500, comme nous l'avons écrit à plusieurs reprises, n'est portée en réalité que par une poignée de titres dont plusieurs ont bénéficié de l'engouement du marché autour de l'intelligence artificielle (IA) générative.
C'est le cas de Microsoft (+34,2% sur 2023) et surtout de Nvidia (+206%). Dans une moindre mesure Tesla (+104%) aussi, notamment grâce à Morgan Stanley qui a récemment vu dans son supercalculateur "Dojo" un gisement de croissance qui pourrait bouleverser le modèle économique de Tesla, comme Amazon Web Services l'a fait avec Amazon.
Ainsi sept actions (Amazon, Apple, Tesla, Microsoft, Nvidia, Meta, Alphabet) portent l'indice. Pour retraiter leur poids, il convient de regarder le S&P 500 Equal Weight, où chaque action de l'indice a une pondération égale et non pas proportionnelle à sa capitalisation boursière. Cet indice affiche un recul de 0,8% sur l'ensemble de 2023.
Autrement dit, les petites et moyennes capitalisations américaines ne sous-performent pas tant que cela le S&P 500 en excluant les valeurs que l'on surnomme désormais les "magnificient seven" ("les sept magnifiques").
Une conjoncture difficile
La deuxième explication provient de la hausse des taux d'intérêt qui malmène plus fortement les sociétés de plus petites tailles, car celles-ci possèdent théoriquement moins d'options pour se financer.
"Depuis le début de la hausse des taux, une proportion record d'une entreprise sur trois perd de l'argent sur le Russell 2000 contre environ une sur 20 pour le S&P 500", a observé Bank of America dans une note publiée la semaine dernière. Pour l'anecdote, Bank of America remarque également que la capitalisation boursière d'Apple a désormais et pour la première fois dépassé la totalité de celle du Russell 2000.
A titre de comparaison, en France, le CAC Mid&Small sous-performe aussi le CAC 40, reculant de 3,5% sur l'ensemble de 2023 quand l'indice phare de la Bourse de Paris avance de 9% sur la même période.
"Dès que la conjoncture se dégrade, le marché revient sur les grandes valeurs. Le Covid, l'inflation, tous ces éléments plombent les petites et moyennes capitalisations car ces sociétés souffrent, en moyenne, plus que les grandes lorsque l'économie perd en vitesse", nous expliquait en mai dernier Pascal Quiry, professeur de finance à HEC et co-auteur de la lettre d'informations boursières Vernimmen.
Un constat qui vaut également, donc, pour les groupes américains…
